Le 24 avril prochain se tiendra à Madagascar le 5e sommet de la Commission de l’Océan indien (Coi), marquant 40 ans de coopération régionale. Ce sommet réunira les chefs d’État et de gouvernement des pays membres autour de thèmes essentiels comme la sécurité et la souveraineté alimentaires, les perspectives stratégiques et l’intégration régionale.Pour l’Union des Comores, les enjeux sont particulièrement importants, car elle assurera la présidence de la Coi pendant une année. Selon Fatima Alfeine, présidente du Comité des officiers permanents de liaison (Opl) de la Coi, « le sommet se concentrera sur le thème de la sécurité et souveraineté alimentaires pour le développement du marché de l’Indianocéanie ». Elle y voit une occasion pour les Comores de partager leurs expériences et d’aborder les défis communs dans ce domaine.
Au-delà de la sécurité alimentaire, la coopération régionale sera au cœur des discussions. «La Coi vise à renforcer la coopération régionale entre les pays membres, notamment sur des questions telles que la gestion durable des écosystèmes marins et côtiers, la sécurité maritime et la santé publique», a précisé Fatima Alfeine.
Développer une coopération réelle
L’aspect économique n’est pas en reste, avec la volonté affichée des Comores de promouvoir les échanges commerciaux et de développer leur coopération avec les autres États membres.La présidence comorienne représente aussi un levier diplomatique. « En occupant la présidence de la Coi pendant un an, les Comores auront l’occasion de renforcer leur position au sein de l’organisation et de promouvoir leurs intérêts nationaux », a insisté la diplomate. Elle a rappelé que les Comores dirigeront les travaux du Conseil des ministres et représenteront la Coi auprès des organisations internationales. Un sujet sensible persiste toutefois : le projet d’intégration de Mayotte à la Coi. Fatima Alfeine est catégorique : « L’intégration de Mayotte à la Coi est une question qui ne peut être traitée que dans le cadre de son appartenance à l’archipel des Comores ». Une position partagée par Rafsandjani Mohamed, président du parti Ushe, qui appelle à la vigilance.
Pour lui, « nous devons rester attentifs et vigilants, car il est vrai que cette question n’est pas expressément inscrite à l’ordre du jour du sommet. Il faut donc être prêts à réagir ». Il estime que les Comores doivent « s’y opposer fermement, défendre notre intégrité territoriale. Et s’il s’avérait que l’on ne puisse pas compter sur le soutien des autres États membres, parce qu’ils seraient prêts à accepter une telle adhésion, nous devrions nous réserver le droit de dénoncer le traité constitutif », a déclaré le juriste. Ce dernier va plus loin en suggérant qu’après quarante ans, il est peut-être temps « d’évaluer de manière pragmatique les coûts et les avantages de notre participation à cette organisation, tant sur le plan économique que social, pour le pays et surtout pour le peuple ».Pour Hamada Madi Bolero, conseiller diplomatique du président Azali Assoumani et ancien secrétaire général de la Coi, l’intégration de Mayotte est juridiquement impossible. « Mayotte est déjà membre à travers l’Union des Comores. […] C’est comme si Mwali demandait d’adhérer à la Coi. Donc ça ne marchera pas. C’est impossible», affirme-t-il, ajoutant : «Mayotte n’est pas un pays, c’est une île des Comores».