Le président de la République s’est exprimé, vendredi 27 décembre, comme chaque fin d’année, devant les élus de la Nation à l’occasion de son traditionnel discours sur l’état de l’Union. Les solennités étaient symboliquement au rendez-vous au Palais de Hamramba. L’adresse a eu lieu en effet en présence du président par intérim de l’Assemblée nationale, Mohamed Ahamada Baco, du mufti Saïd Aboubacar Abdillah Djamalilali, du président de la Cour suprême, Cheikh Salim Said Athoumane, de la première dame, Ambari Darouech Azali, des gouverneurs des îles, des membres de son gouvernement et de son cabinet ainsi que des ambassadeurs en poste à Moroni, entre autres.

Le chef de l’Etat a entamé son discours par un rappel de la tragédie qui endeuille toujours le pays, à Mayotte plus particulièrement. «Mes pensées émues, vont à l’endroit des familles et des proches des disparus, à celles et ceux qui ont été blessés ou affectés ainsi qu’à la Nation Comorienne toute entière», a-t-il souligné en préliminaire. « Je prie aussi et surtout pour la résilience de nos frères et sœurs mahorais, tout en saluant la solidarité extraordinaire manifesté par nombreux de nos Compatriotes de l’archipel, de la Diaspora, de la société civile et du secteur privé, en ces moments d’affliction et d’épreuve », a-t-il imploré.

La résilience du pays

Azali Assoumani est revenu, pendant 1h 20, sur tous les aspects de la vie politique et socio-économique, énuméré les actions entreprises et souligné les chantiers en perspective dans les différents secteurs de développement. Il s’est félicité de la résilience du pays et affiché un air d’espoir quant à sa capacité à surmonter les défis présents et futurs. A l’entendre, le pays doit d’abord compter d’abord sur lui-même. «Personne d’autre, ne viendra développer notre pays à notre place. Nous devons le faire nous-mêmes », a-t-il souligné.

Reconnaissant « un long chemin à parcourir, pour répondre pleinement aux aspirations légitimes de notre peuple », le chef de l’Etat a tout de même défendu un bilan teinté de fierté et d’espérance, insistant sur «les nombreux progrès enregistrés» dans de nombreux secteurs, citant l’Education, la Santé, l’énergie, l’économie et les finances publiques, l’appui à la création d’entreprises, les infrastructures ou encore le sport avec les performances de l’équipe nationale de football qualifiée pour la deuxième fois en trois ans à la prestigieuse Coupe d’Afrique des Nations.

S’agissant de l’Education, le président de la République a rappelé les actions entreprises visant à améliorer la gouvernance à l’université des Comores, les moyens mobilisés pour permettre à l’institution de répondre aux attentes du pays en matière de formation et de recherches avant d’annoncer «la tenue prochaine des Assises nationales de l’éducation pour, entre autres, améliorer la qualité́ de l’enseignement, augmenter le taux de réussite aux examens nationaux, pour un meilleur avenir des générations présentes et futures de notre pays ». Divers chantiers de réhabilitation, de construction et de mise aux normes d’infrastructures scolaires sont engagés dans les îles avec comme finalité d’améliorer l’environnement scolaire.

«Des efforts enregistrés»

Côté santé, outre la maîtrise de l’épidémie du choléra et les mesures préventive prises contre la variole du singe, le chef de l’Etat note avec fierté des actions visant à renforcer le système de santé national par la construction d’un nouvel hôpital, la mobilisation constante des ressources qualifiées en la matière et le renforcement des plateaux techniques des structures sanitaires existantes sur l’ensemble du territoire.

«Les efforts se poursuivent pour permettre à la population de bénéficier de soins de santé de qualité avec l’opérationnalisation très prochaine du Centre Hospitalier El-Maarouf, après la réhabilitation et la mise en service de l’hôpital de Bambao à Anjouan, celle du Pôle de santé de Mohéli et son équipement et très prochainement la mise en place de l’Assurance Maladie généralisée », a-t-il indiqué.

S’agissant de l’énergie, Azali Assoumani a, encore une fois, insisté sur la politique du mix énergétique engagée depuis 2019 et les retombées en matière de réduction des coûts d’exploitation et de respect des engagements environnementaux internationaux. «Des investissements ont été réalisés et vont se poursuivre dans le renouvellement des équipements, avec un accent particulier sur le développement des énergies renouvelables», a indiqué Azali Assoumani, ajoutant que tout cela consiste à «mettre fin aux désagréments causés à la population mais aussi pour soutenir davantage les investissements dans les secteurs privé et public, y compris le secteur informel ».

