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Climat politique aux Comores : Mohamed Ali Soilihi sort de son silence

Climat politique aux Comores : Mohamed Ali Soilihi sort de son silence

Politique | -   Abdou Moustoifa

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Pour la première fois, après sa défaite, lors de la dernière élection présidentielle de 2016, lors de laquelle il était battu par l’actuel chef de l’Etat, Mohamed Ali Soilihi a pris la parole devant la presse. Sans chercher à dresser un bilan de l’actuel gouvernement, l’ancien vice-président, a livré ses analyses sur le climat politique régnant actuellement dans le pays, notamment après le référendum qu’il rejette du début à la fin. «Les Comoriens ont administré une leçon au régime actuel en s’abstenant de se rendre aux urnes contrairement à ce que la mouvance essaie de faire croire» a-t-il dit.

 

Le leader de l’opposition comorienne, Mohamed Ali Soilihi, a donné sa première conférence de presse dans sa résidence d’Iconi. En effet, dans presque toutes les déclarations marquant l’entrée en jeu, pour ne pas dire le réveil de  l’opposition, le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, brillait par son silence. Dans les rares événements auxquels il a pris part, il ne prenait jamais la parole. Sa dernière sortie médiatique remonte au 21 mars, jour où il a été choisi pour diriger l’Union de l’opposition.


Ce mutisme vient donc d’être rompu depuis vendredi dernier.  «J’ai reconnu ma défaite en 2016, car ma première préoccupation est la préservation de la paix dans le pays. Je n’allais pas non plus me réveiller le lendemain pour critiquer le nouveau gouvernement. Plus de deux ans se sont écoulées. Une période suffisante pour se faire une idée à la fois précise et objective de la situation politique et socio-économique du pays. Ce temps m’a aussi permis de remarquer les progrès enregistrés pour toute personne ayant un programme. Voilà pourquoi j’ai décidé de m’exprimer», a déclaré  le président de l’Union de l’opposition avant d’aborder le vif de son sujet. «Encore une fois, je ne suis pas là pour dresser un bilan», précisera-t-il de prime abord. Très vite, la situation politique s’est invitée dans le débat.

Le combat continue

L’unité nationale et la cohésion sociale doivent, selon lui, être préservées. «Il y a plus de dix ans, les Comores ont retrouvé une stabilité grâce aux Accords de Fomboni signés en 2001. Ceux-ci  mettaient fin à la crise séparatiste qui secouait le pays. Malheureusement, le changement constitutionnel engagé par le président de la République dans des conditions «illégales» va  saper ces efforts», mettra-t-il en garde avant d’expliquer que «c’est donc cette inquiétude, qui a poussé les forces vives (société civile, mouvement Amani, les partis de l’opposition) à s’unir pour contrecarrer cette réforme». Si le pouvoir continue de fanfaronner, arguant une large victoire du «Oui», Mohamed Ali Soilihi rejette le processus. Il persiste et signe qu’»il n’y a pas eu de vote». Celui qui incarne aujourd’hui la voix de l’opposition contestera avec véhémence le taux de participation avancé par les partisans de la nouvelle réforme, qui parlent de  63%. «C’est un leurre», insistera-t-il.


«Le 30 juillet, les Comoriens ne se sont pas rendus aux urnes. Tout le monde l’a constaté. Ils ont exprimé leur désapprobation par rapport à ce projet d’Azali. Observateurs et journalistes ont tous vu la réalité, au moment où ils sillonnaient les bureaux de vote. Un fait rarissime qui prouve encore plus la maturité du peuple comorien. Jamais les Comoriens n’ont montré peu d’entrain à des échéances électorales comme c’était le cas au cours de ce référendum. Le peuple a dit Non à cette réforme. L’histoire retiendra cette date», soulignera le conférencier qui, dans la foulée, a remercié la population comorienne pour avoir suivi le mot d’ordre de l’Opposition. Celle-ci avait appelé au boycott.
La preuve, poursuivait-il, des localités le témoignent à travers les ondes de radios.

D’autres s’en remettent à Dieu, selon toujours Mamadou, juste parce qu’ils s’étonnent des chiffres annoncés alors qu’ils ont boudé les urnes. «Le taux de participation réel  n’atteint pas les 10 %. Les observateurs tablent sur 20%. C’est le plafond. Il est clair qu’il y a eu des bourrages d’urnes. Mais le gouvernement veut défendre l’indéfendable», taclera l’ancien vice-président sous Ikililou Dhoinine. «Nous ne sommes pas sous l’ère de Brejnev», ironisera-t-il. Etant donné le fait que l’opposition dénonce et critique mordicus la nouvelle constitution, devons-nous s’attendre à une candidature en cas d’élections anticipées ? Là encore le mystère plane.  En attendant, si l’on croit aux déclarations de l’ancien argentier de l’Etat, l’Union de l’opposition se battra pour le rétablissement de la «légalité républicaine».


Un front uni pour mener ce combat reste la principale préoccupation de l’Union de l’opposition qui espère bénéficier des ralliements. Mohamed Ali Soilihi, qui parlait au nom des différents partis politiques prêtant allégeance à ce collectif, a également condamné l’acte barbare commis contre le gendarme Ali Radjabou. Ce dernier se trouve actuellement à l’île Maurice pour ses soins.


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