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Djae Ahamada Chanfi : «La question de Mayotte reste centrale»

Djae Ahamada Chanfi : «La question de Mayotte reste centrale»

Politique | -   Chamsoudine Said Mhadji

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Du 22 au 30 septembre prochains, les Comores prendront part à la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cinquante ans après l’adhésion du pays à l’Onu, Al-watwan a recueilli les avis de plusieurs acteurs politiques et de la société civile sur ce rendez-vous international.

 

Placée sous le thème «mieux ensemble : 80 ans et plus pour la paix, le développement et les droits humains», cette session revêt une importance particulière. Pour Djae Ahamada Chanfi, conseiller diplomatique du président, il s’agit d’«un moment hautement symbolique, voire stratégique, pour les Comores», car elle coïncide avec le cinquantenaire de l’indépendance et de l’adhésion du pays à l’Onu. Selon lui, cette tribune est «l’occasion d’affirmer la place des Comores dans le concert des Nations et de rappeler sa contribution au multilatéralisme». Il précise que le président Azali Assoumani «mettra en valeur le parcours du pays depuis 1975 et réaffirmera la vision nationale portée par le Plan Comores Émergent». Ce sommet constitue également «une opportunité pour renforcer les partenariats stratégiques avec les bailleurs de fonds».

Visa Balladur

Depuis 50 ans, la question de l’occupation illégale de Mayotte par la France demeure au cœur du discours comorien à l’Onu. «Le contentieux de Mayotte reste central et existentiel, particulièrement en cette année anniversaire», affirme Djae Ahamada Chanfi. Pour lui, le non-respect des résolutions onusiennes constitue «une anomalie historique et juridique». L’ancien ministre rappelle que la question de Mayotte est liée au respect des droits humains et à la sécurité régionale, citant le visa Balladur instauré en 1995, qui «empêche la libre circulation entre les quatre îles et provoque de nombreux drames en mer».


De son côté, le juriste Mohamed Rafsandjani, président du parti Ushe, partage ce constat. Il plaide pour «une diplomatie courageuse, basée sur la vérité mais aussi sur le pragmatisme», et suggère de saisir la Cour internationale de Justice pour un avis consultatif, à l’image de démarches entreprises par Maurice ou Madagascar. Il insiste aussi sur la nécessité de dépasser les slogans. «Oui, Mayotte est comorienne, mais il faut désormais une véritable stratégie multilatérale pour trouver une solution humaine et durable», pense-t-il.


Il y a aussi des organisations de la société civile qui appellent à remettre la question de Mayotte à l’ordre du jour de l’Assemblée générale avec débat et vote. Mohamed Monjoin, président du Comité Maore, regrette que «depuis 1995, la France, qui occupe illégalement une partie de notre territoire, n’a pas été condamnée». Selon lui, le retrait du dossier de l’agenda permanent de l’Onu est une erreur qu’il faut corriger.


Enfin, Moudjib Mohamed Said, président du mouvement des jeunes Ngo’shawo, espère que «le retour de Mayotte dans son giron naturel» sera défendu avec autant de vigueur que la paix en Palestine ou la fin de la guerre en Ukraine. Il souhaite que la célébration du 12 novembre 2025 marque «un tournant positif pour la population comorienne des quatre îles».

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