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Déclaration de l’ambassadrice de France sur Mayotte I Le comité Maoré pour un dialogue sous arbitrage international

Déclaration de l’ambassadrice de France sur Mayotte I Le comité Maoré pour un dialogue sous arbitrage international

Politique | -   Abdou Moustoifa

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En conférence de presse, l’ambassadrice de France, s’est réjouie que le gouvernement comorien ait retiré des instances internationales la question du différend territorial opposant Moroni et Paris sur l’île occupée de Mayotte. Le comité Maoré, lui, pense qu’il faut porter au contraire l’affaire dans les débats à l’Onu et inviter la participation d’une partie tierce dans la résolution du conflit.

 

L’ambassadrice de France aux Comores, dont la mission prend fin ce mois-ci a tenu une conférence de presse aux allures d’un bilan, mardi dans sa résidence sise à Vwadjuu. De nombreux sujets y ont été à l’ordre du jour notamment la question de l’île comorienne de Mayotte, source d’un différend, vieux de 46 ans entre les Comores et la France. Au cours de sa rencontre avec les journalistes, la diplomate Jacqueline Bassa-Mazzoni, en poste en Union des Comores depuis 2017 s’est félicitée que le gouvernement comorien ait renoncé de «recourir systématiquement aux institutions internationales pour dénoncer et mettre la France au pilori au profit des discussions bilatérales». Une démarche prônée par le président Azali Assoumani et réitérée dans son discours prononcé à l’occasion de la célébration du 6 juillet.

Impliquer l’Onu

Le chef de l’Etat estime que les négociations entre les deux pays étaient la meilleure issue permettant de parvenir à une solution.
Approché mercredi dernier suite aux propos tenus par l’ambassadrice, le comité Maoré est convaincu que la poursuite «d’un dialogue sans un arbitre n’est qu’une perte de temps qui profite à l’envahisseur» pour reprendre les mots de son président, Atick Youssouf. Pour pousser un peu plus son argumentaire, ce dernier ajoutera : «dans les instances internationales, on doit inviter une partie tierce, par exemple un pays indépendant pour conduire la médiation avant de poursuivre la politique du dialogue. Bien sûr en tenant compte des différentes résolutions onusiennes qui reconnaissent que les Comores sont composées de quatre îles».
Une position partagée par l’ancien ambassadeur Ahmed Thabit partage, lui aussi, ancien membre du Comité Maoré. «Sur la réintégration de l’île comorienne de Mayotte dans l’Union des Comores, si les autorités nationales persistent à avoir des discussions bilatérales avec la France sur le sujet, elles doivent impliquer dans toute discussion l’Ua et l’Onu», recommande l’ancien diplomate.


Celui qui fut membre de la délégation comorienne envoyée aux Nations Unies en 1977 a rappelé lors de notre entretien que c’est «l’Organisation de l’unité africaine devenue UA, qui a parrainé la première résolution du 21 octobre 1979, adoptée à l’Onu sur le statut de Mayotte».
Et ce après avoir pris acte, un an plutôt, de la déclaration d’indépendance, laquelle venait d’être arrachée. Pour Ahmed Thabit, la déclaration de l’ambassadrice ne relève pas du hasard. Il s’explique : «A chaque fois que l’on s’approche de l’Ag de l’Onu, la France use toujours de ses subterfuges moyens pour éviter que la question ne soit envoyée dans les débats. Elle promet toujours monts et merveilles et fait miroiter aux Comoriens des projets de développement». A en croire le diplomate, la question de l’île comorienne de Mayotte a toujours été à l’ordre provisoire. Mais les autorités comoriennes n’ont jamais poussé jusqu’en plénière, cela depuis 1996 jusqu’à aujourd’hui.

«Mayotte est comorienne»

Le président du comité Maoré sait qu’aucun comorien ne lâchera une partie de son territoire surtout quand les résolutions de l’Organisation des Nations unies (Onu) ont été claires là-dessus. «Mayotte est comorienne». Consideré comme un fervent défenseur du retour de Mayotte, Idriss Mohamed Chanfi n’a pas tardé à réagir via son blog. Pour lui, cette déclaration de l’ambassadrice est un «aveu» de la France car elle a horreur d’être mise au pilori dans les arènes internationales. «Cela souligne la pertinence de remettre à l’ordre du jour définitif de l’Onu la question de l’île comorienne de Mayotte car la bataille n’a jamais été menée de façon conséquente par les gouvernements successifs depuis 1996», fait observer Idriss Mohamed dans un texte publié en fin de journée du mercredi dernier. Ce même constat est partagé par l’ambassadeur Thabit.
«Quand nous étions à l’Onu, en 1977, en train de préparer une résolution, la France a dépêché des représentants pour nous dissuader d’aller jusqu’au bout car pour eux, ces condamnations resteraient dans les archives», se remémore notre interlocuteur. Il faut noter que dans le livre final des Assises nationales, les experts dans la partie consacrée à la question de Mayotte ont noté «l’échec des négociations bilatérales engagées à travers des structures» à l’instar du Groupe technique de haut niveau (Gthn) mis en place sous le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Actuellement on parle du Haut conseil paritaire (Hcp) entre les Comores et la France qui n’a toujours pas réussi à apporter quoique ce soit. «Des comités qui n’ont jamais abordé la question du statut de Mayotte», se désolet l’ambassadeur Thabit.

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