logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Abidhar Abdallah, démissionnaire de la présidence du parti Radhi : «Je ne me sens pas capable de retourner ma veste, après notre échec aux élections

Abidhar Abdallah, démissionnaire de la présidence du parti Radhi : «Je ne me sens pas capable de retourner ma veste, après notre échec aux élections

Politique | -

image article une
Le président du parti Radhi vient de remettre sa démission. A la demande d’Al-watwan, il a accepté de revenir sur cette décision et de répondre à d’autres questions encore.

 


Pourquoi avez-vous démissionné de la présidence du Radhi et décidé ensuite de quitter le parti ?


Les raisons sont multiples, mais si je devais les résumer ; elles sont au nombre de trois. Tout d’abord, je voulais retrouver toute ma liberté d’action. Et puis, je ne veux aucunement être une entrave par rapport à ce qui est en train de se faire.

Vous savez, j’étais le seul leader du Radhi à être contre toute forme de rapprochement d’avec le pouvoir en place. Et enfin, en trois ans d’existence de notre parti, j’ai remarqué une absence criante de propositions face aux enjeux du pays et aux multiples besoins du pays.

 


Pourquoi êtes-vous contre toute idée de rapprochement avec le pouvoir en place ?


Je ne me sens aucunement capable de retourner ma veste après l’échec des dernières élections.  Nous avions un programme, des idées, la population a néanmoins fait son choix.

Ce qui veut dire que nos idées n’ont pas remporté l’adhésion de cette même population. Je ne suis prêt à humilier la population dans le choix qu’il a effectué en optant pour Azali Assoumani.

 


Le congrès du Radhi aura lieu le 25 mai prochain, n’était-ce pas l’endroit idéal pour exposer vos divergences, surtout que l’on dit que vous n’aviez aucune chance d’être réélu président et que votre départ n’était rien d’autre  qu’une fuite en avant ?


Ces propos n’engagent  que ceux qui les tiennent. Pour ma part, il m’est impossible de continuer à évoluer dans un parti politique où les règles sont changeantes. Je peux vous donner un exemple, tout simple. Le congrès aurait dû être organisé en s’appuyant sur nos statuts, ce qui n’est pas le cas.

En vérité, dans le Radhi, les règles sont fonction de l’humeur des uns et des autres, tout simplement. Et puis, je sens que le parti est remis en question à cause de certains comportements qui y prévalent.

 


Quels comportements ?


(Minute d’hésitation). Comme cette propension qu’ont certains à ignorer les règles et à les remplacer par leur propre volonté.

 


Avez-vous des membres du Radhi qui soutiennent votre position et qui seraient susceptibles de vous suivre ?


 Je ne pense pas être seul. Par contre, je ne peux avancer l’idée selon laquelle nombreux ou peu sont ceux qui me suivront. Néanmoins, il y a beaucoup de personnes qui critiquent la manière dont est géré le parti, qui perd du coup ses éléments fédérateurs.

 


Abandonnez vous la politique, comptez-vous créer un parti politique ou comptez-vous rejoindre un autre parti ?  


Je ne compte pas abandonner la politique, car je considère que cela équivaudrait à une trahison à l’endroit de mon pays. Je n’envisage pas non plus de créer un parti politique. Je prendrai du recul afin d’avoir le temps de définir ma vision.

Une vision qui sera susceptible d’être partagée par le plus grand nombre. Eh oui, je me dois d’être aux côtés de ceux qui se sentent rejetés. Je serai un opposant au régime actuel ; un opposant constructif et non systématique.

 


Dans votre lettre de démission, vous parlez de fusion inavouée du Radhi et du Gnec-rénové ; que reprochez vous à cette fusion ?


Il faut que vous sachiez une chose. Je ne reproche rien aux Bacaristes. C’est la méthode qui a été utilisée pour cette fusion qui est contestable. Je fais même partie de ceux qui ont initié cette démarche.

Mais, pour moi, il aurait fallu que tout cela émane du congrès. Une fusion devrait être une décision du parti.

 


Mais vous dites vous-même que vous faites partie  des initiateurs, vous n’avez donc pas attendu la décision du congrès…


Comme prévu par les statuts,  pour ce cas de figure, on peut initier les démarches, aplanir les angles, dégager un consensus et attendre que le congrès se tienne pour faire passer une résolution et l’y faire valider et cela ne s’est pas passé comme cela.

 


Quel bilan dressez vous du régime en place à quelques jours de son premier anniversaire ?


C’est un bilan mitigé avec un lourd passif. Cela va faire deux mois que les enseignants sont en grève. Nous ne pouvons aucunement parler d’émergence sans y intégrer l’éducation, pire en la négligeant. Je pourrais parler aussi du licenciement des 7.000 jeunes de manière injuste et injustifiable.

L’émergence, c’est aussi penser à la création d’emplois afin de favoriser la croissance et le pouvoir d’achat. Je pourrais aussi longtemps m’étaler sur l’irrespect des procédures légales. Cependant, les leaders de l’opposition se sont vus pour dresser le bilan du régime. Un communiqué conjoint sera publié.

 


Lors de sa dernière conférence de presse, le leader du Ridja a avancé l’idée selon laquelle la tournante n’était pas favorable à l’émergence, quel est votre sentiment ?


Je pose une question au leader du Ridja.  Avant la mise en place de la constitution de 2001, nous avons eu 25 ans sans la tournante. Est-ce pour autant que le pays s’était mis sur les rails du développement ? Le plus important, ce ne sont pas les textes, mais ce que les hommes et les femmes en font.

Alors, pour répondre à votre question, je suis contre la suppression de la tournante, je trouve que pour le moment, ce n’est pas une bonne idée.

Commentaires