Les pays membres de l’Easf (Force en attente de l’Afrique de l’Est) ont bouclé leur troisième simulation d’opération de maintien de la paix au Kenya. L’exercice qui a démarré le 21 mars dernier a duré dix jours dont la moitié dédiée à des séances pratiques de terrain. La cérémonie de clôture a eu lieu hier jeudi 31 mars à Nairobi en présence du staff de l’Easf, des hauts responsables des services de l’institution et des partenaires internationaux. Les Comores étaient représentées par cinq personnes.
Baptisé «Mashariki Salaama III 2022 (littéralement, mission conjointe de maintien de la paix), le scenario, qui a été expérimenté dans la capitale kenyane, n’a rien à voir avec une guerre réelle mais permet toutefois à l’organisation régionale, via ses composantes (militaires, police, civile, Ong), de se faire une idée de l’architecture globale d’une mission de stabilisation dans un pays membre embrouillé dans des tensions sociales extrêmes ou de crises post-électorales.
L’And au cœur des exercices
Environ, 200 représentants ont participé à cette opération de commandement théorique dénommée «Command post exercise (Cpx)» destinée à mesurer les capacités d’intervention de l’Easf dans un pays membre en proie à une crise politique majeure. Sur les 10 pays membres de l’Easf, le Kenya est en tête parmi les pays ayant mobilisé un nombre important de participants à cet exercice Cpx 2022. Le pays abrite le secrétariat général de l’Easf et le siège du commandement opérationnel de l’organisation.
«C’est une étape importante vers l’atteinte des objectifs de l’Easf de se doter des capacités d’intervention propre pour mieux protéger ses pays membres en cas de crise», s’est félicité le directeur exécutif de l’Easf, Getachew Shiferaw Fayisa dans son mot de clôture de l’évènement en milieu de journée hier.
Il y a deux types d’exercices : un de terrain et un autre de commandement. L’exercice de simulation est toujours accompagné d’une mission de terrain dénommé Ftx (Field training exercise) qui consiste à mettre en pratique les connaissances théoriques. Le dernier Cpx remonte à 2017 au Soudan. Des militaires comoriens ont participé à de nombreux exercices conjoints. Des cadres de l’Armée nationale de développement (And) ont bénéficié de nombreuses formations et amélioré leurs capacités personnelles grâce à un partage de compétences.
Les responsables de l’Easf n’ont pas cessé de rappeler que «la région de l’Afrique de l’Est est l’une des régions d’Afrique confrontée à une myriade de défis complexes en matière de sécurité», citant notamment «le terrorisme, la pauvreté, les conflits transfrontaliers et les différends électoraux» et qu’il faudra, selon eux,, maintenir «une formation continue de ses forces, issues des trois composantes (militaire, policière et civile), sur la manière de répondre aux situations de conflits et aux autres menaces émergentes».
Dirigé conjointement par le Kenyan, le général de Brigade, Dixon Chivatsi, et le Comorien, le lieutenant-colonel Soilihi Abdallah Rafick, qui faisait office de coordinateur (photo ci-dessous), cet exercice se résumait à une opération de déploiement de troupes.
Soilihi Abdallah Rafick à la tête du commandement
Du mandat de l’opération, à la mobilisation du contingent, en passant par la logistique, la communication et l’implication des partenaires (Onu, Union africaine), l’Easf souhaitait théoriser un possible plan d’intervention, analyser les failles éventuelles au niveau du commandement et de la maîtrise de l’information dans la stratégie de stabilisation du pays en conflit.
Toutes les étapes de la mission de maintien de la paix ont été passées en revue, à chaque niveau d’activité. L’exercice ne consistait pas seulement à évaluer les besoins en hommes et en matériels. Les organisateurs souhaitaient surtout mesurer le degré d’appropriation des agents déployés et leurs capacités à faire respecter à la lettre les instructions du haut commandement intégré qui pourrait être mis en place en cas de conflit réel.
«Cet exercice de poste de commandement a donc pour but d’exercer le personnel de l’Easf et le personnel engagé par les États membres, qui sont en attente dans leurs pays respectifs, afin de tester leur capacité à planifier, commander, contrôler et exécuter des opérations complexes de soutien de la paix», a rappelé le directeur de l’Easf.
Les participants, organisés en cellules de crises et en sous-groupes de réflexion et de commandement, devraient ramener la paix dans un pays imaginaire appelé «Carana», situé quelque part entre le Golfe d’Aden et la zone Océan indien.
D’une brigade à une force spéciale
«On apprend comment travailler ensemble pour un déploiement d’une force de maintien de la paix. Les modalités de commandement des différentes composantes, les militaires et les policiers. On a travaillé aussi sur la communication, les relations avec les médias, les Ong et les autres partenaires», a souligné le commissaire de police Nassuf Kaissane qui travaillait dans l’unité «Investigation» de la composante Police. «Chacun devrait savoir son rôle pendant les opérations de maintien de la paix», a-t-il ajouté.
Il s’agit du troisième exercice du genre organisé par l’Easf depuis 2014. L’organisation a connu une évolution de statut depuis 2004, passant d’une brigade en 2007 (Easbricom) à une structure conjointe de mobilisation d’une force opérationnelle.
Les Comores ont officiellement intégré l’Easf en 2007 et avaient accueilli les ministres de la défense de l’Easf en 2010 avant d’assurer à nouveau la présidence de 2019 et 2020. L’Easf est l’une des quatre composantes de la Force africaine en attente (Faa) approuvée par l’Union africaine deux ans après sa création.
La Déclaration de Durban de juillet 2002 a recommandé la création d’une force continentale capable de promouvoir la paix.Les quatre principales régions du continent se mobilisent pour renforcer les capacités opérationnelles de leurs contingents avant une fusion pour donner naissance à une seule force de maintien de la paix à l’échelle africaine.
Cinq Comoriens ont pris part à l’exercice Le commissaire Abdillah Mohamed Soilihi a été désigné chef des opérations de l’unité «Police» de l’Easf dans cet exercice spécial. Le commissaire Nassuf Kaissane s’occupait de l’unité «Investigation». Tarbia Mohamed de la Sécurité civile a été incorporée dans la composante «Elections». Le but de l’exercice est de permettre aussi à l’Easf de disposer des outils et des mécanismes de règlements des conflits politiques et accompagner les pays en crise vers des élections sous la supervision et la sécurisation de la force régionale. Soifia Hassani, était dans l’unité «Medias» alors que M. Izdine était intégré dans l’unité «Logistique». Plus d’une trentaine de cadres comoriens (militaires et civils) ont été formés sur le Cpx et ses enjeux dans la sécurité régionale. |