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Commission électorale nationale indépendante : Ahmed Mohamed Djaza candidat à sa propre succession ?

Commission électorale nationale indépendante : Ahmed Mohamed Djaza candidat à sa propre succession ?

Politique | -   Abdallah Mzembaba

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Les membres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) “doivent être des personnalités reconnues pour leur compétence, leur probité, leur impartialité, leur moralité, leur sens patriotique et justifier d’une expérience professionnelle avérée de cinq années au moins”, lit-on dans le Code électorale en son article 42. Ce lundi devrait avoir lieu l’élection, pour trois ans, du nouveau bureau de la Ceni.

 

A la surprise générale, Ahmed Mohamed Djaza, président de l’institution pourrait être le seul candidat à sa propre succession des treize membres de l’organe. Arrivé à son terme depuis le 5 septembre dernier, le mandat des cinq membres du bureau de la Ceni est en passe d’être renouvelé aujourd’hui.

Samedi dernier, le règlement intérieur, fait “à la hâte et nécessitant des réajustements, a dû être réactualisé”, martèle Nadjahi Allaoui, qui assure l’intérim de la présidence de la Ceni. Si les candidats aux cinq postes devraient se manifester aujourd’hui, des bruits de couloir font croire qu’Ahmed Mohamed Djaza, président sortant, est pressenti pour être le seul candidat à la présidence.

On notera que le président de la Ceni est élu “parmi les six personnalités indépendantes de grande réputation professionnelle”. Et ces personnes pouvant donc postuler à la présidence de la Ceni sont Ali Toilibou Absoiri, Ali Mohamed Youssouf, Ahmed Zainab, Saïd Mze Dafiné, Latuf Abdou, Djaza Ahmed Mohamed et Nadjahi Allaoui. On notera qu’Ali Mohamed Youssouf (actuellement à l’étranger) et Djaza Ahmed Mohamed sont poursuivis pour détournement de deniers publics. Pour le président de l’Assemblée nationale, Abdou Ousseine,

 

tant que la justice n’empêche pas Djaza de postuler à la présidence il peut candidater. Pour ce qui est de la possibilité d’être le seul postulant, on ne peut pas le lui reprocher.

 

Houmed Msaidié ne voit pas lui d’un bon œil la probable candidature de Djaza Ahmed Mohamed. L’ancien ministre de l’Intérieur, affirme  qu’”il est difficile effectivement de s’en tenir à la présomption d’innocence et la morale qui, elle dicte de ne pas postuler pour ne pas donner l’impression de vouloir influer sur la justice de par sa probable position en tant que président de l’institution”. Il ajoutera que Djaza ne devrait pas se présenter “même si dans le cas d’espèce, c’est la présomption d’innocence qui prévaut”.

Qu’en est-il de la crédibilité de l’institution et du pays si Djaza Ahmed Mohamed venait à être élu et surtout qu’il pourrait en être le seul candidat ? “Peut-être que l’esprit corporatiste l’emporte sur la morale et le bon sens. Pour ce qui est de la crédibilité, elle prendrait un coup encore une fois” martèle Houmed Msaidié.
Ibrahim Mohamed Soulé lui revient sur la probable unique candidature et de

 

la crédibilité du pays va en pâtir encore plus et s’enfoncer avec nous dans les abimes. Quant à l’institution il va de soi que cela ne va pas renforcer son image.

 

Le député de Moroni-Nord estime qu’il n’y a pas lieu d’organiser des élections si c’est pour réélire la même personne. “Il peut postuler, ce n’est pas un problème puisqu’il jouit de la présomption légale d’innocence tant qu’aucun jugement à charge n’a été prononcé à son encontre dans les faits qui lui sont reprochés”. Mais pour un juriste de la place, “c’est comme si on réhabilitait la Ceni avant même que les affaires en cours ne soient closes. Où est la légitimité dans tout ça ? C’est écrit qu’il faut une moralité et une probité sur l’ensemble des membres.

L’innocence est là mais c’est une question d’éthique et l’institution risque d’en pâtir”. Pour notre source, “il y a une procédure pénale en cours et les poursuites sont maintenues mais avec la levée de l’interdiction d’accès, on dirait que la justice abandonne les poursuites”. On notera que le gouvernement a un projet de loi du cadre légal électoral et la création d’une autre Ceni y est incluse en remplacement de l’actuelle. Affaire à suivre   

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