C’est dans une célébration historique de milles couleurs que les Comores ont fêté la Journée Maore hier, mercredi 12 novembre. La journée d’hier symbolise le 50è anniversaire de l’admission des Comores (quatre iles) à l’Onu. Des membres du gouvernement, des diplomates, des membres du Comité Maore, du conseil des sages, des jeunes, des femmes et un parterre d’enfants ont été présents au Palais du peuple pour célébrer l’unité et réclamer encore une fois le retour de l’ile comorienne de Mayotte dans son giron naturel. La cérémonie a été marquée par la présence des militants de l’unité nationale de quatre iles et surtout de Mayotte, avec Youssouf Moussa, symbole du militantisme pour l’indépendance de Mayotte.
A l’occasion, le président Azali Assoumani a rendu un grand hommage aux héros de l’indépendance. Il a par la suite souligné l’importance de la célébration de l’accession des Comores à l’Onu. «Le 12 novembre 1975, l’Assemblée générale des Nations Unies a entériné par sa résolution 3385, l’admission au sein des Nations Unies, de l’Archipel des Comores composé de Mayotte, Ndzuani, Mwali et Ngazidja», a rappelé le président avant de poursuivre que «depuis cette date, l’Onu considère que l’occupation par la France de l’ile comorienne de Mayotte constitue une violation flagrante de l’unité nationale de l’Etat comorien».
«Trouver une solution au contentieux de Mayotte»
Le président de la République a par ailleurs mis l’accent sur le devoir des dirigeants actuels et de sa génération. «Notre génération a le devoir sacré, de trouver une solution au contentieux de Mayotte, qui est la cause de ces milliers de nos compatriotes qui meurent chaque année dans le bras de mer qui sépare Mayotte et les autres iles», a-t-il déclaré. Azali Assoumani a évoqué l’unité des iles et a rappelé les liens qui nous unissent. «Notre destin est lié par l’unité géographique, culturelle, religieuse et identitaire.
Nous avons le devoir de léguer aux futures générations de Comoriens et de Franco-comoriens un héritage harmonieux, susceptible de leur offrir la possibilité de vivre et de s’épanouir ensemble, dans la paix et l’harmonie», a-t-il ajouté, proposant le dialogue «comme meilleure solution» pour résoudre le contentieux qui existe entre les Comores et la France qui occupe illégalement l’ile de Mayotte. «Nous misons sur le dialogue que nous avons entamé avec la France […], tout en y associant nos compatriotes mahorais».
Le président a également proposé de renforcer la cohésion entre les Comoriens des quatre iles en commençant par ce qui rassemble les Comoriens, à savoir «la culture, le sport, la religion» mais aussi «une meilleure circulation des personnes et des biens entre nos iles». Le président Azali est convaincu qu’on peut «rétablir l’unité de notre archipel par le dialogue, le droit, la paix et la diplomatie». Pour le chef de l’Etat, il faut se battre et gagner.
«Une cause nationale, au-dessus de tout»
«Ce combat, nous devons le mener sans haine ni ressentiment, mais avec constance et dignité. Car l’unité territoriale des Comores n’est pas une option, c’est une obligation historique et morale». De son coté, le président de l’assemblée nationale, Moustadroine Abdou, a tenu à indiquer la position de la représentation nationale pour le combat de l’unité nationale et la question de Mayotte. «La journée Maore n’est pas seulement une commémoration, c’est aussi un appel à notre responsabilité, une invitation à poursuivre le combat pacifique de la reconnaissance intégrale de notre souveraineté», devait-il préciser.
Pour sa part, le président du Comité Maore, Mohamed Monjoint, a rappelé que la date du 12 novembre est mémorable pour tous les Comoriens. «Le 12 novembre 1975, les Comores ont été admises, à l’unanimité, membre à part entière du concert des nations, libres et souveraines par la résolution 3385 (XXX) de l’assemblée générale de l’Onu», a-t-il rappelé. Reconnaissant la divergence des opinions politiques, Mohamed Monjoint a tout de même appelé à la mobilisation de tous les acteurs comoriens afin de faire de la question de Mayotte, «une cause nationale qui doit s’élever au-dessus des partis».
Le président du Comité Maore a évoqué les milliers des compatriotes victimes du visa Balladur. «Nous ne pouvons pas parler du cinquantenaire de l’occupation française sans dire un mot sur les morts du visa Balladur dont le nombre est estimé à plus de 30 000, soit près de 3 morts par jour», a-t-il déploré. Parlant des révélations de l’enquête des medias français démontrant des meurtres perpétrés par la police française aux Comores, le président du Comité Maore se demande pourquoi ne pas porter plainte auprès des juridictions internationales. Mohamed Moinjoint a appelé les autorités à abandonner le dialogue avec la France et à se retourner vers les instances internationales.
«Il est temps de dire stop ! Stop au dialogue bilatéral qui ne produit aucun résultat, à part celui d’accroitre le désarroi de la population des quatre îles des Comores et de miner notre unité nationale. Il est temps pour nous de retourner vers les instances internationales et d’inscrire la question de l’occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte à l’ordre du jour définitif de la prochaine assemblée générale des Nations Unies», a-t-il plaidé. De son côté, Youssouf Moussa, représentant les Comoriens de Mayotte, a demandé au gouvernement de sécuriser les citoyens de trois iles qui traversent la mère pour aller à Mayotte. Il a tenu aussi à dénoncer la politique française à Mayotte qui mène une campagne visant à effacer l’histoire de l’unité territoriale.
La parole à la jeune génération
Prenant la parole à l’occasion des 50 ans de partenariat entre l’Union des Comores et les Nations unies, le coordonnateur résidant du système des Nations Unies aux Comores, Tsok James Bot, a choisi d’axer son discours uniquement sur les réalisations des agences de l’Onu aux Comores. «Cet engagement, dont nous marquons ici et maintenant , se traduit par des résultats concrets, mesurables et visibles dans plusieurs secteurs clés menés avec le concours des 21 agences résidentes et non-résidentes des Nations Unies […].
Parmis les moments forts qui ont marqué la journée d’hier à Hamramba, c’est la prestation et les prises de paroles de cinq jeunes élèves formés par le Centre «Soma Center» mais aussi l’exposition du discours prononcé par l’ancien président Said Mohamed Djaffar El Macelie lors de l’accession des Comores à l’Onu le 12 novembre 1975.
