Les élus de l’île autonome de Mwali à l’Assemblée nationale et au parlement insulaire, députés et conseillers dans leur quasi-totalité, ont adressé une lettre ouverte au chef de l’Etat. A travers ce document, daté du mardi 19 juin 2018, les signataires s’opposent au projet de révision de la Constitution piloté par le président de la République.
Les députés et conseillers de l’île ont ainsi affiché leur position diamétralement opposée à celle des deux grands élus de l’île, le vice-président de la République et le gouverneur de l’île. A moins de deux semaines de l’ouverture de la campagne référendaire, les langues se délient et les différentes personnalités et acteurs politiques du pays se positionnent. C’est ainsi que l’île de Mwali ne déroge pas à la règle, notamment avec la sortie du gouverneur Fazul et vice-président Sarouma qui se sont nettement positionnés derrière le chef de l’Etat en se prononçant «Oui pour une révision constitutionnelle». Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que les autres élus de l’île descendent à leur tour dans l’arène politique.
L’acte politique peut être qualifié majeur car aucun député et conseiller élu dans l’île ne manque à l’appel. Il n’y a pas à s’étonner car la grande majorité des élus signataires du document seraient proches des positions du Mouvement du 17 février. Ce dernier défend farouchement le respect des Accords de Fomboni, ciment du Nouvel ensemble institutionnel des Comores depuis un peu moins de deux décennies. Parmi les signataires, le député Madi Bacar, considéré comme un partisan de Fazul. Mais la lettre se distingue aussi par la virulence de ton car dénonçant une restriction des libertés publiques des citoyens et des organisations politiques ; des arrestations et incarcérations arbitraires ainsi que des privations des droits civiques ; et des violations répétées de la Constitution et des lois subsidiaires.
Les auteurs de la lettre accusent le destinataire de vouloir, dans son projet de révision de la Constitution, vider le contenu de l’autonomie des îles et rompre le cycle de la présidence tournante, à mi-mandat grand-comorien. Il est accusé de violation flagrante de la Constitution dans sa lettre et dans son esprit, notamment en son article 42 qui stipule qu’aucune procédure de révision ne peut être engagée si elle porte atteinte à l’unité du territoire et à l’intangibilité des frontières internationalement reconnues de l’Union ainsi que l’autonomie des îles.
Le député Mouhidine Boura, que nous avons joint au téléphone, a esquivé de commenter la prise de position du vice-président Abdallah Saïd Sarouma lors de sa conférence de presse conjointe avec son homologue Moustadroine. Il s’est, toutefois, montré confiant d’une possible déclaration à travers laquelle les conseillers municipaux de l’île pourraient leur emboiter le pas dans les heures et jours à venir.
L’élu juge, au nom de ses pairs signataires de ladite lettre ouverte à l’adresse du chef de l’Etat, le projet de révision de la Constitution comme dangereuse car voulant mettre fin à la présidence tournante qui a apporté la stabilité au pays : d’où leur volonté de le combattre par tous les moyens légaux.