Il s’est félicité des résultats enregistrés par le pays. «Nous sommes en effet, engagés depuis 2020 dans la vulgarisation de l’énergie photovoltaïque, comme ce fut le cas avec les parcs solaires de Pomoni à Anjouan, de Ndrodroni à Mohéli, de Foumbouni à Ngazidja, et, il y a quelques jours celui de Mitsamiouli et très prochainement à Oichili Dimani In-Sha-Allah », avant de rappeler le combat de l’accès à l’eau potable. «Des efforts considérables sont menés pour faciliter l’accès de la population à l’eau potable, dont le taux qui est passé de 15 à 33%, avec comme objectif un taux de 62% en 2027».

Le président de la République, côté économique, n’a pas omis de mentionner les conséquences de la Covid-19 mais aussi les autres catastrophes naturelles survenues et qui ont eu un impact négatif sur l’ensemble de toutes les économies mondiales. Il s’est félicité d’un début prometteur pour l’économie nationale. «Il faut souligner qu’en dépit des évènements exogènes survenus cette année et plus particulièrement, le passage de la tempête tropicale Hidaya et l’épidémie de choléra, l’activité économique de notre pays s’est améliorée, avec un taux de croissance projeté à 3,3%, en hausse par rapport à 2023 où l’on avait enregistré une croissance de 3,1% », a indiqué Azali Assoumani.

Rappelant justement la vulnérabilité du pays, le président a lancé un appel à la conscience collective et à la solidarité internationale, «à privilégier une économie résiliente, qui pourra répondre aux attentes d’un pays insulaire, particulièrement vulnérable, car exposé à des aléas climatiques tels que les cyclones, les séismes, l’élévation du niveau de la mer et les éruptions volcaniques». Il poursuit en précisant que les politiques de développement doivent prendre en compte le niveau de vulnérabilité du pays et que tout devrait être fait «dans nos stratégies futures afin de réussir dans la réalisation de nos objectifs de développement et de croissance ».

Sur ce volet, le chef de l’Etat a fait mention de «l’apport considérable de notre Diaspora, dans cette dynamique de croissance engagée, notamment à travers leurs transferts d’argent et les divers projets d’investissement qu’ils réalisent dans notre pays commun, en particulier par les jeunes de la Diaspora», ajoutant que « leurs actions salutaires aident à améliorer les conditions de vie de notre population, notamment en cette conjoncture faite de vie chère, et elles continueront à bénéficier de mon soutien et de celui du gouvernement et du soutien de nous tous ».

« 3 500 nouveaux emplois»

Dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche, Azali Assoumani affirme que «notre objectif est l’autosuffisance alimentaire aux Comores ». Il soulignera «la construction et de la réhabilitation des pistes rurales, de la fourniture d’équipements agricoles et de la signature de contrats de subvention avec l’Uccia et les trois chambres consulaires, pour renforcer les capacités d’appui au développement de la commercialisation des produits nationaux». Mais aussi «l’acquisition d’équipement en faveur la Direction générale des ressources halieutiques (Dgrh)» pour répondre aux défis posés dans le secteur en contribuant à la promotion des activités des acteurs.

En matière d’emplois et de création d’entreprises, le chef de l’Etat annonce « 3 500 nouveaux emplois» qui «ont été créés en 2024 par les entreprises avec les subventions de l’Etat, à travers des appels à projet», affirmant que « ceci vient consolider les résultats enregistrés les années précédentes en matière d’entreprenariat et de création d’emplois ». Il ajoute : «En effet, de 2016 à 2024, 16.000 entreprises ont été créées suivant le nombre d’entreprises enregistrées au Registre du Commerce». Azali Assoumani, se fondant sur des chiffres fournis par l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (Anpi), annonce «22.000 emplois» qui «ont été créés durant la même période selon les données».

Le président, dans cet élan de promotion de la croissance économique, promet de «favoriser un meilleur accès de la population et du secteur privé, à de nouveaux services bancaires », se félicitant des préalables enregistrées, notamment «la modernisation du système national de paiement, la création d’une Société de Garantie Comorienne qui va faciliter l’accès au crédit des jeunes porteurs de projets productifs du Pce, de la facilité de garantie importation destinée aux opérateurs économiques et du crédit-bail au secteur privé en faveur des équipements de production».

Azali Assoumani s’est félicité de la conclusion d’un nouveau programme avec le Fonds monétaire international (Fmi) et les réformes entreprises pour améliorer les ressources budgétaires du pays, se félicitant de la régularité du paiement des salaires des agents de l’Etat. «Nos relations avec les Institutions de Bretton Woods continuent de se consolider, avec entre autres, la poursuite des réformes économiques dans le cadre du programme avec le Fmi.

Nous venons, en effet, de valider la 3ème revue et un décaissement de la 4ème tranche a eu lieu ces dernières semaines », a-t-il souligné, précisant que «les progrès macroéconomiques obtenus ces dernières années ont valu à notre pays, un classement des Pays les Moins avancés au rang de la tranche supérieure des Pays à Revenus Intermédiaires, par la Banque mondiale».

