Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a procédé hier jeudi au lancement officiel du processus d’informatisation de l’Administration générale des impôts et des domaines (Agid) au cours d’une cérémonie solennelle organisée à l’hôtel Golden Tulip en présence de nombreux membres du gouvernement et d’un parterre de hauts cadres de l’administration publique et du secteur privé.
Saluant l’initiative qui marque une révolution dans la lutte contre l’arnaque et la fraude fiscales, le président de la République a appelé les techniciens du pays à innover face à la nouvelle trajectoire qu’a pris le pays et aux défis de la mondialisation. "L’économie d’un pays repose sur l’impôt" a-t-il rappelé, demandant solennellement "un grand respect aux opérateurs économiques" de la place, qui contribuent au budget de l’Etat. "Nous ne pouvons rien faire sans eux, je vous demande de bien les respecter", a insisté Azali Assoumani.
Financé par la Banque africaine de développement (Bad), à travers le projet de renforcement des capacités institutionnelle (Prci), le Système intégré de gestion des impôts et taxes (Sigit) propose à la fois des solutions modernes contre l’évasion fiscale et un processus dématérialisé de paiement des impôts et taxes sur la base d’un un système de digitalisation des procédures fiscales via la plateforme web de l’Agid, programmée à cet effet. L’initiative, chère au ministre des Finances (lire ci-dessous), consiste à suivre efficacement tous les contribuables comoriens et à les pousser à honorer, aux délais légaux, leurs obligations fiscales, un des moyens qui permettront aux autorités financières de mieux cadrer la politique macrobudgétaire du pays. Le taux de recouvrement étant situé aujourd’hui à 32%, soit "très en dessous de la moyenne africaine", d’après un rapport circonstancié du Fond monétaire international (Fmi) datant de 2015 qui notait, à l’époque, "les mauvaises performances" de l’Agid en matière de recouvrement de recettes fiscales.
L’informatisation permettra donc d’inverser la tendance pour parvenir à un niveau de recouvrement de plus 55% d’ici au premier trimestre 2020, d’après les techniciens comoriens. Ces derniers sont appuyés par la firme ArabSoft qui a proposé son ingénierie aux services fiscaux comoriens comme elle l’a fait en Mauritanie où sa solution a permis à ce pays d’améliorer sensiblement ses recettes qui passeront "de 1,6 milliards d’euros en 2013 à 3,5 milliards d’euros en 2018", d’après Taha Triki, l’un des hauts responsables d’ArabSoft qui a donné quelques détails sur les aspects qui seront pris en compte par le logiciel de gestion du Sigit.
L’impôt fait la fierté du citoyen
"Les processus sont gérés dans un système intégré et traitant l’information en temps réel et d’une façon centralisée", a-t-il indiqué, ajoutant que la gestion en question concerne "l’immatriculation, la gestion de l’assiette, la déclaration, le recouvrement, le contrôle et recoupement, les procédures de recouvrement forcé, le contentieux, la comptabilité", entre autres. "Nous avons fait des grands pas mais ce n’est pas encore suffisant compte tenu du potentiel à notre portée. Notre vision est de faire de l’Agid, le principal pourvoyeur des recettes de l’Etat", a indiqué le directeur de l’établissement, Hamada Mohamed Soighir, peu après la cérémonie.
Le responsable du site web de l’Agid a expliqué la mise à disposition des fonctionnalités automatisées qui permettront à tout contribuable de faire toutes ses formalités fiscales du début à la fin avec une interaction hautement sécurisée, selon les informaticiens de l’Agid. Le chef de l’Etat a, encore une fois, appelé les Comoriens à croire en leur pays et à refuser le fatalisme, estimant que le potentiel existe et qu’il reste une dose de courage et d’audace pour accélérer la marche du développement. "Oui, nous pouvons", dit-il, ressuscitant cette célèbre phrase de l’ancien président américain Barak Obama.
"Ce pays appartient à nous tous, il y a des droits mais aussi des devoirs, cette fois ci, chacun doit commencer par honorer ses devoirs avant de réclamer ses droits", a-t-il expliqué, ajoutant que "l’impôt fait la fierté du citoyen" dans tout pays. "Dites aux gens que ce sont les impôts qui financent les chantiers de développement", a-t-il lancé. Demandant une plus grande sensibilisation sur les réalisations faites par l’Etat, le président Azali Assoumani lance un appel à un front commun "pour pousser encore davantage la machine du développement et faire renaître l’espoir chez les jeunes".
A.S.Kemba