L’Union de l’opposition laisse entendre qu’elle n’est «nullement intimidée» par la condamnation à un an d’emprisonnement avec sursis du secrétaire général du Juwa. Hier mardi, lors d’une conférence tenue dans la matinée au restaurant Le Select, en présence de Ahmed Hassane El-Barwane, elle a réaffirmé, avec sa hargne habituelle, la poursuite de son «combat pour le rétablissement de la Cour constitutionnelle». «Quitte à être tous jetés au cachot», dira le député Ali Mhadji. «La violation de la Constitution, la privation des libertés, l’attitude de l’armée nationale et l’intrusion de la religion dans la politique», ont été les thèmes à l’ordre du jour.
«Il ne peut y avoir de développement économique et sociale sans le respect de la Constitution», dira Youssouf Boina faisant allusion à la «dissolution calculée», selon lui, de la Cour constitutionnelle. Le secrétaire général de l’Updc accuse le gouvernement de s’être «accaparé la souveraineté du peuple» en violant, avec le transfert des compétences de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême, une Constitution votée par les citoyens.
Une «honte pour notre justice»
Il déplore le fait que la Cour suprême ait accepté d’exercer des «compétences qui ne sont pas siennes» se faisant, par la même occasion, «complice du président». Pour Youssouf Boina, le décret de convocation du collège électoral pour référendum amputé du texte y afférent, ne peut qu’être «nul et non avenu». Et le référendum prévu au mois de juillet, «n’est qu’un projet bâtard».
Le leader du Front démocratique (Fd), Moustoifa Saïd Cheikh, s’étalera sur la privation des libertés. «Il ne peut y avoir de développement sans les libertés démocratiques. Or, nos libertés sont une à une bafouées», citant le cas de Barwane «arrêté pour avoir fait valoir son droit de manifester». Un droit, rappelle-t-il, inscrit dans la Constitution. Il dénoncera le traitement infligé à l’ancien ministre de l’Intérieur, «traité comme un criminel». «Les droits sont devenus des crimes pour lesquels on est jugé», déplore-t-il.
Toujours sur cette question des libertés, Ali Mhadji pointera du doigt le placement en résidence surveillée de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi par «un simple secrétaire général», «au mépris de la présomption d’innocence». «C’est une honte pour notre justice», jugera-t-il.
«Jusqu’au bout»
Le député de Hambuu y lit un dessein du président de freiner toute personne pouvant servir de rempart à sa «volonté de s’éterniser au pouvoir». L’ancien ministre de l’Intérieur, Abdou Soimadou, tout en exprimant la confiance accordée par l’Union de l’opposition à l’Armée nationale de développement, rappellera à cette dernière le «respect des valeurs républicaines», l’appellant à «être au service de la Nation et non d’un régime». «Il fut un temps où les militaires obéissaient aveuglement aux ordres, mais ce temps est révolu», dira-t-il.
A la fin de la conférence, le secrétaire général du Juwa, Ahmed Hassane El-Barwane, jusque-là resté silencieux, lancera : «Je ne peux pas être présent à cette conférence et me dérober. Je tiens à dire une chose. Rien ni personne ne me mettra à genoux. La machine est déjà lancée. Et on ira jusqu’au bout. S’il faut qu’on retourne en prison, on y retournera».