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Azali Assoumani devant la presse française I Une prestation diversement appréciée par la classe politique

Azali Assoumani devant la presse française I Une prestation diversement appréciée par la classe politique

Politique | -   Abdou Moustoifa

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De passage à Paris, le président Azali Assoumani a donné une série d’interviews à des médias, notamment à France 24. Au cours de celles-ci, le chef de l’Etat comorien a demandé une pause de l’opération Wuambushu et pointé la responsabilité de l’Etat français dans l’insécurité qui règne à Mayotte. Des sorties médiatiques diversement appréciées par la classe politique.

 

Depuis trois jours, l’on ne parle plus que des interventions du président Azali Assoumani dans la presse française. Samedi dernier, c’était le tour de France 24 et de Rfi d’interviewer le président comorien sur la crise diplomatique actuelle, née après le refus de Moroni d’accueillir les expulsés de l’île comorienne de Mayotte. Une position assumée encore une fois, le 8 mai, à travers les colonnes du quotidien «Le Monde».
Ici, le président de l’Union africaine a clairement expliqué pourquoi les reconduites ont été suspendues.

 

« Dans ce contexte préélectoral, l’opération française crée beaucoup de problèmes. Alors qu’on entre en campagne, comment puis-je justifier devant mes compatriotes le fait que j’accepte les bateaux qui renvoient des Comoriens de Mayotte ? C’est trahir notre Constitution, qui dit que Mayotte est comorienne », a déclaré le président. Raison pour laquelle, devant nos confrères de France 24, il a demandé à son homologue français de mettre une pause à l’opération  Wuambushu, tout en accusant Paris, «qui gère Mayotte depuis 47 ans», d’être «responsable de l’insécurité» qui y règne.


Si une partie de l’opinion publique a apprécié le ton employé par le chef de l’Etat, de nombreux leaders politiques ne sont pas de cet avis-là. «Il s’est bien débrouillé, on ne peut nier les efforts qu’il a faits. Toutefois, les zones d’ombre existent encore. Déjà, il n’a pas osé dénoncer les accords de 2019 », note le porte-parole du Front commun des forces vives (Fcfv), Ibrahim Abdourazakou alias Razida.

Satisfécit

Du côté Comité Maore, c’est plutôt le satisfecit. «Nous ne pouvons qu’apprécier la position prise par le président de ramener le débat à un niveau diplomatique et l’invitons à solliciter une médiation internationale à cette fin car la France ne peut pas être juge et partie. Après la demande de suspension de Wuambushu, nous attendons plus de fermeté sur le règlement définitif de l’opération», insiste Me Youssouf Atick. Ce dernier a surtout apprécié la partie de la déclaration du chef de l’Etat qui a «osé pointer du doigt la France sur sa responsabilité par rapport à la délinquance qui sévit à Mayotte».


Un enthousiasme cependant peu partagé par le Comred (Convergence des mouvements pour la République et l’Etat de droit), qui refuse d’applaudir la sortie médiatique d’Azali Assoumani. «La posture d’Azali ressemble plus à celle d’un joueur de Rugby qui botte systématiquement en touche qu’à celle d’un homme d’État assumant pleinement ses responsabilités nationales et ses engagements internationaux», fustige Saïd Abbas Dahalani.


Ce dernier accuse le chef de l’Etat de « chercher à se cacher derrière des manipulations visant à faire porter la responsabilité des drames humains qui se déroulent dans le bras de mer entre Anjouan et Mayotte et l’échec des Comores à un seul côté, notamment la France, même si cette dernière ne peut s’en laver les mains». «Il est indéniable que les gouvernances aléatoires successives du pays durant plusieurs décennies ont transformé nos 3 îles en un cimetière économique», conclue-t-il.


Même déception chez Me Ahamada Mahamadou, ancien candidat du parti Juwa à l’élection présidentielle de 2019 : «Au fond, il n’y avait rien d’intéressant…. D’ailleurs, l’occupant de Beit Salam ne s’est en aucun moment montré à la hauteur de la fonction qu’il occupe, en dehors du fait que ce ne sont pas les Comoriens qui lui ont conféré cette tâche. Et c’est normal qu’il soit embarrassé puisque lui et son gouvernement restent les signataires de cette convention tant décriée par l’ensemble des Comoriens, sauf ceux qui en sont à l’origine.»

«Manipulation»

A son tour, Mouigni Baraka Saïd Soilihi, leader du parti Rdc (Rassemblement démocratique des Comores), se montre aussi moins conciliant. «On attendait de lui des propositions de sortie de crise, la réconciliation des Comoriens de Mayotte et des autres îles… », déclare l’ancien gouverneur de Ngazidja.Pour les proches du chef de l’Etat cependant, la question de Mayotte (et surtout dans son volet Wuambushu), est plus complexe qu’elle ne paraît. «Il faut chercher à comprendre comment et pourquoi Mayotte est arrivée à un tel stade de violence. Une fois le diagnostic posé, on pourra envisager les meilleures solutions pour toutes les parties», pense le secrétaire général de l’Alliance de la mouvance présidentielle (Amp), Ali Mliva Youssouf, .

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