Lors des assemblées annuelles du Fmi et de la Banque mondiale, qui se sont tenues à Marrakech, le ministre des Finances, du Budget et du Secteur Bancaire, Mze Abdou Mohamed Chanfiou, a plaidé en faveur de la révision des critères d’allocation de ressources aux pays vulnérables. Il est intervenu dans le panel consacré à la vulnérabilité des États.
L’argentier du pays a souligné que les allocations attribuées aux pays régulièrement touchés par des catastrophes ne sont pas proportionnelles aux dégâts subis par ces États. À titre d’exemple, il a évoqué la situation des Comores en 2019, dévastées par un cyclone qui a causé d’importants dégâts matériels et des pertes humaines, nécessitant une facture de plus de 277 millions de dollars pour la reconstruction.
Ce montant dépasse trois fois le budget de l’Union des Comores, tandis que les critères actuels de l’Ida (Association internationale de développement) fixent les allocations à 83 millions de dollars. « Vous comprendrez pourquoi nous plaidons en faveur d’une révision approfondie des critères d’allocation des ressources, qui devrait prendre en compte les critères de vulnérabilité multidimensionnelle », a déclaré le ministre. Cet ancien gouverneur de la Banque centrale des Comores a exhorté l’assistance à tirer des enseignements des impacts multisectoriels des chocs exogènes, notamment climatiques, sanitaires, sécuritaires et conflictuels.
Relever de nombreux défis
Il a estimé que ces crises multiples ont des conséquences importantes sur les pays les plus pauvres et vulnérables, qui doivent relever de nombreux défis.
Selon le ministre, 36 % de la population africaine sont exposés aux aléas climatiques, entraînant des pertes humaines et financières évaluées à 50 milliards de dollars par an, dépassant largement les budgets des États africains. Par ailleurs, l’inflation aurait plongé 15 millions d’Africains supplémentaires dans l’extrême pauvreté en 2022, en raison de l’augmentation des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, toujours selon Mze Abdou Mohamed Chanfiou.
Toujours selon ce dernier, cette panoplie de chocs a un impact significatif sur les finances publiques, provoquant une diminution des ressources et un accroissement des besoins de financement, dépassant largement les capacités des États vulnérables aux chocs. «Cette vulnérabilité structurelle est une réalité, et pourtant l’allocation des ressources financières au développement ne tient pas compte de ces facteurs vulnérables», a-t-il souligné, appelant à la mise en place de nouveaux instruments de couverture et d’atténuation de ces chocs exogènes.
«Nos États doivent continuer à plaider pour la mise en place d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour l’allocation des ressources, prenant en compte les vulnérabilités structurelles, économiques et environnementales », a-t-il enfin suggéré.