Le bureau politique du parti Mouroua a publié mardi dernier un communiqué sur les assises. le parti estime que les assises, initiées par le Mouvement du 11 Août, ont été
progressivement, puis totalement, confisquées par le président Azali, grâce à une succession de décrets et de manœuvres, qui vont de la désignation de l’organe dirigeant du Cpan, à la fixation exhaustive des thèmes, en passant par la nomination des membres des différentes commissions ainsi qu’à l’élaboration hâtive de l’agenda. Selon le communiqué,
le caractère précipité des délais imposés a contraint “les experts nationaux à tenter de poser un diagnostic de 42 années d’indépendance, en moins de 3 semaines, à ouvrir un débat national d’une semaine, à partir d’hier, (lundi dernier, Ndlr) avec des hommes et femmes des quatre îles qui n’ont jamais débattu ensemble sur le sujet, pour tirer des conclusions qui ambitionnent d’orienter le pays pour les dix prochaines années”.
Par ailleurs, le Mouroua pose la question pour savoir si au bout du compte, ces assises n’ont pas été chargées de réécrire l’Histoire officielle des Comores, à la mode de chez nous, “lorsque on constate que le président Ahmed Abdallah Abdérémane, Père de l’indépendance, n’a été relégué qu’à la fonction d’avoir mis en place “une véritable dictature”, tandis qu’Ali Soilih, qui a introduit pour la première fois dans l’Histoire du pays les coups d’État et les mercenaires et bâillonné avec une rare violence, le peuple et ses opposants, a été érigé en Père de la décentralisation” peut-on lire dans le communiqué.
Ce dernier mentionne également “l’impasse totale de la période du coup d’État de 1999-2002 et de ses conséquence”. Ce parti politique, souligne qu’un regard posé sur l’étape préparatoire des assises, constate
la généralisation de la confusion des genres, au point qu’on se demande si l’engouement initial était réellement le fruit d’un élan citoyen, ou le désir, pour certains, d’arrondir les fins de mois, grâce au généreux budget de 388 millions de francs, en attendant l’an 2030, où l’Émergence promise, remplira nos marmites à hauteur des autocuiseurs des pays développés.
“Le faux-dialogue va tuer le vrai dialogue”
Le parti Mouroua pointe du doigt le président de la République de s‘être “accaparé de tout le processus, tout en proclamant que c’est une initiative de la société civile” et se demande pourquoi le chef de l’État n’a pas confié sa mission de dialogue à une institution reconnue de l’État ou à un médiateur de la République, pour diriger les assises, en plaçant tous les autres acteurs sur un même pied d’égalité. Plus loin dans le communiqué, on lira que
“certains initiateurs-fondateurs de ce projet ont pris courageusement leur décision de se retirer pour ne pas cautionner ce qui se confirme être, une manipulation […]. Les Comores sont de nouveau placées devant une situation où le faux-dialogue va tuer le vrai dialogue, tout comme les bonnes Constitutions sont détruites par leur non (ou mauvaise) application ; faux prétexte pour ceux qui détiennent le pouvoir de les modifier, dans le but de s’éterniser au pouvoir, ou de prolonger leur mandat”.
Le Mouroua invite la communauté internationale à avoir bon dos, car ceux qui veulent conserver le pouvoir, sans équipe, sans projet, sans organisation, sans vision cohérente sur le long terme, […] voudront se faire passer pour les victimes éternelles des grandes puissances.
Le parti estime enfin que c’est “un drôle de dialogue qui démarre, avec des violences qui frappent les populations qui cherchent des solutions constructives pour le dépôt d’ordures, avec une partie des forces d’opposition poursuivie dans les places privées et les cours des mosquées, avec des réquisitions administratives qui empêchent les libertés d’expression et de manifestation, avec l’absence dans les assises des leaders et partis politiques de premier plan, des forces politiques, numériquement majoritaires aux dernières élections présidentielles”.
Le Mouroua estime qu’un tel entêtement des dirigeants actuels de l’État “fragilise encore plus une légitimité extrêmement précaire du pouvoir en place et ouvre une période d’incertitudes où le droit de la force continue de prendre dramatiquement le pas sur la force du droit”.