«Je tiens à recadrer les propos rapportés par La Gazette des Comores dans son numéro du 15 juillet et repris par Al-watwan dans son édition du lendemain à propos de la tenue d’un dialogue national que toutes les tendances appellent de leurs vœux, que cela soit l’opposition politique, la société civile qui a pris des engagements de lutte pour l’avènement d’un Etat de droit, le gouvernement ou les partis qui soutiennent le gouvernement», a, d’emblée, déclaré le président du G10, Mohamed Abdouloihab, le samedi 17 juillet dans les locaux d’Al-watwan.
Une force de propositions
Jeudi dernier, des Comoriens apprenaient, par voie de presse que cette coalition de partis issus de l’Alliance de la mouvance présidentielle (Amp) posait un préalable à la tenue de ce grand événement : «pour commencer, il faut libérer par grâce présidentielle tous les prisonniers politiques mais aussi qu’il y ait une loi d’amnistie pour libérer ceux qui ne sont pas jugés et qui ont un grand poids dans ces négociations». L’ancien président de l’île de Ngazidja nie avoir tenu pareil propos.
Le monde politique s’agite autour de la tenue d’un dialogue inter-comorien. Le G10, au vu de ce qui ressort en filigrane de sa conférence, souhaite vraisemblablement se positionner en force de propositions. Son chef croit savoir que si tous les acteurs politiques sont favorables à ce dialogue, c’est qu’ils admettent l’existence d’un problème. «Maintenant, il faut cerner ce problème, mettre un contenu à ce dialogue et nous mettre à table», a-t-il proposé. Il faudrait, toujours selon lui, que toutes les questions puissent être débattues sans tabou. Que le dialogue se fasse sans préalables de la part de tous ceux qui y prendront part. Les conditions posées sont nombreuses et variées du côté de l’opposition comme du pouvoir, chaque camp ne voulant pas lâcher du lest alors que dans toutes les négociations, il faut que chaque camp soit prêt à des concessions.
Par exemple, «pour l’opposition, les institutions ne sont pas celles qu’il aurait fallu avoir et sont issues d’un processus qui n’est pas louable, mauvais référendum, mauvaises élections par conséquent, ces tendances soutiendraient que le dialogue qui aura lieu devrait se tenir sans le gouvernement en place, c’est en tout cas la déclaration du Front uni», a indiqué Mohamed Abdouloihab. «Deuxième élément toujours concernant l’opposition, le dialogue devrait être l’œuvre de la communauté internationale».
L’opposition, à l’entendre, pose comme préalables «la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés, une pleine liberté d’expression», etc. Pour ce qui est du gouvernement, toujours selon notre interlocuteur, «l’opposition devrait prendre à ce dialogue sans conditions».Quant au G10, il penche «pour un dialogue inter-comorien sans tabou, qui devra intéresser toutes les parties prenantes, la communauté internationale viendra en appui si le besoin se fait ressentir et à la demande du gouvernement comorien», a-t-il tranché.
«L’Amp doit être secouée»
Si le G10 réfute l’idée même de prisonniers politiques, il considère en revanche que «toutes les personnes en détention méritent qu’on évoque leur libération lors de ce dialogue», a longtemps expliqué cet ancien ministre de la Justice. «En outre, a-t-il poursuivi, il est tout à fait possible de demander au chef de l’exécutif de faire usage des procédures prévues par la loi telles que la grâce présidentielle pour ceux qui sont en train de purger une peine ou au parlement pour une loi d’amnistie pour ceux dont le dossier est en cours d’instruction.
Le G10 appelle à faire usage aux mécanismes prévus par la loi en lieu et place d’une quelconque immixtion par le pouvoir exécutif dans le fonctionnement de la justice pour tout ce qui touche à la libération des détenus.Ce courant de pensée qui se situe aux antipodes de celui de l’Amp se positionne pour donner le « la » au futur dialogue national et voit déjà les élections de 2024. Au cours de notre entretien, Mohamed Abdouloihab en a profité pour faire savoir que le mandat de l’actuel bureau de l’Amp est arrivé à terme depuis le 18 juin dernier. «Dans tous les cas, il nous faut au moins un débat structurel, ce qui est sûr l’Amp doit être secouée». Ambiance.