Antoy Abdou vient de perdre sa qualité de membre de la Cour constitutionnelle pour avoir «méconnu ses obligations.» Ainsi en a décidé l’institution le 5 mai dernier. L’intéressé s’est vu signifier cette décision par ses désormais ex-collègues qui, pour motiver cette exclusion, se sont appuyés sur l’article 13 de la loi organique No 04-001 et l’article 28 du règlement intérieur de la Cour
. La sortie du livre «La Cour constitutionnelle à reformer de toute urgence», un véritable brûlot contre le juge constitutionnel, est la goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase. Antoy Abdou y dénonce «des défaillances, dérapages et des dérives».
Dans un entretien hier, à l’hôtel Badamier, sis à Voidju, avec Al-watwan, il estime que sa révocation est «logique et légale». Il s’étonne même que cette décision n’ait pas été prise un peu plus tôt, soit en décembre 2016.
Une reforme constitutionnelle
«A cette époque, j’avais clairement averti que je ne pouvais pas siéger vu les pratiques non transparentes de l’institution», nous a-t-il confié. Il appelle le président Azali Assoumani à procéder à la dissolution de la Cour constitutionnelle afin «de mettre en place des gens plus compétents qui seront élus par des grands électeurs, notamment les députés et les conseillers insulaires»
.Antoy Abdou se dit, en outre, favorable à une reforme constitutionnelle «pour adopter un régime parlementaire, avec un Premier ministre, et en finir avec les vice-présidents».
Cet ancien conseiller de Ndzuani dénonce également «les détournements de fonds, les décisions inadmissibles sur certaines requêtes et un manque de transparence généralisé à la Cour». «Après les élections de 2015 et de 2016, j’ai demandé à ce qu’on nous évalue, mais mes collègues ont refusé.
J’ai décidé de partir lorsque j’ai constaté que l’argent des élections servait à autre chose», a-t-il dit. Il a dit avoir écrit à l’ancien président Ikililou Dhoinine, à l’Union africaine, à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), mais aussi au président Azali dès sa prise de fonction.
Pour le conseiller juridique à l’Assemblée nationale, Idriss Saïd Hamada, l’exclusion d’un membre de la Cour n’a aucune incidence sur le fonctionnement de l’institution, le quorum étant de 5/7.
Et de rappeler le précédent de Bousry Ali, révoqué et remplacé par Loutfi Soulaimane. «Les textes qui régissent la Cour constitutionnelle ne font pas obligation d’unanimité et les membres actuels restent en place jusqu’à la fin de leurs mandats respectifs», a-t-il souligné.
A propos justement de mandats, il faut savoir que celui du président prend fin dans dix-huit jours et ceux des quatre conseillers au plus tard le 14 juin. Autre précision de taille : celui qui perd sa qualité de membre de la Cour (en cas de révocation) voit sa moralité remise en cause pour tout autre mandat.