Le ministre des Affaires étrangères, Souef Mohamed El-Amine, a tenu samedi 23 décembre dernier sa deuxième conférence de presse depuis qu’il a pris la direction du ministère des Affaires étrangères, il y a cinq mois de cela. Il s’est dit à l’écoute, tout ce temps, de l’actualité aussi bien nationale qu’internationale.
“Nous ne sommes pas seuls, nous sommes tenus de suivre de près ce qui se passe ailleurs dans le monde”, dit-il. À commencer par ce qui se passe dans les pays voisins, l’Afrique du Sud notamment, où des élections ont été récemment organisées au sein de l’Anc. “La stabilité de l’Afrique du Sud ne peut avoir que des retombées positives sur les pays voisins, surtout sur les pays avec qui elle entretient des relations étroites, dont les Comores”, fait-il savoir.
Ce qui se passe aussi dans les pays éloignés. Souef Mohamed El-Amine évoquera le massacre des Rohingyas en Birmanie, les cas du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Niger, mais aussi de la Corée du Nord qui, bien qu’éloignée, “fait partie des piliers de la politique étrangère”.
“Les Comores affirment leur souveraineté en optant pour une politique de paix dans le monde”, affirme le ministre des Affaires étrangères. Il se félicite ainsi de la stabilité retrouvée au Soudan du Sud, laquelle entretient l’espoir en ce qui concerne la paix au Darfour, et plaide pour la “souveraineté du Yémen”.
Le deuxième point sur lequel il s’attardera est celui de l’environnement. Il évoquera le sommet de Rio, les Cop 21, 22 et 23, le sommet de la terre organisée à Johannesburg et, enfin, le sommet sur le climat qui s’est tenu à Paris le 12 décembre dernier à la demande du président français Emmanuel Macron.
“Etudier les causses profondes de l’immigration”
Ce dernier sommet a vu le retrait du président américain Donald Trump des accords sur le climat. Ce retrait, assure-t-il, n’empêchera pas les gouverneurs américains de continuer à appuyer les petits États insulaires, sur la question de la montée des eaux, de la gestion des déchets et de la protection des zones côtières entre autres.
Autre point qui concerne directement le président américain, celui de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et l’annonce du transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Souef Mohamed El-Amine a tenu à rappeler que le gouvernement comorien a déjà pris position sur cette question en ayant condamné, dans un point de presse, cette décision qui “empoisonne le monde entier”. La question d’Israël et de la Palestine fait l’objet de “200 résolutions” aux Nations unies, précise-t-il.
Le conseil de sécurité des Nations unies a d’ailleurs voté à l’unanimité une résolution condamnant la décision du président américain, obligeant les États-Unis à faire usage de leur droit de véto. Les Comores, à l’instar de la quasi-totalité des pays de l’assemblée générale, ont voté pour cette résolution, “malgré les pressions subies”.
L’actualité nationale est, elle, dominée par le rapatriement, jeudi 21 décembre dernier, de 89 migrants comoriens en partance pour l’Europe et jusque-là retenus dans des geôles en Libye. Un nombre que le ministre des Affaires étrangères estime peu élevé, en comparaison aux autres pays. “On ne peut arrêter la migration”, dit-il. L’idéal, selon lui, est d’étudier les causes profondes afin de pouvoir y apporter les solutions appropriées.
Il évoque, s’agissant du traitement réservé à la presse cette nuit-là, un “excès de zèle” de la part des services de sécurité, et présente ses excuses. Au sujet des 17 étudiants portés disparus au Maroc, il affirme que des investigations vont être faites, malgré les difficultés qu’il y a pour retracer leur piste.
L’actualité nationale c’est aussi la VIème Commission mixte France-Comores. Cette commission, rappelle Souef Mohamed El-Amine, se tient depuis 1978. Des accords cadres ont été signés. Cela dit, il n’y a pas eu de suivi. La dernière rencontre a eu lieu en avril 2005. Celle de 2017 s’est donc tenue 12 ans après.
Les Comores ont demandé cette année à ce que les travaux soient tournés vers la jeunesse, et ont œuvré pour la mise en place d’un comité de suivi. S’agissant de la présence des élus mahorais à cette commission, le ministre des Affaires étrangères précise que contrairement à ce qu’a laissé entendre le Comité Maore lors d’une conférence tenue jeudi 21 décembre dernier, ce n’est pas une première. Déjà, en 2005, le même Mansour Kamardine avait pris part à ladite commission.
Souef Mohamed El-Amine a tenu au passage à lever la confusion qui existe entre la Commission mixte et le Haut conseil paritaire (Hcp). La Commission mixte, explique-t-il, “concerne la coopération bilatérale avec la France, tandis que le Hcp consiste à réguler les affaires de l’île comorienne de Mayotte”.
Les élus mahorais se sont opposés à la feuille de route signée en septembre dernier estimant ne pas avoir été consultés. Il a donc été question de la participation des élus mahorais au Hcp.
Le ministre des Affaires étrangères aurait plutôt aimé que le Comité Maore lui fasse parvenir un mémorandum sur la question. Il aimerait également que les médias accompagnent les actions de l’État, que l’actualité de Mayotte “fasse partie de notre quotidien”.