Les assaillants de l’ancien ministre ont d’abord affiché leur méfiance par rapport au véritable dessein des organisateurs de ces assises. “Nous sommes inquiets. Les comoriens doivent se demander d’où venait la constitution de 2001 et pourquoi veut-on des assises aujourd’hui ? Le Mouvement du 11 août a failli, jusqu’à présent l’on ne sait pas à quelle date seront tenues ces assises ni qui les feront”, s’est angoissé Mohamed Ahmed Salim, conseiller juridique du gouverneur de l’île.
Ces assises tracent la route à quelqu’un mais pas à la Nation. Elles sont centralisées aux M11 et au gouvernement, ignorant les exécutifs insulaires,
a ajouté de son côté Houssam Mouhidine, conseiller spécial du même gouverneur Salami. “Il s’est avéré d’ailleurs sur ce même plateau [lors d’un précédent débat, Ndlr] que le projet du M11 n’est pas le même que celui du gouvernement. Le M11 l’avait admis ici”, enfonce à son tour Saïd Hachim, citoyen.
“Je me réjouis déjà du fait que le camp anjouanais ait progressé : au début il ne voulait pas des assises, aujourd’hui il note des irrégularités et pose des conditions. Il en est par conséquent devenu favorable”, a rétorqué Jaffar. Poursuivant ce persiflage, il a suggéré à ses interlocuteurs de “ne pas, en pensant à ces assises, se limiter à la période qui part de 2001”.
Ensuite, tentant de repousser les attaques selon lesquelles il serait “favorable à la suppression de la tournante” et donc “pro Crc et pro Azali”, cet ancien membre fondateur du parti Juwa (qu’il a quitté lors des dernières élections du président et des gouverneurs), s’est ainsi défendu :
un Comorien qui se soucie de ce pays ne peut pas être contre la tournante. Mais tout autour du principe de cette rotation du pouvoir se greffent une multitude de choses à remodeler. Il est sur ce point regrettable que celui qui défend les assises soit automatiquement assimilé à un défenseur du pouvoir en place et qui se dresse contre les intérêts de Ndzuani.
Enfin, s’agissant de sa position par rapport à la tenue d’assises insulaires préalables aux assises nationales, voulue par le gouverneur Salami, elle est claire et pas non plus du goût du camp adverse. “Le M11a prévu une consultation nationale préparatoire. Pourquoi les exécutifs des îles ne mettent pas leurs idées dedans ? Ce projet est porté par un mouvement citoyen, cela me semble donc hors de propos que le pouvoir public insulaire s’y incruste”, a-t-il soutenu.
Ce débat, diffusé instantanément, avait aussi recueilli quelques interventions d’auditeurs. Interventions qui, à leur tour, ont permis de mesurer à quel degré l’opinion semble divisée sur les assises. “Azali doit faire ses assises à un autre moment, pas actuellement qu’il est président.” “Il ne faut surtout pas toucher à la tournante et l’on ne veut pas de troubles dans ce pays. Azali et Salami doivent s’arranger pour s’entendre.” “Salami a vidé l’autonomie des îles en 2009 quand il était député…” “Ce groupe ne veut pas des assises car il veut plus tard régner.”, a-t-on notamment entendu.