L’autre aspect évoqué par le président est l’amélioration du Pib par habitant et les efforts à consentir pour maintenir ce rythme dans le cadre de la stratégie de lutte et de réduction de la pauvreté. « Alors que le Produit Intérieur Brut par tête d’Habitant est passé de 1300 dollars en 2015 à 1800 en 2023, les estimations le prévoient à plus de 2000 dollars en 2024, soit une augmentation de 53% en 9 ans avec une moyenne de 5% par an», a indiqué Azali Assoumani.

S’agissant des infrastructures, le président affirme que «l’année 2024 a été une année de grands défis avec la poursuite des investissements dans les secteurs clés du Pce, notamment la construction des infrastructures sociales, économiques, routières, portuaires et aéroportuaires dans les trois îles», citant le Chu El-Maarouf «que nous comptons inaugurer en 2025». Azali Assoumani loue la singularité du futur hôpital «qui sera une référence, en termes de soins de qualité et qui va permettre de réduire considérablement les évacuations sanitaires, qui coûtent extrêmement chères à nos compatriotes et qui constituent un manque à gagner pour le pays ».

Le projet de corridor maritime

Dans cette même lancée, Azali Assoumani a rappelé les projets de construction des ports pour faciliter la circulation maritime. Il saluera ainsi, «le démarrage du projet du corridor maritime de 100 millions de dollars, financé par la Banque africaine de Développement (Bad) et qui va désenclaver le pays sur le plan maritime et le doter d’une zone franche économique». Le port de Bwangoma en chantier à Mwali, la construction de trois petits ports et l’acquisition de bateaux sont cités parmi les actions qui permettront au gouvernement de booster le secteur maritime et faire du développement des flux commerciaux entre les îles une source de croissance.

Le président a rendu hommage aux partenaires bi et multilatéraux, appelle à tirer profit avantages de l’intégration économique, et demandé le renforcement du dialogue public-privé pour accélérer les réformes nécessaires à un développement inclusif. Il s’est félicité des initiatives visant à renforcer la confiance entre le public et le privé.

« Je voudrais saluer ici la qualité de notre partenariat avec le secteur privé, qui s’est renforcée ces dernières années avec un dialogue public-privé productif, comme celui qui s’est tenu le 12 décembre dernier, à l’occasion du Forum 2024 du Dialogue Public-Privé », a souligné Azali Assoumani, ajoutant que «les actions conjuguées du gouvernement, du secteur privé et du secteur bancaire» contribueront à « une baisse de l’inflation en 2025, et relancer ainsi le pouvoir d’achat de notre population».

Le chef de l’Etat a également rendu hommage à la diplomatie comorienne : présidence de l’Union africaine, Omc, ZleCaf, G20, réforme de l’architecture financière mondiale, Economie bleue, consultation sur la Masculinité positive et bien d’autre grands évènements et forums internationaux organisés sous les auspices de l’Union des Comores.

« Aujourd’hui, j’entends poursuivre ces efforts et les consolider par une diplomatie économique, qui servira de levier de croissance, pour notre pays, notamment dans le cadre de la ZleCaf ou de la Commission de l’Océan Indien dont notre pays pourrait assurer la présidence en 2025», a dit Azali Assoumani. Côté international également, le président a dénoncé les massacres à Gaza et a appelé à la fin du conflit, demandant une solution à deux Etats.

«Nous condamnons avec vigueur et à nouveau, la guerre menée par Israël, dans les territoires palestiniens, mais aussi au Liban et en Syrie, ainsi que les déplacements forcés des populations à Gaza et en Cisjordanie, tout en appelant à la création d’un Etat Palestinien vivant côte à côte avec l’Etat d’Israël, la seule solution pérenne à ce long conflit».

Les Jeux des îles 2027

Le chef de l’Etat compte faire des 12eme Jeux des îles de l’Océan indien, «un évènement majeur de haute importance» au service de la promotion du pays dans la région et dans le monde. «Le lancement des travaux pour la construction du village olympique, en annexe au Stade Omnisports de Malouzini, qui doit abriter ces Jeux, aura lieu en cette nouvelle année 2025 et sera suivi par la construction de beaucoup d’autres infrastructures», a-t-il dit.

«Ce sera une première, tous les pays de la zone ont organisé ces jeux, nous devons être à la hauteur pour faire encore mieux que les autres », a-t-il souligné, avant de revenir sur les performances des Cœlacanthes et son engagement à mobiliser toute l’énergie pour toujours faire rayonner le pays.

«Nous devons réussir la tenue de ces jeux qui seront, sans nul doute, un autre moment de ferveur et de communion, après l’engouement causé par la qualification de nos Cœlacanthes// et les espoirs légitimes de les voir réussir par leur parcours à la Can 2025, une autre page de l’Histoire de notre pays», a dit Azali Assoumani.