Décidément, le déversement de “5 kilos” de clous sur la piste 23 de l’aéroport régional de Bandar es Salam de Fomboni, lundi passé, ne laisse personne indifférent. Au-delà des considérations politiques, cet acte révèle une inquiétante défaillance sécuritaire aussi bien autour du chef de l’Etat qu’au sein de nos aéroports.
Lundi dernier, aux alentours de 15 heures, l’avion d’Inter’air Iles en provenance de Ndzuani avec à son bord plusieurs Comoriens, n’a pu se poser paisiblement sur le tarmac de Fomboni.
L’appareil a dû faire plusieurs tours avant que les forces de l’ordre et les sapeurs pompiers ne déblaient la piste. Il faut savoir, que le président Azali Assoumani était en attente de ce vol pour rejoindre Moroni. Plusieurs questions sont à soulever à commencer par savoir comment est-ce possible, qu’un aéroport qui accueille la plus importante personnalité du pays, ait pu être infesté par des kilos de clous avec les risques que tout cela suppose.
Si l’on comprend bien, en pleine journée, soit à 15 heures, des personnes ont eu accès libre à la piste avec plusieurs kilos de clous, ont eu le temps nécessaire pour tout déverser sur une grande partie de la piste sans que personne ne remarque quelque chose. Et dire que le président était en attente d’embarquement. Cette grosse faille sécuritaire aurait pu avoir des conséquences irréversibles.
Alors la responsabilité sécuritaire incombe à qui ? Le ministère de l’Intérieur chargé de la sécurité nationale ? La vice-présidence en charge des Transports aériens ? Les forces de l’ordre devant assumer la sécurité autour du président ? Les autorités aéroportuaires à commencer par la direction de l’aéroport insulaire, l’Aéroport international Moroni prince Said Ibrahim, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie… ? Toujours est-il qu’un tel acte ne peut se produire sans qu’aucune responsabilité ne soit engagée.
Eviter le “du déjà vu”
L’aéroport de Mwali fait souvent l’actualité pour ses nombreux manquements sécuritaires. Souvenez-vous, en cas de fortes pluies, cet aéroport souffre le martyre pour se débarrasser des eaux qui peuvent stagner plusieurs jours pour ne pas dire semaines.
Les mouvements internes aussi bien pour les embarquements que pour les débarquements sont souvent obstrués. Souvenez-vous également des cabris, chèvres et moutons qui élisent régulièrement domicile sur les pistes d’atterrissage. Des pistes qui sont par ailleurs elles-mêmes dans un état de délabrement avancé.
L’aéroport de Mwali, c’est l’absence de barrières de sécurité, une clôture insuffisante et trouée à plusieurs endroits pour faciliter le passage des pêcheurs et des habitants voulant rejoindre la mer. L’aéroport de Mwali, ce sont aussi les nombreuses habitations qui jalonnent le long de l’aéroport et qui avoisinent les pistes d’atterrissages. Contrairement aux autres aéroports, à Mwali quiconque peut s’infiltrer et parader sur le tarmac.
Face à un constat aussi alarmant, des voix s’élèvent pour réclamer que Wani et Fomboni soient rattachés à l’Aéroport international Moroni prince Said Ibrahim. Il faut dire que les structures aéroportuaires régionales accusent un manque cruel d’équipement de sécurité.
Outre l’absence d’un balisage, les pistes et les aérogares ne sont point protégés par une clôture. Pire encore, en cas d’incendie, aucun système de sécurité ne permettrait de faire face.
Les équipements de navigation à commencer par les services météo ou les radiocommunications sont inexistants. Sans oublier une capacité d’accueil limitée aussi bien pour les avions que les voyageurs. Le dernier mot revient à la directrice de l’aéroport de Mwali, Dhoienfa Ali Attoumane.
Ce genre d’acte se reproduira certainement … a-t-elle confié à Al-watwan mardi dernier.
S’il est vital de traduire ceux qui auront déversé les clous sur la piste, il est tout aussi vital que la responsabilité d’une autorité ou de plusieurs soit établie. Ceux qui ont pu se frayer un chemin, en pleine journée jusqu’à atteindre la piste, d’un aéroport qui se doit d’être sécurisé sont coupables.
Mais qu’en est il de ceux et celles qui n’ont pas pu faire en sorte que cette irruption qui aurait pu être gravissime n’ait pas lieu ? Ceux et celles qui sont censés nous protéger, à commencer par le président de la République. Qu’en est-il de ceux-là ?