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Dialogue inter-Comoriens I Echanges vifs autour de la place et du rôle de l’opposition

Dialogue inter-Comoriens I Echanges vifs autour de la place et du rôle de l’opposition

Politique | -

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Les Délégués des partis de l’opposition et ceux du pouvoir ont eu longuement échangé sur les droits et devoirs de l’opposition, les critères de son chef de fil, le financement de l’opposition. Les membres se sont penchés sur la thématique intitulée “la place et le rôle de l’opposition de l’opposition dans la gestion du pays”. Les participants avaient à examiner en toile de fond les termes de la future loi qui devrait déterminer “le statut de l’opposition politique”.

 

Considérée, dans plusieurs pays, comme un attribut de la démocratie, de la tolérance, et de la confiance dans la capacité des citoyens de résoudre leurs divergences pacifiquement, l’opposition politique est traditionnellement (depuis des lustres) écartée dans la gestion de tous les dossiers étatiques. À part en période électorale durant laquelle leurs représentants respectifs sont autorisés par la loi, ou souvent par consensus, de faire partie des structures en charge du processus électoral. D’où, le choix de la thématique “Place et rôle de l’opposition dans la gestion du pays”.

Le financement de l’opposition

Les critères de définition d’appartenance à l’opposition, les droits et devoirs, la détermination du chef de fil de l’opposition, les mécanismes de protection de l’opposition et le financement de l’opposition sont les points saillants ayant fait l’objet des échanges entre les membres du groupe.Le consultant de cette thématique, Abdou Salami, trouve que le choix est d’actualité et ne cesse de susciter des controverses dans tout pays démocratique. “Notre pays ne peut pas vivre en marge des sociétés démocratiques. C’est une façon de créer de l’équilibre entre partis au pouvoir et ceux de l’opposition. Le choix de ce thème est en quelque sorte exigé par la Constitution de 2018”, justifie-t-il.


En son article 36, la nouvelle Constitution précise que l’opposition est reconnue en Union des Comores et qu’elle exerce librement ses activités dans les limites imposées par la loi. Par contre, le même article précise encore que “la loi détermine le statut de l’opposition politique”. Ce texte qui doit réglementer ce contre-pouvoir n’a jamais vu le jour. Selon le consultant, c’est la raison pour laquelle la thématique a été choisie.


Des droits et des obligations de l’opposition ont dominé les échanges parfois vifs entre les délégués des partis de l’opposition et ceux du pouvoir. Le financement des partis de l’opposition demeure l’un des droits soulevés et défendus par tous les participants. Pourtant, le mécanisme et les modalités de financement restent à déterminer dans la mesure où il y a lieu de se demander s’il sera question d’accompagner financièrement tous les candidats de l’opposition lors d’une élection, tous les partis de l’opposition ou plutôt leur existence tout court.


Dans certains pays, seuls les partis ayant obtenu un important pourcentage de voix, fixé au préalable, à l’issue des dernières échéances qui bénéficient d’un tel statut. D’autres se réfèrent au nombre d’élus pour décider des fonds à attribuer aux partis. Plusieurs intervenants se montrent sceptiques quant à la capacité de l’opposition à jouer son rôle de contre-pouvoir. “Il serait mieux de penser à un fonds dédié à tous les partis politiques pour éviter des difficultés à débourser le financement de l’opposition par le régime”, proposent certains participants.

Se limiter aux critiques

Autre droit proposé : l’implication de l’opposition dans les dossiers importants qui engagent le pays et non le gouvernement. Sur ce point, il est question d’informer l’opposition des grandes décisions étatiques dont le futur régime pourra assumer, gérer les conséquences. Dans certains pays, seuls les partis les plus influents sont informés des grandes décisions.Bien qu’ils ne soient pas à la tête du pays, certains partis qui ont déjà géré le pays ou qui sont mieux placés après les dernières échéances ou disposant de nombreux élus sont plus ou moins impliqués dans la gestion des grands dossiers. On peut citer, entre autres grands dossiers : la rupture de relations diplomatiques, des contrats pétroliers ou la position comorienne lors d’un vote aux Nations Unies ou dans un conflit. Le traitement réservé à l’opposition par le parti au pouvoir est aussi soulevé. “Il n’est pas démocratique de traiter les opposants, qui représentent tous un contre-pouvoir, selon qu’ils soient radicaux ou plus ou moins proches du gouvernement. En démocratie, aucune place de deux poids et de deux mesures”, réclament certains.


Les participants sont également convaincus que les partis de l’opposition doivent avoir des obligations pour mieux protéger la démocratie.
Le respect de la loi a été le principal leitmotiv de l’ensemble des participants. Par contre, il y a lieu de rappeler que, dans certains pays, les partis de l’opposition se trouvent dans l’obligation d’étaler ou de défendre leurs plans d’actions avant même des élections pour que les électeurs puissent choisir les prochains élus. “Au lieu de se limiter aux critiques, qu’ils fassent également des propositions concrètes pour gagner la confiance des citoyens”, proposent certains.


Autre point sur lequel les participants ont insisté : la loi portant sur les partis politiques. L’idée de limiter une multitude de candidatures et des partis politiques sans réelle assise a été largement contestée par certains. “Il est clair que priver des candidats ou des partis politiques de ne plus participer ou de ne plus exister, faute de pourcentage convaincant aux dernières échéances, entache les grandes valeurs démocratiques. Peut-être, ces derniers peuvent ne pas bénéficier de financement par exemple”, a-t-on proposé.

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