Daoudou Abdallah Mohamed, arrivé en troisième position lors des récentes élections présidentielles, expose sa stratégie avec détermination : «Nous avons un plan et nous nous y tenons. Ce plan implique l’utilisation de tous les moyens à notre disposition : politiques, diplomatiques et citoyens». Le leader du parti Orange a entrepris des actions juridiques en saisissant la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, le tribunal régional de la Sadc et la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine dans le but d’obtenir l’annulation des résultats du scrutin du 14 janvier dernier. Il tient toutefois à souligner que sa démarche n’est pas entreprise en solitaire, mais bénéficie du soutien des quatre autres adversaires d’Azali Assoumani dans la course à la présidentielle.
L’ancien ministre de l’Intérieur, par le biais de son avocat Me Saïd Larifou, a déposé une requête datée du 5 février dernier auprès de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. L’objectif principal de cette démarche est de solliciter une expertise approfondie du déroulement du scrutin du 14 janvier et d’obtenir l’annulation totale des décisions N°24-001/CS et N°24-002, qui ont trait à la proclamation de victoire des candidats affiliés à la mouvance lors des élections des gouverneurs et de la présidentielle. Dans cette requête, il est expressément demandé qu’une inspection internationale et indépendante soit menée, mettant l’accent sur les «exactions et arrestations arbitraires» ayant eu lieu. L’implication de l’armée citée par Zaidou Youssouf est également citée, et toutes les preuves disponibles ont été transmises à cet effet. À la suite de cette inspection, l’ancien ministre de l’Intérieur réclame l’organisation de nouvelles élections, sous la supervision d’un nouveau cadre établi spécifiquement pour ce scrutin.
Une inspection internationale indépendante
Les détails précis de cette nouvelle structure de supervision restent à définir selon lui. En plus de la saisine de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, «nous avons également adressé des requêtes à toutes les chancelleries présentes aux Comores, ainsi qu’aux pays qui ont reconnu par erreur les résultats annoncés, ces derniers n’ayant pas eu accès à toutes les informations relatives aux triches et autres arnaques constatées». Parmi les pays cités figurent la Chine, la Russie et la Tanzanie. Parallèlement, l’ancien maire de la capitale a informé qu’ils ont écrit aux présidents français et sud-africains, Emmanuel Macron et Cyril Ramaphosa, respectivement, pour dénoncer les événements entourant ces élections.
«Concernant notre détermination, je tiens à souligner que j’étais sur le terrain et que j’ai été témoin de plus de choses que d’autres. Je suis pleinement conscient de ce que j’ai observé, et nous poursuivrons notre lutte jusqu’à obtenir justice. Je reste confiant. Nous utiliserons tous les moyens légaux à notre disposition, y compris le peuple. Il est fondamental de souligner que la Cour suprême ne saurait aller à l’encontre de la volonté et du jugement du peuple. Sa responsabilité première est de préserver la paix et la sécurité dans le pays», assure Daoudou Abdallah Mohamed. Il n’a pas non plus manqué de critiquer l’attitude de l’Union africaine, qui agit selon lui comme un «club d’amis» s’entraidant pour se maintenir au pouvoir. «Cette tendance est manifeste dans la situation actuelle au Sénégal, et nous la condamnons fermement».
En ce qui concerne la solidarité entre les candidats de l’opposition, elle demeure «intacte». «Nous avons formulé une demande pour la tenue d’états généraux post-électoraux, supervisés par la communauté internationale. Il est donc clair que nous n’entamerons pas de discussions directes avec les autorités nationales, considérant cette approche inefficace. Les échanges se dérouleront dans le cadre d’un processus sous l’égide de la communauté internationale», affirme l’ancien maire de la capitale. Me Saïd Larifou a, de son côté, souligné que la Cour suprême comorienne «a rejeté les sérieuses irrégularités constatées sur le terrain, sans motiver sa décision, ce qui constitue un déni de justice». «Il est impératif qu’une commission indépendante soit mise en place pour élucider les événements survenus. Nous sommes extrêmement confiants dans l’issue de cette démarche et espérons obtenir une réponse favorable afin que les droits des Comoriens soient respectés», a-t-il conclu.