Les guerres entre parlementaires sont devenues légion à l’assemblée de l’Union et si l’on se fie à la dernière affaire, les choses n’iront pas en s’arrangeant. Selon le député Ali Mhadji, depuis octobre 2016, les parlementaires n’ont pas perçu leur redevance administrative unique (Rau) d’un montant de 46 millions.
Depuis le mois d’octobre dernier, on nous raconte que la redevance n’est pas versée par le ministère. Il a fallu que le député Ibrahim Mohamed Soulé en parle publiquement devant le ministre des Finances pour que les rapports nous soient montrés sur exigence de Saïd Ali Saïd Cheyhane. La Rau est bel et bien versée chaque mois mais cet argent arrive uniquement entre les mains d’une seule personne, le vice-président de l’assemblée nationale, Maoulana Charif assène député Ali Mhadji.
Selon ce dernier, personne ne sait où est passé cet argent puisque toutes les opérations financières du parlement seraient l’œuvre du directeur administratif et financier (Daf) et du vice-président de l’institution. Une autre source bien au fait nous a confirmé que les députés ont touché la Rau uniquement au mois d’avril depuis octobre 2016.
“À la base, l’autonomie financière de l’assemblée nationale devait engendrer plus de transparence mais au final, elle produit plus de problèmes. Les responsables avancent que lors du dernier séminaire parlementaire, le parlement aurait prêté 28 millions au gouvernement et 4 millions ont servi à l’achat d’une voiture. On parle d’une somme de 65 millions qui se serait tout simplement volatilisée. Je me demande s’il ne s’agit pas d’une lutte d’influence au sein de la Crc afin de fragiliser le ministre des Finances” devait-elle avancer.
Pour sa part, l’ancien secrétaire général par intérim du principal parti au pouvoir, va plus loin, lui, en estimant qu’ aucun député ne serait en mesure de fournir la moindre explication sur une quelconque opération financière à l’Assemblée nationale. Il avance que certains députés savaient parfaitement que leurs droits étaient régulièrement versés mais qu’ils attendaient le bon moment.
Pleins pouvoirs pour Maoulana “Même lorsqu’on percevait la Rau, on n’a jamais su quel était le montant exact perçu par chaque député ni la somme versée par le ministère des Finances. Pour ce qui est des rapports qui atterrissaient dans le bureau du directeur administratif et financier, Maoulana Charif avait donné comme ordre de ne jamais les montrer au vice-président de la commission des Finances, le député Ibrahim Mohamed Soulé”.
“Outre ces 46 millions volatilisés, lors du séminaire parlementaire, de grosses sommes provenaient des sociétés d’État mais elles atterrissaient dans les mains de Maoulana si bien que le président Abdou Ousseine était largué” a tenu à détailler le parlementaire qui renvoie la faute au gouvernement.
Il précise effectivement que le président Abdou Ousseine aurait demandé des explications à maintes reprises en vain et qu’actuellement, le député du Washili-Dimani mènerait une campagne pour réduire le président de l’institution nationale au rang de faire-valoir. Pour le député du Hambu, le régime actuel a donné les pleins pouvoirs au vice-président de l’assemblée qui a fait de l’institution, “sa chose alors que nous sommes tous élus et qu’il n’a rien de plus que nous”.
“Affligé” par les pratiques ayant cours au parlement, Ali Mhadji estime que dans un pays démocratique, tous les députés de toutes tendances confondues seraient unis pour lever l’immunité de Maoulana Charif afin de le faire juger. “Utilisons les adjectifs requis et appelons les voleurs et les escrocs par les leurs. Le gouvernement a donné l’institution à une seule personne et il y a certains qui, manifestement, veulent en finir avec la démocratie dans ce pays.
Maoulana a mené l’assemblée nationale droit dans le mur” continue d’assener Ali Mhadji avant de proposer le virement de la Rau directement sur les comptes des parlementaires sans passer par l’Assemblée nationale. Pour l’anecdote, Ali Mhadji annoncera qu’une “simple contractuelle a obtenu un passeport de service pour aller représenter un député à l’extérieur sans jamais remettre ses pieds aux Comores”. Contacté par téléphone et par Sms à plusieurs reprises, le vice-président de l’assemblée nationale n’a pas décroché le téléphone ni répondu à notre message.