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Commentaire : Sidekina ou Si tsindekina… où va la jeunesse comorienne ?

Commentaire : Sidekina ou Si tsindekina… où va la jeunesse comorienne ?

Politique | -

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Au cours de ces deux derniers mois, un phénomène nouveau a fait son apparition dans la société. Il s’agit de la poussée, tel des champignons, de différentes associations et mouvements incarnés par des jeunes dont la majorité sort à peine de l’Université des Comores. Durant cette période dominée par les assises nationales, nombreux d’entre eux ne manquent pas d’embrasser l’initiative et demandent même la place de la jeunesse dans ce rendez-vous. D’autres se désengagent à la hâte en dénonçant une manipulation de la jeunesse. D’autres encore surfent sur la vague. Mais à quel jeu joue la jeunesse comorienne ?

 

L’élection présidentielle qui s’est déroulée aux Comores l’année dernière au terme de laquelle Azali Assoumani a accédé à la magistrature suprême du pays, sera toujours gravée dans les mémoires en raison de ses soubresauts. A part la partielle jamais organisée dans le pays, elle reste l’élection pendant laquelle la jeunesse avait battu campagne de façon spectaculaire.

A tel point qu’à l’aube du lancement de la campagne, les jeunes s’étaient reconstitués en association pour soutenir les candidats en lice. Personne n’oubliera même le fameux mouvement “Jeunesse Mamadou” qui soutenait Mohamed Ali Soilihi candidat du parti Updc.

Ces jeunes se trouvant au chômage espéraient seulement trouver des emplois dans ce pays où il faut connaitre quelqu’un de haut placé s’il on veut être embauché. Un an plus tard, l’on assiste à la création de nouvelles associations encore composées de jeunes qui sont, pour la plupart, au chômage.

“Club de jeunes pour le soutien de l’émergence”, “Jeunesse de Djandro”, “Si tsindekina”, entre autres. En gros, tous les noms sont la bienvenue quand il s’agit de donner une dénomination à une association. Mais le plus regrettable dans cette histoire est la transhumance de ces jeunes devenus versatiles à travers ces associations.


Des questions sans réponses

Ils  prennent d’assaut les restaurants de la place et organisent quotidiennement des conférences de presse. D’où viennent leurs financements alors qu’ils se réclament chômeurs ? Que veulent-ils exactement ? Autant de questions dont les réponses restent ambiguës pour ne pas dire inexistantes et qui par ailleurs renforcent le scepticisme sur les réelles intentions de ces mouvements.

Bien que le phénomène fasse tache d’huile, mais ce n’est qu’après la création durant la même semaine de deux associations des jeunes, Sidekina et Si tsindekina qui a réveillé la curiosité. Une situation inédite jamais observée sur la sphère politique où la création des partis peut survenir à tout moment.

Le premier mouvement avait organisé un grand rassemblement au début de ce mois au Foyer des femmes de Moroni. Le chef de l’Etat ainsi qu’une partie importante de son gouvernement y avaient pris part. Les gouverneurs de Mwali et Ngazidja ont également honoré l’événement.


Un mouvement d’opposition

Les jeunes organisateurs avaient dressé un tableau sur les maux qui touchent la jeunesse comorienne, chômage, stages instables, entre autres. Autant de discours qui soulignaient les attentes des jeunes dont l’avenir est beaucoup plus sombre.

A la surprise générale, un autre Mouvement portant le nom de “Si tsindekina” a été dévoilé le 12 décembre, soit quatre jours après la rencontre organisée au Foyer des femmes.
Les responsables de ce nouveau-né ont, pendant une conférence de presse, essayé de se démarquer des initiatives défendues par Sindekina. Ils accusent celui-ci de prêter allégeance à la politique du président Azali Assoumani.

Donc une opposition dans la jeunesse. Difficile de déceler à l’heure actuelle qui, parmi cette myriade d’associations, s’inquiète réellement des problèmes de la jeunesse. Et les autres jeunes qui ne se sont alignés nulle part ? Nuance.

Dans le continent africain, où la jeunesse reste au centre de toutes les attentions puisqu’elle représente plus de la moitié de la population, les mouvements citoyens qui se créent essaient tant bien que mal d’avoir leurs places.

Force est de reconnaitre leur ascension.”Y en a marre” au Sénégal, “Balai citoyen” au Burkina Faso sont aujourd’hui des références à la fois sur le continent mais aussi dans le monde entier. Et si la jeunesse comorienne cessait de se ridiculiser pour entamer une autre démarche assez mature, en phase avec l’ensemble des personnes qu’elle représente et soucieuse de son avenir ? Parce que là, peut-être, nous serions Sindekina, nous aussi.  

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