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Citoyenneté économique : Sambi déballe tout sur son audition

Citoyenneté économique : Sambi déballe tout sur son audition

Politique | -   Mohamed Youssouf

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Entendu pendant deux heures par la commission parlementaire dans le cadre de l’enquête sur la citoyenneté économique, Sambi a révélé hier les réponses qu’il a données. Il en a profité pour s’étonner de voir que le président en exercice ait été auditionné non pas pour haute trahison comme l’indique la constitution mais pour une autre affaire, non pas par la cour suprême mais par des députés. “Cette enquête est une bonne chose. Une grande porte vient d’être ouverte et elle ne peut pas être fermée. Désormais, les anciens responsables pourront être entendus pour les faits qui se sont déroulés lors de leurs mandats”. Aucune question n’a été éludée à commencer par le projet de loi (son adoption et sa promulgation), les tractations pour la vente des passeports, les décrets, la guerre des chiffres notamment financiers etc.

 

A la sortie d’une audition qui aura duré presque deux heures, l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi a organisé un point de presse hier à Vwadju pour livrer les détails des réponses qu’il aurait données à la commission parlementaire chargée de mener l’enquête sur le programme de la citoyenneté économique. Selon lui, la première question concernait l’initiative elle-même et les raisons de sa mise en place.

 


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“En 2007, des responsables koweïtiens ont parlé de ce programme visant à donner des passeports aux bédouins pour qu’ils puissent acquérir la nationalité koweïtienne. Les Emirats Arabes unis se sont également manifestés. J’étais donc convaincu que ce programme donnerait des résultats positifs pour le pays. Il permettait d’avoir des relations privilégiées autres que diplomatiques avec certains pays riches.

Que ces pays nous soient redevables allait permettre de pouvoir compter sur eux” a expliqué l’ancien président. Il affirmera qu’en 2007, “on m’a montré 3 passeports comoriens donnés à des étrangers. Plutôt que de les vendre clandestinement, et sachant les retombées positives qui allaient en découler, j’ai préféré déposer le projet de loi pour régulariser cette pratique”. Controversée, la loi sur la citoyenneté économique était au centre de l’audition et des réponses étaient attendues.


“Aucun décret sans l’aval d’Abou Achirafi”

Que je sache, je n’étais pas parlementaire donc pas responsable des actes de l’Assemblée de l’Union. Une loi a suivi toutes les étapes et est arrivée sur ma table. Avant de la promulguer, certains avaient saisi la Cour constitutionnelle qui les a déboutés. La Cour a validé et je l’ai promulguée. Le pouvoir exécutif étant différent du législatif, je ne peux pas endosser la responsabilité des députés

 

devait-il répondre non sans rappeler que dernièrement, des élections au parlement ont eu lieu avec l’intervention des militaires, d’autres ont eu lieu à Comores télécom et la Cour les a validées. Il rappelle qu’il y avait un gouvernement avec en point d’orgue un ministre qui a défendu la loi et des procédures qui ont été suivies avant la promulgation. Quid des passeports qui seraient délivrés avant que la loi n’entre en vigueur ? L’ancien président nie catégoriquement avoir signé des décrets de naturalisation en dehors du cadre de la citoyenneté économique.

A l’en croire, durant son mandat, on parlait de 9.000, 10.200 et 13.000 passeports vendus. Or la commission d’enquête parlerait de plus de 17 000. “Tous les décrets que j’ai signés, au préalable, j’ai demandé à Abou Achirafi et parfois à l’ancien ministre de la Justice M’madi Ali. Sachant que tous les passeports sont imprimés aux Comores, il est intolérable que des passeports soient vendus via d’autres circuits. Que ce soit ailleurs ou aux Comores, aucun passeport ne peut être imprimé sans que la police ne le sache.

On parle de passeports biométriques” a-t-il dit avant d’affirmer qu’il n’a jamais signé un décret pour un passeport sans que la demande ne provienne du gouvernement émirati. “La base de données est là et vu qu’il faut des empreintes pour consulter les données, la commission connait la porte à toquer”.


Pas ministre des Finances

Sambi révèle que les députés lui auraient affirmé que des passeports étaient effectivement vendus à son insu puisque ne figurant même pas dans les bases de données. Appelé à s’étaler sur l’aspect financier de ce programme notamment les 300 millions qui se seraient évaporés, Sambi est catégorique. “Je n’étais pas ministre des Finances et pourtant, seul ce dernier avait sa signature à la banque. Mamadou ou encore Ikililou ne me donnaient pas de détails et je n’en avais pas besoin.

Ce n’est quand même pas au président d’entrer dans les différents bureaux pour suivre les étapes et les procédures de toutes les opérations” a-t-il fait savoir. Non sans démordre, il continua.

 

Que je sache, je n’étais pas le président de la citoyenneté économique. Avant que l’on ne quitte le gouvernement, Dossar alors ministre des Finances est venu me dire que la Bcc refusait d’encaisser 11 milliards du moment où, cette somme ne venait pas directement d’une banque centrale. Je ne sais pas si cet argent est venu ou non. Tout ce que je sais, deux semaines après mon départ, mon successeur a donné 6 milliards à Colas pour les routes affirme-t-il.


Qu’en est-il de Bashar Kiwan et sa reconnaissance de dette? Le président d’honneur du parti Juwa informe qu’encore une fois, c’est son ancien ministre des Finances qui avait constaté des trous noirs financiers. “Dossar est venu me dire que des zones d’ombre subsistaient et que les chiffres n’étaient pas nets. Vérification faite, il s’est rendu compte que des sommes manquaient. On s’est investi jusqu’à obtenir la reconnaissance de dette de 16 millions de dollars de la part de Bashar Kiwan. Je rappelle que je ne connaissais pas ce dernier avant qu’il ne soit mandaté pour nous accompagner dans ce programme”.

Répondant à l’éventualité que des agences internet affirment vendre les passeports comoriens, Sambi s’étonne puisque “encore une fois aucun passeport ne peut être imprimé ailleurs”.

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