Le Dialogue inter comoriens, démarré le 28 février dernier, a pris fin hier à l’Assemblée nationale à l’occasion d’une cérémonie solennelle organisée en présence du chef de l’Etat, Azali Assoumani. Ce dernier a reçu, des mains du coordinateur national du Dialogue, Mohamed Toihir, le rapport de synthèse des dix axes thématiques ayant animé les échanges de ce rendez-vous solennel. La table ronde aura réuni des membres de la Mouvance présidentielle, de l’opposition et de la société civile. Dans son discours de clôture, Azali Assoumani a tenu à rendre un ultime hommage à l’ancien mufti de la République, Saïd Toihir bin Saïd Ahmed Maoulana, disparu il y a deux ans. Azali Assoumani évoque un homme qui se serait “toujours battu pour que notre pays fasse du dialogue, un outil incontournable, pour transcender mais aussi et surtout pour prévenir les conflits entre frères et sœurs musulmans”.
Les axes thématiques présentés
S’agissant des participants des débats, le président des plénières, Nassuf Ahmed Abdallah reconnait qu’ils étaient “passionnés”, avant de louer leurs “fortes implications, leurs vœux de voir des améliorations sur les textes en vigueur, dans le pays”. Le premier axe thématique du Dialogue national se penchait sur les textes législatifs et règlementaires, en lien aux échéances électorales de 2024. Certaines propositions nées des discussions du groupe comme la question de la double nationalité ou encore le système de parrainage de 3 000 électeurs pour prétendre concourir à la magistrature suprême, ont suscité des vives réactions au sein de la classe politique comorienne. Mais pour Mohamed Toihir, l’initiative de ce groupe devrait impulser, lors des prochaines élections “un climat apaisé et un esprit de tolérance et de démocratie”.
La réforme de la Commission électorale nationale indépendante(Ceni) constituait la deuxième thématique du Dialogue. Alors que le texte en vigueur prévoit 6 ans pour les 13 commissaires de la Ceni (dont le mandat est arrivé à terme depuis septembre 2020), le groupe thématique a proposé trois formes de Ceni : une première à 7 personnes, une deuxième à 9 personnes et une troisième à 11 personnes. Des mesures qui répondraient “parfaitement” à l’esprit de la thématique, qui viserait à “revoir l’organisation” de la Ceni ainsi que ses “attributions et ses modalités de fonctionnement pour parvenir à une Ceni efficiente administrativement et moins budgétivore”.
Le troisième axe thématique portait sur “le découpage électoral”.
Le groupe s’est beaucoup attardé sur la représentativité parlementaire. Les membres ont proposés un parlement à “33 élus”, contre 24 élus qui siègent actuellement au sein de la représentation nationale, conformément à la révision électorale de 2018. “Les participants ont cherché à résoudre des conflits eventuels liés à la scission des circonscriptions”, a fait savoir Mohamed Toihir. Quatrième axe thématique du Dialogue : la mise en application de la loi sur les partis politiques avait pour but d’ “institutionnaliser les partis capables de consolider les valeurs démocratiques, l’état de droit et l’unité nationale”.
Les recommandations exposées par le rapporteur du groupe lors des séances plénières, “vont dans le sens de la modification de certains articles”, afin de permettre “plus de liberté, de droit et en leur prescrivant des devoirs dans l’édification de la nation”, à en croire le coordinateur national. Le cinquième axe majeur portait sur “la place et le rôle de l’opposition dans la gestion du pays”. Lors des débats, de vives tensions ont émergé, mais on a surtout recensé une nouvelle opposition qui se veut “républicaine”. Selon l’article 36 de la constitution, “l’opposition politique est reconnue en Union des Comores, elle exerce librement ses activités dans les limites imposées par la loi”. Mais ce texte n’a cependant pas, aux yeux des membres de l’opposition, établi leur réel statut, et c’est vers quoi se sont orientés les travaux du groupe.
Le président de la République, espère “voir une opposition dynamique, et constructive, se mettre en place, et jouer un rôle actif dans le développement de notre pays, tout en bénéficiant de la place qui lui revient de droit”. Rappelons que les recommandations de ces cinq axes thématiques remises au chef de l’Etat, devraient être “traduites en actions dans les meilleurs délais”, devait promettre le président.Pour les cinq derniers qui “n’ont pas pu bénéficier d’un examen attentif lors des débats”, ils seront suivis et mis en œuvre par “une structure permanente” du Dialogueaxes, ils bénéficieront d’un complément de reflexion et d’analyse sous la supervisions d’une structure permanante de suivi du dialogue.
Housni Hassani