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Ce que pensent Houmed Msaidie et Moustoifa Saïd Cheikh du discours du président

Ce que pensent Houmed Msaidie et Moustoifa Saïd Cheikh du discours du président

Politique | -   Faïza Soulé Youssouf

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C’est désormais une tradition. Le discours du président en langue nationale est toujours plus musclé que celui tenu en français. Et ce fut le cas avant-hier dans son allocution lors de l’ouverture officielle des assises nationales. Si bien que d’aucuns estiment que si l’allocution dans la langue de Molière était conciliante et était une main tendue à l’Union de l’opposition et à ceux qui sont contre la tenue des assises en général, le discours en comorien était beaucoup plus “musclé”, ou “nuancé” ou “sarcastique”, c’est selon.

 

Houmed Msaidie, leader du Radhi pense, en tout cas, pour ce qui est de son discours en français, que le président  “a lancé un appel aux absents afin de venir prendre la place qui est la leur dans ce grand rendez-vous national”. Il ajoutera par ailleurs que “la présence des membres de l’Union de l’opposition leur permettrait d’apporter leurs contributions que je sais importantes pour l’avenir du pays”.

 

Il précisera : l’opposition se doit de proposer des solutions et dégager avec le reste une mouture qui réponde aux aspirations du peuple comorien.

 

L’emblématique Moustoifa Saïd Cheikh du Front démocratique, faisant par ailleurs partie de l’Alliance de l’Opposition n’est pas de cet avis. Du discours en général, Moustoifa Saïd Cheick estime que le président ne veut rien d’autre  que  “conforter sa position et ses intentions, c’est-à-dire, pérenniser son pouvoir”. La main tendue par Azali ne serait pour lui qu’un

 

 

effet de manche, de la poudre de perlimpinpin destinée à la communauté internationale, je pense qu’il est très regrettable de faire montre de vouloir rassembler alors qu’en comorien, il a tenu un discours contraire ; c’était très frappant de voir la conclusion de son discours par le journaliste de la Radio Comores, qui a dit que ceux qui sont venus sont ceux qui comptent et le reste, c’est du pipi de chat (sic).


En outre, dans son discours en langue nationale, le premier magistrat du pays s’est attribué la paternité de la tournante et a lancé un “où se trouvaient Mwali et Ndzuani lors des Accords de Fomboni?”. A cela, Houmed Msaidie, explique que de son avis, le propos tenu par le président “exprime une réforme incontournable de la tournante ; chacun de nous émet des critiques sur tel ou tel aspect de la tournante, celle-ci doit donc être réformée si l’on tient compte des avis des uns et des autres”. 

Moustoifa Saïd Cheikh, face à l’attribution de la paternité des Accords de Fomboni dénote “un mépris insoutenable du président”. Ainsi, il avance que selon lui,

 

le président de la République devrait être respectueux de notre histoire, fier de pouvoir représenter et rassembler l’ensemble du peuple comorien et ne pas tenir un discours qui distingue des communautés.

 


“Le président a tranché”

Il ajoutera par ailleurs que “les intentions cachées du président étaient de s’éterniser au pouvoir, le syndrome du troisième mandat”.
Pourtant le président de la République a, toujours dans son allocution, expliqué, qu’il “ne lâcherait pas une branche avant d’avoir une autre dans la main et que ce qui ressortira des assises sera bénéfique pour le peuple comorien”.

Pour le leader du Fd, “cela veut tout simplement dire que le président a tranché ; l’objectif des assises était “Vérité et Réconciliation”, aujourd’hui, cet objectif a été détourné et il n’y a même plus de débat, on ne parle plus de ce qui n’a pas marché, nous n’avons plus aucune liberté”. L’enfant du Mbude est d’un avis contraire. Houmed Msaidie dit au contraire, que le président n’a rien tranché du tout.

 

Si la constitution devait être réformée, c’est le peuple souverain par le biais d’un référendum ou d’un congrès qui trancherait.


Lequel des deux discours retenir ? L’ancien candidat à la vice-présidence lors des dernières élections présidentielles, riant, répondra “qu’il faut prendre en compte le discours en français tout en n’ignorant pas les piques dispensées en langue nationale ; il est vrai qu’il était sarcastique et non belliqueux mais c’était pour pousser les membres de l’opposition à réagir”…

A noter qu’Al-watwan s’est approché de plusieurs grands autres leaders de l’opposition afin de recueillir leurs commentaires. Mais bizarrement alors que celle-ci multiplie les rencontres pour dénoncer “les assises de la Crc”, ni Mouigni Baraka Saïd Soilihi, ni Nourdine Bourhane ni Mohamed Bacar Dossar n’ont accepté de commenter le discours du président. La raison ? Ils ne l’avaient pas écouté…


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