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Azali Assoumani sur Rfi et France 24 I Le chef de l’Etat affiche une fermeté et un esprit d’ouverture

Azali Assoumani sur Rfi et France 24 I Le chef de l’Etat affiche une fermeté et un esprit d’ouverture

Politique | -   A.S. Kemba

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Le président de la République s’est élevé contre toute forme de « chantage » en retour après le refus d’accueillir à Ndzuani les personnes «en situation irrégulière» dans l’île comorienne de Mayotte. «Je ne cède pas au chantage», a-t-il souligné. Azali Assoumani a tout de même laissé entrevoir les chances d’un dialogue avec la France qui a toujours entretenu «de bonnes relations» avec les Comores depuis 1975.

 

Le chef de l’Etat et président en exercice de l’Union africaine, a rejeté, dimanche soir, toute opération d’expulsion des personnes en instance de refoulement à Mayotte, expliquant que les problèmes posés par l’insécurité et la délinquance dans l’île au lagon sont de la responsabilité de la France qui occupe Mayotte «depuis 47 ans».


Sur le plateau de France 24, Azali Assoumani, dans «l’Entretien Rfi-France 24», a insisté sur la responsabilité de la France vis-à-vis du chaos sécuritaire qui règne sur l’île ces dernières années. «Si on parle de délinquance à Mayotte, qui est responsable et qui est coupable ? En tout cas la France gère Mayotte depuis 47 ans, donc elle est responsable pour ne pas dire coupable», a-t-il affirmé. Le président de la République s’est désengagé du sort des jeunes, victimes d’une politique d’exclusion ces 20 dernières années, et qui sont devenus la cible de l’opération Wuambushu, toujours en cours.

L’accord de 2019

«Si on parle de délinquance, si on parle de n’importe quoi, je ne suis pour rien, je suis responsable de ce qui se passe dans les trois îles, mais de ce qui se passe à Mayotte, je ne suis pas responsable. Ce sont des enfants, il faut les éduquer, il faut les mettre à l’école, s’il y a des gens qui‘il faut sanctionner, pourquoi pas , mais je ne dirai pas comme a dit Mderé qu’il faut les tuer parce que la France a aboli la peine de mort depuis 1981», a-t-il souligné.

«On n’achète pas ça»

Azali Assoumani a apporté une clarification sur l’accord de 2019 dont l’esprit, selon lui, est de lutter contre les drames en mer. Il s’agit, toujours selon lui, de mettre un terme aux décès en empêchant les gens de mettre leurs vies en danger, en voulant se rendre à Mayotte. Le chef de l’Etat a une nouvelle fois rejeté toute proposition consistant à accueillir des expulsés moyennant un appui financier. «Je ne veux pas accepter qu’aujourd’hui, les Comoriens des trois îles soient expulsés en négociant avec de l’argent. Il faut exclure cet aspect-là, on n’achète pas ça. Néanmoins, on est prêt à discuter dans le cadre des relations entre la France et les Comores».


Pour lui, il appartient à l’Etat français d’imaginer un modèle social d’intégration adapté au contexte mahorais. «Je ne suis pas prêt parce que la France est un pays de droit. Les gens qui sont en France, ce ne sont pas seulement des gens des trois îles, il ya des Malgaches, des Rwandais, il y a des Burundais qui sont là, la France est un pays de droit, il accorde des droits aux gens qui sont là… Les gens des trois îles qui sont à Mayotte, c’est à la France de les gérer», a-t-il expliqué.

«Je ne cède pas au chantage»

Le président de la République note l’existence d’une option «qu’il va falloir approfondir » pour réguler les mouvements d’aller et venir dans le cadre d’une discussion bilatérale avec la France. Le président de la République s’est élevé contre toute forme future de « chantage » en retour, après le refus d’accueillir à Ndzuani les personnes «en situation irrégulière» dans l’île comorienne de Mayotte. «Je ne cède pas au chantage », a-t-il souligné.  Azali Assoumani a tout de même laissé entrevoir les chances d’un dialogue avec la France qui a toujours entretenu « de bonnes relations» avec les Comores depuis 1975.


S’agissant des possibles représailles (comme le gel des visas en 2018) de la France pour contraindre Moroni à laisser venir les personnes «en situation irrégulière», le président de la République souligne que «c’est quand- même pas à la mesure d’un pays comme la France», ajoutant que «ce que la France est en train de vivre partout en Afrique au Sahel et un peu partout, elle n’a pas intérêt à ce que ça se passe en Afrique de l’Est, nous aussi, on n’a pas intérêt».

Poursuivre le dialogue

Pour lui, le dialogue reste la seule voie pour aplanir les divergences autour de l’opération Wuambushu. «Moi, franchement, je ne cède pas au chantage, mais je discute, vous avez votre intérêt, moi j’ai le mien, on voit comment on peut capitaliser, s’assoir et discuter. Je suis convaincu qu’on trouvera un chemin», a-t-il mentionné, réfutant, par ailleurs, toute responsabilité sur le trafic maritime Anjouan-Mayotte. «Les passeurs qui laissent les gens aller à Mayotte, ce n’est pas moi. Ce sont des gens qui sont à Mayotte qui laissent les gens aller, qui gagnent de l’argent. Moi, au contraire, j’ai tout fait pour empêcher les Comoriens d’aller mourir en mer».


Azali Assoumani n’a toujours pas digéré la décision française de déclencher une opération de rafles des jeunes présumés délinquants à Mayotte et les actes de stigmatisation contre les Comoriens des trois autres îles. «C’est une question à laquelle on peut s’assoir pour trouver une solution. Toutes les caméras du monde se trouvent à Mayotte pour dire que maintenant on expulse des Comoriens, ça je dis Monsieur le président, je ne suis pas d’accord. Néanmoins, si on fait une pause sur cette opération-là, on est prêt à discuter que ça soit entre vous moi et ou entre les ministres», a encore souligné Azali Assoumani qui a ainsi exprimé la disponibilité de son gouvernement à poursuivre le dialogue avec la partie française pour une issue à « la crise » qui prendra en compte les intérêts des deux pays.

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