À l’orée d’échéances primordiales pour le pays, le président de la République, Azali Assoumani, s’est adressé à la nation, hier soir, pour revenir sur l’organisation prochaines des élections présidentielles et gubernatoriales programmées pour le premier trimestre de 2019, et sur l’actualité politique en général dans le pays. Dans son discours, le président de l’Union est revenu longuement sur le processus électoral à commencer par la loi d’habilitation que le gouvernement vient de retirer au parlement. «Les prochaines échéances constituent une étape cruciale de l’ambition qui est la nôtre, d’inscrire l’Union des Comores, parmi les pays émergents à l’horizon 2030. Elles sont une étape primordiale pour les actions engagées par le gouvernement, afin de bâtir un pays attractif pour les investisseurs du monde entier. Elles seront un grand test de notre volonté de prendre notre destin en main, pour construire notre présent et léguer à la postérité, nos enfants et les futures générations, un pays dont ils seront fiers, où il fait bon vivre et où ce peuple paisible, accueillant et généreux qui est le nôtre pourra s’épanouir et vivre en paix et en sécurité», a dit le président Azali Assoumani qui promet de ne pas faillir, de ne pas faiblir mais aussi de ne pas céder au chantage ni à l’intimidation. Revenant sur les derniers évènements au Palais du peuple, le chef de l’État évoque une «volonté de blocage clairement affichée» par les parlementaires dans le but de barrer la route à l’adoption de la loi d’habilitation.
Retrait du projet de loi d’habilitation
Il évoque également l’éventualité que ces mêmes parlementaires perpétuent cette volonté afin d’empêcher l’adoption d’éventuelles lois concernant la modification du code électorale.«Conscient de la responsabilité qui m’incombe et animé par la volonté de respecter les délais impartis par la Constitution, qui fixe le cap du 1er août 2019, pour la mise en place des nouvelles institutions, j’ai décidé d’aller de l’avant, en soumettant à l’Assemblée de l’Union un projet de loi d’habilitation, pour pouvoir procéder par ordonnance, aux adaptations nécessaires de la loi électorale, à la Constitution révisée. C’est dans un esprit républicain et par un souci de cohérence que j’ai voulu impliquer les élus nationaux dans le processus en cours. Et permettez-moi de vous dire qu’avant-hier, comme aujourd’hui, j’ai toujours eu une très grande considération envers cette grande institution, si chère à notre démocratie. Les honorables députés n’ont pas souhaité donner au gouvernement cette latitude», expliquera Azali Assoumani avant de confirmer qu’il avait pris la décision de retirer le projet de loi d’habilitation afin de suivre d’autres voies tout en observant le respect des textes.
«Elections auront lieu au 1er trimestre 2019»
«J’ai décidé de retirer le projet de loi en question et de suivre une autre procédure, tout aussi respectueuse du processus électoral, des principes et règles constitutionnelles, législatives et réglementaires», dira-t-il. En effet, fort des avis de «nos éminents juristes», il reviendra sur l’article 116 de la Constitution nouvellement révisée qui dispose que «les traités et accords internationaux, les lois, les ordonnances et les règlements actuellement en vigueur lorsqu’ils ne sont pas contraires à la présente Constitution, demeurent applicables tant qu’ils ne sont pas expressément modifiés ou abrogés» et sur les articles 52 et 53 de la même Constitution qui reviennent sur les conditions d’éligibilités, notamment sur l’âge, la résidence, la qualité d’électeur, entre autres. Le chef de l’État rappelle donc que l’élection primaire n’a plus lieu d’être car remplacée par l’élection au suffrage universel direct, majoritaire à deux tours sur l’ensemble du territoire.
Azali Assoumani confirmera en outre que les dispositions sur l’éligibilité des gouverneurs n’étant contraires à la constitution nouvellement révisée «restent applicables» tout comme la loi électorale relative à la convocation du corps électoral, la déclaration des candidatures, la centralisation, la publication et la transmission des résultats.
