En dehors «du caractère contestable de l’enquête», le gouverneur a aussi beaucoup parlé de chiffres, afin de démontrer l’ampleur que la production et la vente parallèles de passeports comoriens, dans le cadre de ce programme, a pris tout au long des années, et jusqu’à l’heure actuelle.
L’ancien président Sambi aurait en tout signé 17.718 décrets d’attribution de la citoyenneté économique, mais ce sont 18.010 passeports qui ont été imprimés, soit 212 passeports de trop. Un excès qui dépasse, selon Salami, la responsabilité directe du président. La même forfaiture sera commise plus intensément sous le régime du président Ikililou Dhoinine, avec 29.633 passeports imprimés contre seulement 23.786 décrets pris, ce qui donne un excédent illégal de 5.847 passeports. Selon Salami, il faut interroger les ministres de l’Intérieur et les directeurs de la sûreté successifs pour savoir «qui leur a donné l’ordre de produire ce surplus de passeports». Et pour lui, le problème reste toujours entier avec le gouvernement actuel car, depuis son entrée en fonction jusqu’à octobre 2017, 317 passeports ont été imprimés «sans décrets et sans que l’on sache où sont allées leurs recettes», tandis que 15.895 autres ont été renouvelés.
«Journée de deuil»
Le gouverneur s’est à la fin demandé «pourquoi le président Azali ne demande pas l’abrogation pure et simple de la loi sur la citoyenneté économique si, comme il le dit, il est persuadé de sa nocivité». Il a aussi mis au défi le député Dhoihir Dhoulkamal, président de la commission d’enquête parlementaire, de pouvoir dire «qui a gratifié Sambi des 105 millions de dollars et quelle preuve il y a». Tout compte fait donc, le placement en mandat de dépôt de l’ancien vice-président de l’Assemblée puis ministre de l’Intérieur, Ibrahim M’houmadi Sidi, ainsi que le «harcèlement judiciaire» contre l’ex-président Sambi ne sont pour Salami que des «règlements de compte politiques» de l’actuel régime qui «veut se débarrasser de ses adversaires politiques».
Le gouverneur de Ndzuwani avait déjà, la veille à la place Mzingaju (Mutsamudu), à l’occasion de la célébration, au niveau insulaire, de la fête de l’Indépendance, tiré à boulets rouges sur le projet de réforme constitutionnelle engagé par le gouvernement, et affirmé que loin de figurer comme une journée de joie, ce 6 juillet 2018 était cette fois «une journée de deuil». Pour lui, l’absence des deux prédécesseurs d’Azali (Sambi et Ikililou) à la Place de l’Indépendance, le vendredi, tout comme la condamnation pour «troubles à l’ordre public» de certains leaders de l’opposition depuis plusieurs jours, en est l’illustration.