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Assises nationales : Mayotte au coeur des débats

Assises nationales : Mayotte au coeur des débats

Politique | -   Mohamed Youssouf

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Les assises nationales ont débuté avec la question de Mayotte dont l’expert Mbaé Toyb s’est chargé de faire l’historique, de poser un constat et de livrer les recommandations venues des experts et des ateliers. Pour le président Azali Assoumani, l’idéal serait de lutter contre le séparatisme dans les trois îles condition sine qua non pour favoriser la réintégration de Mayotte. D’autres à l’image du ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou, ou de Soefo Aboudou préconisent de sauvegarder les bons acquis et de continuer dans la voie des discussions. Les chiffres parlent de plus de 20 000 morts en tentant de rallier les côtes mahoraises et de 206 000 expulsés de Mayotte de 2004 à 2015.

 

L’assemblée des assises nationales a débuté hier matin au Palais du peuple en présence du chef de l’Etat et de la communauté internationale. Après les discours d’ouverture, les travaux ont débuté avec deux axes qui sont la question de l’ile comorienne de Mayotte et la place des Comores dans le monde.

Dans son intervention, l’expert chargé de la question mahoraise Mbaé Toyb a commencé par faire un bref rappel historique consistant à rappeler que la colonisation de Mayotte a commencé en 1841 pour finir à Ngazidja en 1912.

En guise de constat, l’expert national a mis l’accent sur l’existence d’une ligne de démarcation, un mur marin qui empêche la libre circulation entre les iles, l’instauration du visa Balladur en 1994 responsable d’une perte en vies humaines de plus de “20 000 personnes”, les decasages et les habitations brulées, la déscolarisation et le placement dans les centres de rétention des enfants et d’une “xénophobie” dans les rues jamais constatée auparavant.

 

Aujourd’hui nous assistons aux emprisonnements sans jugement  et des expulsions. De 2004 à 2015, il y a eu 206 000 expulsions a-t-il illustré

 

avant de dénoncer l’absence d’une politique commune sur la question de Mayotte. Selon ses propos, les gouvernements successifs aux Comores sont venus avec des politiques différentes.

Il citera Ali Soilihi qui privilégiait les discussions directes avec les séparatistes mahorais, le dialogue tripartite initié par Said Mohamed Djohar, la politique d’enrichissement national pour en finir avec la pauvreté et attirer Mayotte que le président Mohamed Taki Abdoulkarim avait initiée entre autres.


Mener une campagne internationale

Mbaé Toyb prendra le soin de préciser que lors du premier mandat d’Azali Assoumani, la question a été occultée par le séparatisme et les conflits de compétences alors que lors de la période Ikililou Dhoinine, ce dernier n’aurait pas inscrit la question dans son agenda

 

malgré un document envoyé au gouvernement français pour qu’il reconnaisse l’appartenance de Mayotte aux Comores.

 

Face à l’intransigeance de la France et ce malgré une vingtaine de résolutions et de condamnations internationales, les experts préconisent la mise en place d’une politique de restauration de l’intégrité territoriale, le rétablissement de la vérité historique concernant la colonisation de Mayotte, rejeter la vision française quant au règlement de la question.

“Nous devons nous rassembler pour l’unité nationale, réinscrire la question à l’ordre du jour de l’assemblée générale de l’Onu et introduire cette question  lors de toutes les interventions comoriennes dans les organismes mondiaux à l’image de l’Ua, la Ligue des Etats arables et demander le dialogue sous l’égide des Nations unies”.

 

 

Les ateliers sur les thématiques des assises recommandent quant à eux, de saisir la Cour pénale internationale pour les déplacements forcés qui interviennent à Mayotte, collecter des fonds destinés à la lutte pour cet idéal, légiférer sur la notion de trahison nationale à l’endroit de tout Comorien qui porterait atteinte à la lutte pour la réintégration de la quatrième île comorienne.

Les ateliers ont insisté sur la nécessité d’une journée de sensibilisation nationale, de civisme, d’activités sportives, culturelles et religieuses impliquant les compatriotes de Mayotte. Intervenant en tant que citoyen comorien, le président Azali Assoumani a recommandé de mettre l’accent sur la lutte contre le séparatisme pour espérer le retour de Mayotte.


Lutter contre le séparatisme

“On ne peut pas plaider pour le retour de Mayotte en étant nous-mêmes gangrénés par des velléités séparatistes. Il nous faut en finir avec ce fléau avant de mettre les bouchées doubles pour Mayotte” a-t-il dit. Sur le plan international, le président de la République estime que poser le débat au niveau international est nécessaire mais pas suffisant.

 

Il faut une autocritique de notre part parce que les Français à un moment donné nous ont tendu les bras sans qu’on s’y engouffre. On ne peut donc pas exiger et poser des conditions mais plutôt privilégier le dialogue et impliquer un médiateur international a exhorté Azali Assoumani.

 

Plusieurs participants ont pris la parole à l’image de la représentante de l’Organisation internationale de la francophonie, Béatrice Attalah qui conseille de toujours parler de la question de Mayotte lors de toutes les interventions internationales des Comores.

Si Soefo Aboudou parle de synergie, de resserrement des liens, d’interconnexion et d’accroissement de la communication autour de la question, le ministre de l’Intérieur Mohamed Daoudou s’est quant à lui attardé sur les acquis à préserver sur cette question.

Il prendra l’exemple de l’équipe nationale de football qui évolue avec des Mahorais, du tournoi de la concorde qui regroupait les enfants des quatre iles. “Les réactions à Mayotte lors des dernières discussions ont montré que c’était la bonne voie à suivre. Si la France a intégré des Mahorais dans sa délégation, nous devons faire de même” devait-il conclure.


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