Une vie politique apaisée et pluraliste
En revanche, «le contentieux électoral relève désormais de la compétence de la Cour suprême, en vertu de l’article 96 de la Constitution. En effet, selon l’avis de nos éminents juristes, les instruments juridiques ne souffrent d’aucune ambiguïté. Ainsi, les élections du président de la République et des gouverneurs des îles auront lieu, Insha-Allah, comme prévu au cours du 1er trimestre 2019, conformément aux délais impartis par la Constitution» tranche-t-il. Se rappelant les circonstances particulières qui ont accompagné les dernières élections présidentielles, notamment l’organisation d’un troisième tour, l’actuel locataire de Beit-salam se veut rassurant quant aux mesures devant garantir la régularité et la transparence des prochaines élections en faisant notamment allusion à des observateurs internationaux «en concertation avec nos partenaires et les partis agréés». Azali Assoumani envoie par la suite un message aux Comoriens en les invitant à l’accompagner dans cette nouvelle voie devant permettre au pays d’atteindre l’émergence à l’horizon 2030. «Je vous appelle ainsi, à joindre nos efforts ensemble, quelles que soient nos appartenances politiques, afin que cette nouvelle opportunité soit celle de l’ouverture sur une vie politique, apaisée et pluraliste qui reflète la tolérance du peuple comorien et qui respecte l’esprit et la lettre de notre Constitution. Je compte sur vous tous, mes chers compatriotes, de l’intérieur du pays et de la diaspora, pour réussir cette nouvelle étape des élections présidentielles et des gouverneurs. Dans cette nouvelle étape, j’ai besoin de votre confiance. J’ai besoin de la même sagesse dont vous avez su faire preuve tout au long du processus référendaire», fait-il savoir.
«Rassembler tous les Comoriens»
À travers son adresse à la Nation, le chef de l’État affiche sa détermination et se montre convaincu que «nous sommes capables de construire une Nation prospère, en dépit des forces occultes qui, à chaque fois que ce pays tente de relever la tête, s’emploient à ternir son image, à y installer la peur et l’inquiétude et à remettre en cause les acquis de la paix et de la sécurité qui constituent notre patrimoine le plus précieux. Pour ma part, et pour la réussite de ces objectifs, mon devoir est de rassembler tous les Comoriennes et Comoriens. J’entends ainsi, avec votre accompagnement, servir mon pays avec détermination, sérénité et confiance». Abordant la question de l’apaisement de l’espace politique du pays, le premier magistrat des Comores reviendra sur le dialogue qu’il a initié sous la facilitation de l’Union africaine. Un dialogue lors duquel, des mesures d’apaisement avaient été prônées par les différentes parties et que le président estime avoir mis en œuvre. «Des mesures d’apaisement, telles que voulues par l’opposition, ont été prises en vue de faciliter ce dialogue et préserver les acquis de la réconciliation et de la stabilité, même si cette bonne volonté n’a pas porté les fruits escomptés, en raison de l’intransigeance de certains de nos interlocuteurs», a-t-il souligné.
Azali Assoumani a abordé d’autres questions à commencer par les Assises nationales qui auront permis de dégager diverses recommandations «pour faire participer les forces vives de la Nation à la construction du pays, renforcer notre diplomatie, contribuer à la réintégration de l’île comorienne de Mayotte, réduire la pauvreté et soutenir le développement inclusif et durable du pays, Le tout pour indiquer les mesures utiles et nécessaires à prendre, en vue de l’émergence de notre pays en 2030». Il s’étalera sur le référendum constitutionnel organisé «malgré la volonté affichée et mise en œuvre par certains des nôtres qui ont assumé hier de grandes responsabilités dans ce pays et qui, pourtant, ont fait appel à la haine et recouru à la violence, pour le déstabiliser, ternir son image et dénigrer son peuple et ses institutions».