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Crise au Cpan : “La politique a pris le pas sur toute conviction”

Crise au Cpan : “La politique a pris le pas sur toute conviction”

Politique | -   Mohamed Youssouf

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Représentant du secteur privé, Mahamoudou Ali Mohamed brise le silence devant ce qu’il qualifie de jeux politiques au sein du comité de pilotage. Pour lui, les politiques ont tout accaparé et les assises sont cruellement compromises. Il parle de la nomination de Sagaf au conseil d’administration de la Bic, des manœuvres politiciennes de Bianrifi Tarmidhi et de Sounhadj Attoumani. “Aucune action n’a été entreprise pour ramener les absents” affirme-t-il.

 

Trois semaines après son investiture qui a enregistré l’absence de plusieurs membres, le Comité de pilotage des assises nationales (Cpan) traverserait sa première crise suite à l’élection de son bureau.

 


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Dans un entretien accordé à Al-watwan, le patron de la Cbe et membre du Cpan au nom de la société civile a allumé la première mèche. Représentant le secteur privé dans le Cpan, Mahamoudou Ali Mohamed dénonce en premier lieu des jeux politiques qui ont sapé les efforts fournis pour donner une image positive au comité en vue de convaincre les absents de revenir.

 

Sur 45 membres initialement prévus, seuls 36 ont pris part à l’élection du bureau. Il y avait 19 représentants de la société civile et du M11 qui pensaient être en mesure de garantir la transparence et la crédibilité au sein du Cpan. Hélas, nous avons oublié que nous faisons face à des politiciens qui sont venus avec des missions et qui ont tout chamboulé.



Manœuvres politiciennes

“Dès lors, les positions et les consignes de vote ont pris une connotation insulaire” a-t-il dénoncé en premier pour confirmer le fait que les élections du bureau étaient loin d’être transparentes et libres. Selon toujours ses propos, certains voudraient faire croire qu’il n’y a pas de problème alors que “dès le début, l’absence des partis de l’opposition, des représentants de Ndzuani et surtout d’un des fervents défenseurs des assises” devait alarmer.

Mahamoudou Ali Mohamed pointe du doigt la nomination de Saïd Mohamed Sagaf au le conseil d’administration de la Banque de l’industrie et du commerce (Bic) et ce, quelques jours avant les votes du bureau du Cpan. “Il a manqué de discernement et ceux qui l’ont nommé n’ont pas aidé le Cpan puisque tout le monde lie ces deux positions.

Les agissements de nature politique vont considérablement déstabiliser le Cpan. A titre d’exemple, deux jours avant le vote du bureau, Bianrifi Tarmidhi s’est rendu à Mwali et à son retour, tous les représentants originaires de Mwali se sont convenus de voter sur instructions insulaires. L’un d’eux m’a clairement avoué cet état de fait” a-t-il continué à révéler. A en croire ses propos, Sounhadj Attoumani aurait agi de la sorte vis-à-vis des représentants originaires de Ndzuani et accuse Djaé Ahamada Chanfi, Saïd Larifou, Maoulana Charif, en somme les politiciens d’avoir pris le contrôle du Cpan.


Risque de tout chambouler

 “Ils ont même investi les commissions et seule la présidence de la commission technique est revenu à un membre du M11 parce que tout simplement, lors des votes, Maoulana Charif était en retard pourtant il lorgnait ce poste” a-t-il fait savoir. Le patron de Cbe déplore un Cpan verrouillé et des agissements qui mettent à mal la vision du président de la République sur les assises.

“Ces politiciens n’agissent pas au nom d’Azali Assoumani. Ce dernier ne risquerait pas de tout chambouler alors qu’il vise des assises irréprochables” croit-il savoir. Pour lui, il faudrait réorganiser le Cpan parce que dit-il, les assises peuvent être sauvées mais en l’état actuel des choses, “les membres du Cpan donne raison à ceux qui se sont retirés. Peut-être que ces derniers avaient des informations que nous autres ignorions”. Malgré les nombreux appels lancés pour faire revenir les absents, Mahamoudou Ali Mohamed informe que rien n’a été fait en ce sens et que même

 

une commission ad hoc censée se charger de cette question n’est toujours pas mise en place.

 

Ce dernier regretterait les tournures prises dans le Cpan qui sont source de suspicions sur la personne de Sagaf. Il affirme qu’aujourd’hui, tout le monde a basculé du côté du pouvoir et que sur 19 membres de la société civile et M11, peu sont restés fidèles à leurs positions initiales.

“Je suis pour les assises d’ailleurs je suis l’un des premiers à les avoir soutenues en 2015. Je reste dans le Cpan parce que je suis convaincu qu’on peut sauver les assises. Toutefois, si jamais je sens que ce n’est plus la peine, je jetterai mon tablier” a-t-il dit en guise de mot de la fin.


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