Les députés de la 11ᵉ législature ont lancé jeudi dernier l’exercice des questions orales aux membres du gouvernement. Les ministres ont répondu aux interrogations, bien que certains députés aient exprimé leur déception face à certaines réponses. La séance plénière a été présidée par le président de l’Assemblée nationale, Moustadroine Abdou.Cinq ministres ont été sollicités par les représentants du peuple, conformément aux articles 64 et 65 du règlement intérieur de l’Assemblée. Il s’agit du ministre de l’Énergie, Aboubacar Said Anli ; du ministre des Affaires étrangères, Mbae Mohamed ; du ministre des Télécommunications et de l’Économie numérique, Oumouri Madi Hassani ; du ministre des Finances, Ibrahim Mohamed Abdourazak ; et du ministre de l’Aménagement du territoire, Chekidine Said Madi.
Surfacturation de l’électricité ?
Le député Chatoi Abdou Mohamed a exprimé l’inquiétude de la population concernant les nouveaux compteurs électroniques de la Sonelec (Société nationale de l’électricité des Comores). Selon lui, de nombreux consommateurs constatent une hausse significative de leur consommation d’électricité depuis leurs installations, comparativement aux anciens compteurs à disque. « Cette situation alimente un sentiment d’injustice et d’incompréhension parmi les usagers déjà confrontés à la cherté de la vie », a-t-il déclaré, demandant des explications au ministre de l’Énergie. Aboubacar Said Anli a justifié cette augmentation en rappelant que « les anciens compteurs à disque sont mécaniques et ne mesurent que la puissance active », tandis que « les nouveaux compteurs Sts sont électroniques et mesurent plusieurs paramètres électriques, y compris les pertes liées à des appareils de mauvaise qualité ou mal installés ». Il a ajouté que ces compteurs dits « intelligents » sont conçus pour lutter contre les fraudes.Interrogé sur une éventuelle révision à la baisse du tarif de l’électricité, le ministre a précisé que cela est « envisageable, mais pas dans l’immédiat ». Il a expliqué que la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national est actuellement d’environ 16 %, un niveau insuffisant pour réduire le coût du kilowattheure, l’objectif étant de dépasser 60 %.
Diplomatie économique
Le vice-président de l’Assemblée, Zoubeiri Mohamed Ahamed, a interrogé le ministre des Affaires étrangères, Mbae Mohamed, sur le plan de mobilisation des partenaires via les ambassades pour soutenir le Plan Comores émergent. Le ministre a présenté sa stratégie visant à réformer la diplomatie comorienne pour mieux répondre aux besoins nationaux. Il a distingué deux types de mobilisation de fonds : temporaire et continue, et a expliqué que les Comores avaient jusqu’ici adopté le système temporaire mais souhaitaient désormais passer à une mobilisation continue à long terme.Pour ce faire, le ministre entend orienter la diplomatie classique vers la diplomatie économique. Mbae Mohamed a précisé que la révision du cadre organique du ministère et de la carte diplomatique des ambassades avait été effectuée, et a annoncé la mise en place d’un statut particulier pour les diplomates comoriens, tout en insistant sur l’importance d’un personnel qualifié et de moyens suffisants pour le bon fonctionnement des missions diplomatiques.
Encadrement des transactions financières
Le chef de l’opposition parlementaire, Ibrahim Ali Mzimba, a interrogé le ministre des Finances, Ibrahim Mohamed Abdourazak, sur l’encadrement des chèques et la limitation des transferts d’argent supérieurs à 2 000 euros via Ria, MoneyGram ou Western Union. Le ministre a expliqué qu’il s’agissait de mesures de sécurité visant à favoriser l’inclusion financière et à limiter les risques de fraude, conformément au décret n°05-105/PR du 28 novembre 2005. Concernant les transferts, il a rappelé que le montant maximum autorisé est fixé à 1 million de francs comoriens, et que les transferts depuis l’étranger dépendent des régulations des pays d’origine et des seuils fixés par les opérateurs.
Mauvaise gestion à l’Udc
Enfin, le député Ibrahim Abdou a interrogé le ministre de l’Éducation, Bacar Mvoulana, sur la gestion de l’université des Comores et les grèves répétitives des enseignants. Le ministre a pointé du doigt une mauvaise gestion au sein de l’université, où les recommandations gouvernementales ne seraient pas suivies. Il a fait savoir que malgré le déblocage de 122,5 millions de francs au lieu de 97 millions l’année dernière, un déficit de plus de 400 millions subsistait. Un audit réalisé par le ministère des Finances aurait, selon toujours le ministre, révélé des zones d’ombre dans la gestion financière de l’établissement.

