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36eme Forum Crans Montana I Le chef de l’Etat reconnait une fragilité des systèmes démocratiques en Afrique

36eme Forum Crans Montana I Le chef de l’Etat reconnait une fragilité des systèmes démocratiques en Afrique

Politique | -   A.S. Kemba

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Devant un parterre de délégués d’Ong et d’institutions internationales, Azali Assoumani estime que les systèmes démocratiques en Afrique se heurtent à des défis nouveaux qui doivent interpeller l’ensemble des acteurs. Il a notamment appelé au renforcement des capacités des sociétés civiles africaines et des autres instruments de contre-pouvoir comme la justice et les médias, pour mieux consolider les règles du jeu démocratique dans le continent.

 

Le président de la République a pris la parole hier à Bruxelles au deuxième jour du 36eme Forum Crans Montana qui a réuni, dans la capitale belge, plus de 170 décideurs et délégués d’organisations internationales. Azali Assoumani est intervenu dans un panel, axé sur l’état de la démocratie en Afrique et les réponses à apporter pour assurer son sens et sa viabilité.

Des mesures à la hauteur de notre temps

Dans son intervention, le chef de l’Etat a reconnu «des progrès encourageants» dans la concrétisation de l’idéal démocratique en Afrique mais estime encore, que des mesures à la hauteur de notre temps sont nécessaires pour mieux sanctuariser la démocratie dans les microcosmes politiques en Afrique. «La tendance générale reste mitigée pour les systèmes démocratiques qui ont aujourd’hui besoin de réponses dignes du vingt-et-unième siècle», a-t-il déclaré, précisant que les défis démocratiques «interpellent tous les acteurs institutionnels et privés et nécessitent donc des réponses concrètes et novatrices de notre part».


L’ancien président de l’Union africaine a dénoncé au passage, les crises diverses qui ralentissent les efforts de stabilisation, de démocratisation des pays et de développement de leurs économies. «Les démocraties et l’arène politique sont aujourd’hui confrontées à la violence extrême et à la fragilisation du leadership avec, en arrière-plan, les crises sanitaires et sécuritaires, les problèmes liés aux changements climatiques et les guerres telles que celle qui se déroulent à Gaza et en Ukraine, avec les bouleversements géopolitiques qui en découlent», a-t-il illustré.


Le président note aussi des phénomènes qui se greffent à certaines réalités et qui empêchent la jouissance effective de ce système partagé, pointant du doigt des fragilités propres aux sociétés africaines. «La plupart des pays en développement qui ont des systèmes démocratiques plus fragiles et moins développés, font face quant à eux, à des pressions exogènes, à une recrudescence des changements anticonstitutionnels et à de fortes remises en cause des systèmes élus démocratiquement», a-t-il souligné.

Renforcer les capacités des sociétés civiles africaines

En guise de réponse, Azali Assoumani a appelé à un renforcement des capacités des sociétés civiles africaines et des autres instruments de contre-pouvoir, comme la justice et les médias, pour mieux consolider les règles du jeu démocratique au sein du continent. «Il nous faut encourager une participation active des citoyens dans le processus politique et améliorer l’accès à l’information en renforçant les médias indépendants et en luttant contre la désinformation», a-t-il plaidé, demandant également «la promotion de la paix durable, une meilleure gouvernance mondiale, la tenue des engagements financiers surtout de la part des grandes puissances».

Le chef de l’Etat se dit convaincu que «des solutions innovantes existent, pour rénover et consolider la démocratie» mais, ajoute-t-il, «il nous faut également renforcer les institutions démocratiques à travers l’indépendance de la justice, des élections libres et démocratiques, et le rôle des parlements dans le processus de prise de décision». Azali Assoumani veut «des solutions africaines aux problèmes africains».

Améliorer les conditions de vie

Il a cité «l’Agenda 2063 de l’Union Africaine», qui demeure un outil susceptible d’accompagner les actions «pour répondre aux aspirations légitimes de la population du continent» dans tous les volets, y compris la promotion de la culture démocratique. Pour lui, l’amélioration de la qualité des services publics, la lutte contre la pauvreté et l’implication des acteurs politiques, sont essentiels à la promotion des systèmes démocratiques. «Il nous faut en outre consolider la gouvernance locale, améliorer la représentativité des différents courants politiques et des minorités et réduire les inégalités sociales et économiques qui constituent souvent un terreau fertile pour la montée de l’extrémisme», a-t-il souligné.

 

Dans cette même lancée, le président cible des institutions fortes et l’amélioration des conditions de vie des populations comme d’autres préalables à la consolidation des règles démocratiques. «Il faudra en premier lieu, faire taire les armes et éliminer tous les conflits sur le continent, car c’est à travers la stabilité de nos États et de nos institutions, que nous parviendrons à garantir le développement socio-économique, la prospérité et le bien-être de nos populations», ajoute Azali Assoumani, qui poursuit que «l’avenir de la démocratie est intiment lié à l’éducation des générations présentes et futures, à la consolidation de la paix, de la stabilité et de la sécurité et à la promotion de la croissance économique»

 

"A Bruxelles, le chef de l'Etat appelé à un renforcement des capacités des sociétés civiles africaines et des autres instruments de contre-pouvoir, la justice et les médias, pour mieux consolider les règles du jeu démocratique au sein du continent".

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