Le chef de l’Etat s’est adressé, vendredi dernier, aux Comoriens depuis l’Assemblée nationale pour, comme le veut la tradition, faire le point sur l’état de l’Union et présenter ses vœux à la population à l’occasion du nouvel an. Azali Assoumani a fait le tour des secteurs mais s’est focalisé beaucoup plus sur l’apaisement et la paix. L’allocution solennelle a eu lieu en présence du président de l’Assemblée nationale, Moustadroine Abdou, du président de la Cour suprême, Cheikh Salim, de la première dame, Ambari Darouech et des membres du gouvernement. Le président, en défenseur de la cohésion nationale, félicitant l’opposition pour sa participation aux élections, a encore une nouvelle fois demandé aux acteurs politiques et aux leaders d’opinion à faire front contre les discours de haine et de division.
Union africaine, G20, Fmi…
«Je remercie en particulier, nos frères et sœurs de l’opposition, qui, par leur engagement, leurs propositions et leur implication, contribuent à renforcer le climat d’apaisement dans notre pays et à favoriser le déroulement serein du processus électoral en cours», a dit Azali Assoumani. «Je voudrais néanmoins, leur demander d’unir leurs efforts aux miens, pour faire barrage aux discours de haine de ceux qui prônent la violence et le chaos», a-t-il ajouté, mettant en garde toute tentative de désordre et d’indiscipline. «J’attire respectueusement l’attention de tous et je dis solennellement, que l’Etat, prendra toutes ses responsabilités et mettra tous les moyens institutionnels et juridiques à sa disposition, pour prévenir et stopper tout acte de nature à troubler l’ordre public ou mettre en péril la paix, la sécurité et la cohésion sociale dans notre pays», a-t-il prévenu.
Présidence comorienne de l’Union africaine, G20, Palestine, programme avec le Fonds monétaire international (Fmi), le président de la République, devant les élus de la Nation, est revenu sur les grands moments marquants de l’année 2023. «Je voudrais saluer la présidence comorienne de l’Union Africaine, qui est une première dans notre pays, et souligner qu’elle a marqué une nouvelle ère dans l’évolution de l’Union des Comores et la façon dont elle est perçue dans le monde », a souligné le président qui n’a pas caché sa fierté et celle d’une Nation qui a pu se hisser avec génie sur le toit du continent africain et prendre part aux grandes réunions sur la gouvernance mondiale.
«Peu de gens croyaient en la capacité de notre pays, classé parmi les Petits Etats Insulaires en développement, à assumer une telle responsabilité, et plus particulièrement, dans un contexte particulièrement difficile où notre continent, l’Afrique, fait face à des nombreux défis aussi bien sécuritaire que sanitaire et climatique», a-t-il rappelé. «Nous avons pu ainsi, prouver que notre nation a également les compétences et les ressources humaines requises pour faire entendre la voix de l’Afrique sur la scène internationale», a mentionné Azali Assoumani, soulignant l’honneur fait à l’Union des Comores de porter le drapeau du continent lors de la première rencontre du G20 en présence de l’Afrique en tant que membre à part entière.
Les massacres à Gaza
Le président n’a pas manqué de déplorer « les conflits fratricides » qui tenaillent le continent et qui constituent des freins à la réalisation des aspirations légitimes des populations en matière de gouvernance démocratique et de développement socio-économique. Il soulignera les pas franchis par les dirigeants africains à concrétiser le rêve d’un marché commun et à faire de celui-ci un levier de croissance et un pourvoyeur d’emplois au profit de la jeunesse africaine. «A l’approche de la fin du mandat, beaucoup reste encore à faire et notamment la finalisation de la mise en place de la Zone de Libre-échange continentale africaine, qui une fois acquise servira sans nul doute, de levier de développement pour le continent dans son ensemble, mais de nombreux acquis ont été obtenus et notamment la ratification du Traité de la Zlecaf, par de nombreux pays qui hésitaient encore à le faire», a-t-il souligné.Le président notera la résilience du pays face aux multiples chocs que subissent les Etats fragiles comme les Comores.
«Il appartiendra au prochain élu à la magistrature suprême de notre pays, de faire le cadrage macroéconomique dont le pays a besoin, dans cette phase cruciale de son évolution et assurer la continuité de l’Etat, notamment pour consolider les acquis et réussir la mise en œuvre du Plan Comores Emergents», a-t-il indiqué, se félicitant du « classement de notre pays en 2019, par les institutions de Brettons Woods, parmi les pays à revenus intermédiaires» et surtout «la conclusion d’un accord quadriennal au titre de la facilité élargie de crédit (FEC, Facilité élargie de crédit) et du DTS (Droits de tirages spéciaux, ndlr)» qui, selon lui, «sont également de bonne augure».
Le chef de l’Etat se dit consterné par les actes de barbarie dénoncés par les Nations-Unies et perpétrés contre les civils dans la bande de Gaza. «J’exprimer ma condamnation des massacres qui se déroulent sous nos yeux à Gaza et les territoires palestiniens occupés et ma consternation face à la passivité, parfois complice, de certains acteurs de la communauté internationale», a dit le président. «L’Union des Comores, se joint au monde épris de paix et de liberté, pour appeler à la fin des bombardements sur les hôpitaux, des coupures d’eau et de courant et des attaques meurtrières de l’Armée israélienne, dont sont victimes les civils, les personnes âgées, hommes et femmes, et les enfants, ainsi que le très grand nombre blessés enregistrés et les destructions massives des infrastructures vitales», a demandé Azali Assoumani.
«Nous appelons à la fin de la colonisation, des déplacements forcés des populations à Gaza et en Cisjordanie, et à une solution pérenne à ce long conflit, qui reste le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, à la résistance contre l’agression et à l’occupation, au retour des réfugiés sur leurs terres et de former un Etat Palestinien ave Al-Qods pour capitale», a-t-il insisté.
Des élections dans un climat apaisé
Et lui d’appeler à une élection libre et transparente le 14 janvier prochain. «La mise en place de la Coordination du Dialogue National inter comoriens pour renforcer la paix, la stabilité et la cohésion sociale et la promotion de la démocratie a contribué à donner à notre pays l’image qu’il mérite, tant sur le plan national qu’au niveau international», a-t-il d’abord souligné. Le chef de l’Etat se dit attaché à tout processus qui contribuerait à apaiser la situation, consolider la démocratie, promouvoir l’Etat de droit et assurer la stabilité car, «c’est la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans notre pays, qui doit nous servir de guide, pour que l’Union des Comores devienne, un modèle de développement dans la région et dans le monde».
Le président Azali Assoumani a appelé les Comoriens «à accueillir tous les candidats dans leurs villes et villages, dans leurs quartiers et leurs places publiques, à les écouter, à privilégier le débat démocratique avec eux et à refuser les querelles et les polémiques inutiles». Pour lui, l’expression du peuple doit être garantie et respectée. «Que le meilleur gagne et que Dieu fasse triompher celui qui apportera le développement socioéconomique à notre pays et le bien-être aux Comoriennes et aux Comoriens, de l’Intérieur du pays et de la Diaspora», a-t-il conclu.