Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a eu une intense activité diplomatique à Addis-Abeba à l’occasion du 38e sommet de l’Union africaine qui a pris fin techniquement lundi 17 février. La rencontre ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement des 15 et 16 février a été largement dominée par l’élection du Djiboutien Mahamoud Youssouf Ali à la tête de la Commission et le conflit en République démocratique du Congo (Rdc) occupée à l’Est par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. La guerre au Soudan n’était pas sans reste à cause de la crise humanitaire sans précèdent qui s’aggrave dans ce pays depuis deux ans.
La paix et la sécurité en Afrique
Le président de la République, aux côtés de son ministre des Affaires étrangères, Mbae Mohamed, a eu un échange avec le premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, au cours duquel ils ont discuté de la coopération et des sujets d’intérêt commun. Le chef de l’Etat a rencontré le patron de la Bad, Adesina Akinwumi avec qui ils ont évoqué de nombreux projets engagés et en cours de conception au profit du pays. Azali Assoumani, au cours des séances plénières, a réitéré ses appels à la paix, demandé à ses pairs du continent à promouvoir la solidarité et à éviter que l’Afrique devienne un terrain de jeu des grandes puissances. «Nous devons resserrer nos rangs pour que notre continent ne devienne pas un Les théâtre sanglant au profit d’intérêts extérieurs», a-t-il souligné au cours d’une séance de restitution d’un rapport dédié à la paix et la sécurité en Afrique.
Saluant le travail des groupes techniques de l’Union africaine, Azali Assoumani a encore une fois appelé à imaginer des concepts adaptés aux réalités africaines pour résorber les conflits afin d’assoir la stabilité des pays sans quoi les Etats vont se heurter inéluctablement à des situations complexes qui compromettront le développement socio-économique. «La paix et la sécurité sur notre Continent, en effet, restent des défis majeurs pour nos pays, en ce sens que l’Afrique que nous voulons, stable et prospère, restera une chimère tant que ces deux impératifs ne seront pas remplis», a-t-il prévenu.
Pour Azali Assoumani «les guerres ouvertes et les vives tensions qui opposent les pays de notre continent, sur lesquelles se greffent les menaces terroristes, doivent nous mobiliser sans attendre, avant qu’il ne soit trop tard », ajoutant que « les différents organes de notre organisation dédiés à la prévention, et dans certaines situations, à des interventions, doivent être renforcés à tous les égards, en les dotant des moyens nécessaires pour qu’ils soient plus réactifs et opérationnels ».
L’occupation illégale de Mayotte
Au cours d’un débat général portant sur le thème «Justice pour les Africains et les peuples d’ascendance africaine par le biais des réparations» dirigé par le président de la République du Ghana, John Mahama, le chef de l’Etat s’est fait le porte-voix des peuples opprimés depuis des siècles et ceux qui continuent à subir les pires formes de colonisation, citant en particulier la Palestine, et d’autres qui vivent l’occupation d’une partie de leur territoire comme les Comores.
«Nous avons subi les affres non seulement de l’esclavage, mais aussi de la traite négrière et du colonialisme. Nous avons enduré tant de souffrances, d’injustices et d’humiliations. Nous ne pouvons pas rayer d’un trait de plume ce chapitre sombre de notre histoire», a souligné Azali Assoumani qui a appelé à un grand réveil car, dit-il, «il nous revient d’honorer la mémoire de ceux qui ont résisté à ces crimes abominables, se sont battus et sont morts pour notre liberté».
Parlant « d’un devoir moral» d’honorer la mémoire de ceux qui ont mené les luttes contre la domination des peuples, Azali Assoumani, appelle les Africains à «refuser d’être les témoins des complices, passifs pour ceux qui ne dénoncent rien ou actifs pour ceux qui appuient financièrement et militairement les mêmes crimes qui se déroulent sous nos yeux, en 2025», faisant toujours allusion «aux atrocités commises contre des milliers d’innocents » en Palestine (Lire page 2). «Nous devons tout à la fois, condamner fermement le génocide à Gaza et refuser de toute notre capacité, toute tentative de déportation du peuple palestinien», a dit Azali Assoumani qui a rappelé la position des Comores sur ce conflit qui dure depuis plus de 70 ans.
«L’Union des Comores réitère son attachement à l’édification d’un Etat palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale, vivant en paix et en sécurité, aux côtés de l’Etat d’Israël » afin de permettre à la Palestine « soumis à un blocus général et privé depuis plus de 70, puisse jouir de ses droits les plus élémentaires, notamment celui du droit à la vie tout court sur sa propre terre », a insisté le chef de l’Etat comorien.Pour Azali Assoumani, «aucune somme d’argent, aussi faramineuse soit-elle, ne peut réparer les dommages causés par le colonialisme et la traite négrière» mais que «les réparations de ces atrocités constituent une étape nécessaire vers la Vérité et la réconciliation, si chères à notre très regretté Feu Nelson Mandela ». À l’entendre, «ces réparations doivent surtout servir à résorber les disparités actuelles en matière d’éducation, de santé, d’opportunités économiques et de justice sociale ».
Appels au cessez-le feu en Rdc
Enfin, le président de la République, dans ce même registre, est revenu sur «l’occupation illégale» de l’île comorienne de Mayotte, rappelant que son pays « n’a toujours pas recouvré sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire » depuis 1975. «Malgré nos appels au dialogue, la France continue d’administrer l’ile comorienne de Mayotte et ce, en violation du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies», a indiqué Azali Assoumani.
Le chef de l’Etat dit souhaiter que l’année 2025 soit «une année d’action et de mobilisation» avec comme objectif de «travailler pour élaborer un plan de réparation complet, qui traite des impacts économiques, culturels et sociaux des injustices historiques», appelant à poursuivre la lutte pour «la justice, l’égalité et les réparations» en Afrique plus particulièrement et ce dans le but de renforcer «notre quête d’un monde plus juste et équitable».
Le 38e sommet, marqué par les adieux de Moussa Faki Mahamat qui a dirigé le continent pendant huit ans, a entériné diverses résolutions visant à renforcer les actions des différentes structures comme l’Agence africaine des médicaments (Ama), le secrétariat général de la Zlecaf, la transformation du Nepad en agence de développement de l’Union africaine ou encore la mobilisation de «400 millions de dollars» pour alimenter «le Fonds de la paix» en Afrique. Des appels au cessez-le-feu en République démocratique du Congo (Rdc) ont été lancés par l’Union africaine sans condamnation claire du Rwanda.