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36ème sommet de l’UA I Les Comores assurent pour 12 mois la présidence de l’Union africaine

36ème sommet de l’UA I Les Comores assurent pour 12 mois la présidence de l’Union africaine

Politique | -   Abdou Moustoifa

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Le président sénégalais, Macky Sall, a passé la main à Azali Assoumani qui dirigera l’institution panafricaine pendant un an. Climat, autosuffisance alimentaire, sécurité, voilà entre autres les principaux points du programme dévoilés par le chef de l’Etat comorien. En 2024, le fauteuil reviendra à l’Afrique du Nord.

 

C’est fait. Azali Assoumani a officiellement été investi depuis ce samedi 18 février, président de l’Union africaine pour un mandat d’un an. Le chef de l’Etat comorien, arrivé à Addis-Abeba depuis mercredi, devient désormais le 21ème président de l’organisation continental. Il succède ainsi à son homologue sénégalais à la tête de l’institution depuis février 2022. La passation avec Macky Sall a eu lieu à Addis-Abeba, lors de la conférence annuelle des chefs d’État et de gouvernement qui prendra fin dimanche.

Traditionnellement, l’assemblée découvre à l’occasion les noms des pays qui accompagnent le nouveau président. Selon le Doyen du Comité des représentants permanents et du corps diplomatique (Corep), cette année, le bureau sera composé comme suit : Le Botswana au nom de l’Afrique australe hérite de la 2ème vice-présidence, le Burundi, la 3ème vice-présidence au nom du centre et Macky Sall (Afrique de l’Ouest), président sortant, apportera sa contribution en tant que rapporteur. Le poste jusque-là laissé vacant est la 1ère vice-présidence qui revient à l’Afrique du Nord.

Pendant son discours, l’ambassadeur comorien auprès de l’Ua, Assoumani Youssouf Mondoha, a indiqué que des tractations se poursuivaient. Normalement, le siège devait revenir à la Libye mais en raison de sa situation sécuritaire et politique, le pays a lâché prise. C’est à ce moment-là que l’Algérie et le Maroc se sont positionnés sans pour autant parvenir à un consensus. Et l’entrée en lice de l’Égypte n’a pas du tout permis de dénouer la crise. Certains spécialistes pensent même que le nouveau bureau de l’Union africaine va probablement fonctionner avec un membre de moins.

 Zlecaf

 Un vide qui n’empêchera pas la nouvelle équipe de mener à bien ses reformes. Cette année, le thème choisi est l’accélération de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Entré en vigueur depuis 2021, l’accord n’est toujours pas devenu opérationnel, pour différentes raisons. Sur 55 États, seuls 46 l’ont ratifié, y compris les Comores.  "Pour que la Zlecaf soit effective, et pour qu’il y ait croissance durable, sur notre continent, nous devons y asseoir une réelle stabilité politique ce qui nous oriente vers 3 thèmes de solution, la paix, la sécurité, le changement climatique et l’autosuffisance alimentaire", a insisté, le nouveau président de l’Union africaine dont les défis à relever sont nombreux.

Parmi eux, la résolution des conflits internes, identifiés un peu partout et qui ont causé en soixante ans d’indépendance, 5 millions de victimes : Somalie, Sahel, guerre à l’Est de la RDC. Même si ces dernières années, les efforts consentis par les instances africaines ont permis d’en résoudre quelques-uns à l’instar de la guerre qui opposait le gouvernement fédéral d’Éthiopie et le Front de libération du peuple du Tigré (Tplf). Une réconciliation qui montre que la paix est possible a soutenu, Macky Sall. Pour pérenniser ces résultats, Azali Assoumani, entend soutenir le Conseil de paix et sécurité en faveur de la prévention des conflits et en appuyant les processus d’interposition des forces panafricanistes déployées sur le terrain. Ce principal organe chargé du règlement des conflits, a déjà infligé des sanctions aux pays qui ont connu des coups d’Etat, à l’instar du Mali ou encore du Burkina Faso.

 

Malheureusement, a noté, le président de la Commission de l’Union africaine, celles-ci n’ont pas apporté les résultats escomptés. "Ces États se battent seuls dans l’indifférence générale contre le terrorisme. Où est passée la fraternité africaine ?", s’interroge Moussa Faki Mahmat qui appelle à une réforme du conseil de paix. Sur le plan diplomatique, le dirigeant comorien a promis de poursuivre les chantiers lancés par son prédécesseur lequel a fait avancer significativement le processus d’adhésion de l’Ua en tant que membre du G20. Une candidature déjà soutenue par 10 des 20 membres du cartel. "Je me ferai aussi le relais du milliard deux cent millions d’africains que nous sommes pour plaider en faveur de notre continent à siéger de façon permanente au conseil de sécurité des Nations Unies", s’est-il engagé. 

La dette

 Pendant son discours de prise de fonction, le nouveau président de l’Union africaine, est revenu aussi sur l’un des freins qui retardent la croissance économique du continent, (elle était à 3% en 2022), notamment la question de la dette. Près de 22 États africains sont aujourd’hui, selon la Banque Mondiale, en détresse.  " Pour une viabilité de la dette africaine, nous exhortons la mise en place d’un cadre commun de règlement de celle-ci. Nous plaidons pour une annulation totale de la dette africaine pour permettre à une relance de l’économie post Covid et de faire face aux impacts négatifs de la crise en Ukraine", a lancé Azali Assoumani en enfilant le costume de 21ème président de l’UA, depuis sa création en 2002.

 

Antonio Guterres, présent à la cérémonie, a d’ailleurs reconnu lors de son allocution que l’architecture des institutions de Breton Woods ne favorisait pas les pays du sud. Le secrétaire général des Nations Unies s’est d’ailleurs entretenu avec Azali Assoumani à la veille de son investiture et a exprimé la disponibilité de l’Onu à soutenir la présidence des Comores. Après plus de 11 mois de bataille diplomatique, Moroni, soutenu par les pays de l’Afrique de l’Est où échoit la présidence tournante de l’exercice 2023 a hérité du fauteuil.

En plus de la sécurité, la présidence comorienne se penchera sur les questions climatiques, l’autosuffisance alimentaire, entre autres. "Il n’est pas normal que l’Afrique soit largement tributaire des importations en dépit des richesses naturelles et humaines qu’elle regorge", a interpellé le chef de l’Ua qui encourage les pays à s’approprier de la souveraineté alimentaire. 

 

 

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