Depuis le vendredi 4 avril, les députés de la 11è législature ont siégé à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, qui intervient toujours le premier vendredi du mois d’avril. Cette nouvelle Assemblée, contrairement aux précédentes, se retrouve avec 33 députés, dont 31 élus sous la bannière de la Convention pour le renouveau des Comores (Crc).
Des membres de l’opposition se montrent méfiants et s’opposent à l’avance à toute éventuelle modification des règles du jeu institutionnel. «Avec cette assemblée monocolore composée uniquement de députés de la Crc, j’en profite pour attirer leur attention – et plus particulièrement celle des douze membres issus des circonscriptions de Ndzuani sur le fait que leur trahison serait marquée d’une pierre noire si, à l’issue des conclusions de la table ronde annoncée, ils s’associent au vote d’une loi constitutionnelle qui rendrait caduque la prochaine présidence tournante de droit d’Anjouan, assurée par un natif de cette île, selon une filiation parentale attestée et confirmée », prévient Mohamed Jaffar Abbas, vice-président de l’Opposition unie des Comores (OUC).
Tournante, table ronde etc…
Le député Ibrahim Ali Mzimba, récemment désigné chef de l’opposition parlementaire, a déjà émis des critiques contre la version actuelle du système institutionnel. Va-t-il initier ou soutenir un texte allant dans ce sens ? Malgré les velléités qui subsistent encore, le secrétaire général adjoint du gouvernement, Mahamoud Salim Hafi, rassure. «Qu’un pays fasse son bilan après 50 ans d’indépendance n’a rien d’anormal. S’il y a des gens qui doutent que les tables rondes serviront à mettre en jeu la tournante, je ne pense que pas que ça soit sincèrement l’idée du président Azali.
D’ailleurs, si jamais un point important de la constitution devait être modifié, pour le bien de la nation, ce n’est pas aux députés mais plutôt à la population de se prononcer par voie référendaire », insiste l’ancien ministre de l’Éducation nationale, pour qui la nouvelle législature doit se pencher sur l’éducation, la santé, la vie chère, et aussi légiférer sur l’emploi des jeunes. «Les anciens députés ont adopté de nombreux textes qui répondaient à l’une des conditionnalités des partenaires au développement. L’adoption et la promulgation de ces lois ont permis au pays de se mettre en conformité avec les attentes des bailleurs. Il revient désormais à la nouvelle législature de veiller à leur mise en application», ajoute le secrétaire général adjoint du gouvernement, qui considère que la domination de la Crc au sein du parlement «est une chance», car cela prouve, selon lui, que les Comoriens adhérent à la vision du parti. Une vision que Mohamed Jaffar Abbas conteste.
Séparation des pouvoirs
Pour Mohamed Jaffar Abbas «Une assemblée nationale est censée incarner la représentation de toutes les sensibilités politiques du pays. Or, la mise à l’écart totale de l’opposition est une confiscation du pouvoir législatif par une seule formation politique. Cela nuit gravement au principe de séparation des pouvoirs et compromet la capacité de l’institution à jouer son rôle de contre-pouvoir face à l’exécutif», regrette l’opposant, qui a dénoncé cette absence de volonté politique «d’instaurer un parlement inclusif et respectueux de l’opinion contraire». Alors que l’opposition qualifie l’actuel parlement de chambre d’écho, et non un véritable forum démocratique comme cela devait être le cas, Mahamoud Salim Hafi, lui, reste convaincu que disposer d’une assemblée dominée par un seul parti politique, en l’occurrence la Crc, n’a rien d’anti-démocratique. «La démocratie est le respect des normes. La population a choisi ses représentants au sein du parlement et accordé la majorité à Azali pour continuer ses reformes à un moment où une partie de l’opposition a choisi la politique de la chaise vide. C’est aussi la démocratie», a souligné le Sgga, qui appelle les nouveaux députés à «se concentrer sur les intérêts de la nation et non ceux du parti».