Le chef de la délégation des partis du pouvoir, Sounhadj Attoumani, a dit « regretter» le retrait de l’Union de l’opposition du dialogue inter-comorien. Le co-président du dialogue a déclaré que dans le cadre du premier point de l’ordre du jour établi pour le dialogue, qui porte sur les mesures d’apaisement, le pouvoir a déjà commencé à démontrer une volonté de faciliter le bon déroulement des débats. Il a cité, entre autres, l’arrêté de la Cour suprême suite à la demande de l’exécutif de Ngazidja, le décret présidentiel mettant en place la Commission nationale des droits de l’homme et la décision du ministre de l’Intérieur abrogeant l’arrêté de l’ancien ministre de l’Intérieur, Ahmed Hassane El Barwane interdisant les manifestations sur la voie publique sans autorisation. «Toutes ces mesures expriment de manière claire la volonté d’un apaisement pour poursuivre le dialogue», a-t-il insisté. Et pour le secrétaire général du parti Radhi, Houmed Msaidié, «les demandes de l’opposition de forcer la main au président de la République pour léguer le pays à l’Union africaine ne sont pas réalisables».
A l’entendre, «il n’est pas question que le président de la République signe un décret dont l’Union africaine fera partie prenante au dialogue inter-comorien. Mais si les deux parties jugent nécessaire que l’organisation panafricaine soit conviée, elles le feront à travers une demande du gouvernement». L’Union de l’Opposition est aux antipodes. Jugeant que les mesures d’apaisement, «ne sont pas au rendez-vous », elle a pris la décision de claquer la porte et décide se retirer officiellement des débats. Un point de vue qui n’est pas partagé par la mouvance présidentielle qui affirme que le pouvoir prend des mesures censées faciliter le bon déroulement de ce dialogue. A moins d’une trentaine de minutes de la reprise des échanges à l’hotel Le Retaj avec la mouvance présidentielle, sa délégation a quitté la salle et, par une déclaration à la presse nationale, annonce son retrait officiel de la table des négociations pour un «non-respect des mesures d’apaisement». Ce n’est pas la première fois que la délégation de l’opposition se retire des discussions. Il y a quelques jours elle avait sonné son retrait du dialogue inter-comorien initié par l’Union Africaine.
Forcer la main au président de la République
Le chef de la délégation de l’opposition, Youssouf Boina, a fait savoir que les agissements, ces derniers temps, du pouvoir ne sont pas de nature à faciliter la poursuite du dialogue. Il a cité la «fermeture de Radio Ngazidja», le «décès d’un jeune qui vient de sortir de prison à Ndzuani» et la «pression exercée par le pouvoir pour la levée de l’immunité parlementaire de quatre députés». Selon Youssouf Boina, les autres raisons de leur retrait seraient liées au projet de décret qui devrait être signé par le président de la République pour formaliser la mise en place du cadre de dialogue. Explication : l’opposition a sollicité que l’Union africaine soit inscrite en tant que facilitateur du dialogue, mais également la société civile mentionnée comme étant partie prenante. Des demandes qui, aux yeux de la mouvance présidentielle, n’étaient pas légitimes.
Quant à la question de la participation de la société civile dans ce dialogue, la mouvance présidentielle juge que cette société civile a une partie prise, c’est pour cette raison qu’elle a proposée que si celle-ci prend part, qu’elle soit représentée par des proches de la mouvance et de l’opposition. «Sinon elle n’a qu’à attendre les élections pour jouer son rôle de gardienne de la transparence», précise le leader du Radhi. Par rapport aux questions liées à la justice, notamment la demande du parquet de la République de Moroni pour la main levée de l’immunité parlementaire à quatre députés, Houmed Msaidié a fait savoir que ce ne sont pas des questions qui reviennent aux parties prenantes au dialogue. Mais ce qu’elles peuvent faire c’est de saisir le gouvernement pour accélérer les procédures des enquêtes judiciaires.