Une croissance moyenne annuelle de 2,5% à partir de 2025. Tel est l’objectif fixé par l’Union des Comores dans le cadre de sa vision d’émergence à l’horizon 2030. Le pays réunit aujourd’hui ses amis à Paris pour une conférence des partenaires au développement (Cpad). Une initiative née après la rencontre entre les deux chefs d’État comorien et français le 22 juillet dernier à Paris. Il s’agit de la cinquième conférence organisée depuis 1982. (Lire encadré).
En tout, Le pays espère lever jusqu’à 1.968 milliards de francs comoriens (4 milliards d’euros) pour financer une gamme de projets dans divers secteurs tels les infrastructures, les secteurs sociaux, les secteurs primaires et de transformation avec l’idée de générer des milliers d’emplois et renouer avec une croissance de 7,5% en 2030. Cette vision est contenue dans le Plan Comores Émergentes (Pce) décliné en projets phares, structurants et des projets sectoriels qui seront présentés aujourd’hui à l’ensemble des partenaires.
Les rédacteurs du document, composés d’économistes, de banquiers, de macro-économistes, de financiers, de spécialistes en politique de développement se disent convaincus que les projets ficelés sont de nature à concrétiser les ambitions des autorités comorienne qui souhaitent mettre le pays sur la voie de l’émergence d’ici dix ans. Les experts ont fait savoir que les projets s’alignent sur la vision de développement des partenaires bi et multilatéraux et sur la stratégie de croissance accélérée et de développement durable (Sca2d)
Un plan ambitieux
“Ce plan stratégique est le fruit de réflexions constructives, d’analyses et d’échanges avec les Comoriens. Sont détaillés dans ce plan stratégique les idées phares, les projets d’envergure qui seront les moteurs de la transformation structurelle de notre économie qu’exige la voie de l’émergence”, lit-on dans la note de plaidoyer qui précise que “le taux d’investissement atteindrait l’équivalent d’au moins 30% du Pib en moyenne annuelle. L’inflation serait contenue à un niveau inférieur à 3%”. Le Tourisme, les infrastructures économiques de base, le numérique, la valorisation des produits de rente sont au cœur de ce plan ambitieux.
Le gouvernement comorien dit compter beaucoup sur les États-partenaires, les institutions multilatérales, les hommes d’affaires internationaux pour mobiliser les investissements nécessaires, sous forme de dons ou d’emprunts, pour assurer le financement des projets identifiés comme l’a défendu, il y a quelques jours, le ministre de l’Économie, Houmed Msaidié. Il s’agit, selon lui, de créer les facilités nécessaires à la promotion des partenariats publics-privés (Ppp) à travers par exemple, les contrats de construction-exploitation et transfert connu communément appelé Bot (Build-Operate-Transfer) pour développer des grands projets qui présentent un fort potentiel de croissance.
“Nous irons à Paris pour mobiliser les États et le secteur privé international”, a-t-il souligné, défendant les opportunités d’investissements dans des secteurs stratégiques comme les infrastructures, routières, aéroportuaires, le tourisme, la gestion des déchets. “Les opportunités sont là, nous sommes optimistes quant à la capacité de lever les fonds souhaités”, a-t-il souligné.
Politiques publiques
“inefficaces et improductives”
Les Comores étaient, jusqu’ici, parmi les pays les moins avancés (Pma) de la planète avant d’être reclassées en juillet 2019 dans la catégorie inferieure des pays à revenus intermédiaires par la Banque mondiale. Le taux de pauvreté est estimé à 44% en 2014, selon des données fournies à l’issue du dernier recensement général de la population et de l’habitat (Rgph).
Le phénomène de la pauvreté des ménages persiste en milieu rural où vit une bonne partie de la population, selon le rapport 2017 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) qui souligne une baisse des investissements directs étrangers (Ide) et de l’aide publique au développement (Apd) au cours de ces dix dernières années. Le taux démographique annuel est estimé à près de 3%, à en croire des données de l’Institut national des statistiques et des études économiques et démographiques (Inseed). L’instabilité politique et institutionnelle a fait le lit de la pauvreté. Le pays est, de fait, resté souvent victime “des politiques publiques inefficaces et improductives”, d’après de nombreux études sur la pauvreté et le développement humain.
*Envoyé spécial à Paris