Le chef de l’Etat a émis le souhait d’organiser un dialogue national réunissant tous les partis politiques et différents acteurs du pays, quelle est votre opinion sur le sujet ?
Je suis pour le dialogue national. Toutefois, j’ai beaucoup de nuances quant à la manière dont celui-ci a été annoncé et je ne partage pas la stratégie engagée dans la procédure. Le chef de l’Etat n’avait pas à désigner les membres. J’aurais par exemple préféré qu’il nomme un médiateur neutre ce qui aurait mis l’ensemble des acteurs de ce dialogue à l’aise. C’est là où se trouve ma nuance. Je ne partage pas non plus la position de l’opposition notamment le rejet catégorique de sa présence dans ce dialogue. Je remercie le chef de l’Etat d’avoir eu l’idée d’un dialogue, car cela prouve qu’il est conscient qu’il y’a des difficultés. Et il y’a effectivement des difficultés liées notamment à la vie chère, mais pas que. Plusieurs éléments méritent d’être débattus et ce dialogue est donc l’occasion pour chaque partie d’apporter sa vision.
A vous entendre, vous reprochez au chef de l’Etat le choix du coordinateur du dialogue national. En quoi c’est un mauvais choix ?
Il ne s’agit pas de critiques envers Mohamed Toihir lui-même. Je ne rentre pas dans le débat sur ses capacités à mener ce dialogue ou pas. D’autant que Mohamed Toihir fait partie des hauts cadres de ce pays. La question est de savoir s’il inspire confiance ou non à l’opposition. Je pense que le coordinateur est un élément qui devrait venir derrière le médiateur car il faut quelqu’un capable d’emmener les deux clans à la même table. Je pense que la personne censée mener ce dialogue devrait être désignée par les participants.
L’une des conditions exigées par les membres de l’opposition avant d’accepter ce dialogue est la libération de tous les «prisonniers politiques». Quelle est l’autre stratégie à adopter si cette doléance finit par tomber dans une oreille sourde ?
Mon point de vue sur ce cas bien précis est le suivant : moi je demande que justice soit faite pour toutes ces personnes soupçonnées et dans les meilleurs délais. Comme ça, la population sera informée et que celui qui est reconnu coupable soit enfermé et l’innocent relâché. Et, c’est selon moi, cet argument que l’opposition devrait mettre en avant. Moi, je vois les choses autrement et je pense que le fait de les laisser comme ça sans jugement décrédibilise le gouvernement.
Mhoudine Yahaya