Le prochain président de la Commission de l’Union africaine ne sera pas comorien. Cité pourtant parmi les candidats mieux placés pour prendre la place du tchadien, Moussa Faki Mahamat, qui a presque achevé son dernier mandat (il arrive à terme début 2025), l’ancien patron de la diplomatie comorienne, Souef Mohamed El-Amine, s’est désisté, a-t-on appris le vendredi dernier. Actuellement, seuls quatre pays de l’Afrique de l’Est, zone à qui échoit le poste, pour ce mandat de 2025-2029, sont en lice, selon une liste provisoire publiée le 7 août par l’Union africaine (UA). Il s’agit du Kenya, Djibouti, Madagascar et Maurice.
Les personnalités qui se sont positionnées sont les suivantes : Raila Odinga, ancien premier ministre kényan, Mahmoud Ali Youssouf, chef de la diplomatie djiboutienne, Richard J. Randriamandrato, ex-argentier de l’Etat malgache et enfin Anil Kumarsingh Gayan, ancien ministre mauricien du Tourisme. Les Comores n’ont pas présenté de candidature, le deadline expirant ce 6 août. Alors qu’il cochait toutes les cases, comparé aux autres profils, dont les noms circulaient, Souef Mohamed El-Amine ne va finalement pas chercher à remplacer son chef, Moussa, qui l’a nommé depuis 2022 représentant spécial en Somalie et chef de la mission de maintien de la paix (Atmis). L’intéressé n’a pas souhaité faire de commentaires. Toutefois, puisqu’une telle fonction nécessite un appui du gouvernement, on est en droit de se demander si ce désistement, malgré son statut de favori, n’est pas dû à un manque de soutien de Moroni.
Profil idéal
Polyglotte, du fait qu’il parle anglais, francais, arabe et swahili, Souef Mohamed El-Amine est souvent classé parmi les diplomates chevronnés du continent. Non seulement sa riche expérience à l’Organisation des Nations unies et à l’Union africaine, aurait pu jouer en sa faveur, mais l’ex-ambassadeur des Comores en Égypte avait déjà commencé à engranger les soutiens au sein des régions et organisations. Sa maitrise des enjeux et défis actuels auxquels fait face le continent, faisait de lui le candidat idéal pour poursuivre les chantiers lancés par l’ancien premier ministre tchadien, Moussa Faki, en poste depuis 2017 et qui doit quitter sa fonction lors du prochain sommet de février 2025. Moroni s’est retirée pour ne pas froisser des pays amis comme le Kenya et le Djibouti qui se sont déjà positionnés ? Ou les calculs diplomatiques l’ont emporté ? Nous avons essayé d’avoir des explications auprès du ministre des affaires Etrangères, sans succès.
«Pour la commission, nous avons pris du retard. Il n’y aurait eu aucune chanc», a soufflé une source gouvernementale. Certains estiment que chercher à diriger la commission, un an après avoir occupé la présidence de l’Union africaine, au nom de la région Est, serait mal vu.
Retards
Au mois de mars, une résolution du conseil exécutif a accordé la présidence de la Commission à l’Afrique de l’Est, pour les quatre prochaines années, afin de garantir une représentativité équitable entre les 5 régions du continent.Les 14 pays de la région de l’Est avaient jusqu’au 6 août, pour soumettre leurs candidatures au doyen des ambassadeurs de la région, le comorien Youssouf Ali Mondoha. L’ambassadeur de l’Union des Comores auprès de l’Éthiopie et de l’Union Africaine, les a ensuite transmis à un panel de personnalités issues des 5 régions pour étudier les candidatures.
Cette commission doit dévoiler au mois d’octobre la liste définitive des noms retenus. Une fois cette étape terminée, les prétendants pourraient entrer en campagne, jusqu’en février 2025, date de l’élection. C’est au cours du sommet annuel que les chefs d’Etats et de gouvernements désigneront le président de la Commission de l’Union africaine pour les quatre années à venir.Avec le retrait de Souef Mohamed El-Amine, Mahmoud Ali Youssouf, ministre djiboutien des Affaires étrangères depuis 2005, fait office de favori. Raila Odinga, avec son âge avancé, (79 ans) «risque de ne pas pouvoir obtenir la confiance des pays du continent», craint, un diplomate régional.