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Editorial / Al-watwan est un espace de débat démocratique

Editorial / Al-watwan est un espace de débat démocratique

Politique | -   Ahmed Ali Amir

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Le pays s’engage dans un processus de réforme constitutionnelle. Ce journal a véhiculé un débat fécond sur le bien-fondé du transfert des compétences de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême. Il se refusera, par contre, d’enfermer le pays dans un éternel débat sur ses institutions. Les sujets sur l’économie, ses secteurs de croissance, le développement du secteur privé et l’accès au crédit mais aussi sur la santé et l’éducation, la retraite, le genre et l’environnement … vont continuer d’occuper une place de choix.

 

Les hommes politiques ne se rendent toujours pas compte de la portée des médias dans la formation de l’opinion publique et de sa contribution dans le débat démocratique. On ne peut pas, le 26 août 1789, proclamer dans l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, que “la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement” et croire qu’en 2018, c’est-à- dire 229 ans après, il est possible de contrôler et d’orienter l’information.

Il y a des débats qui ne reviennent plus de manière récurrente, sauf dans certains pays classés dans le camp des pré- dateurs de la liberté, parce que depuis le 29 juillet 1881, une loi sur la liberté de la presse (France) supprime “tout régime préventif, abandonne le délit d’opinion et interdit la censure”.

L’édition 2018 du Classement mondial de la liberté de la presse pointe du doigt “l’accroissement des sentiments haineux à l’encontre des journalistes”. Cette hostilité (Qu’on se le dise !) n’est encouragée que par des responsables politiques “ordinaires”, à la mentalité étriquée, rompus dans l’art de plaire à tous les régimes et qui considèrent le journaliste comme en empêcheur de tourner en rond.

Le code comorien de l’information du 27 juin 1994, révisé en 2010, proclame pourtant que les communications audiovisuelle et écrite “provoquent, par l’information, le débat et l’échange des idées indispensables au bon fonctionnement des institutions démocratiques”. Si l’Etat continue d’encadrer les médias, il le fait par l’entremise d’un organe de régulation qu’il protège des pressions politiques, dans un seul but, celui de “garantir l’égalité d’accès, le pluralisme de l’information, la neutralité de la presse dans le respect de la liberté d’opinion”.

Le Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa), prévu dans la loi est donc chargé “de garantir l’exercice des libertés de communications audiovisuelle et écrite” et a pour mission de “veiller à la libre concurrence” et “garantir l’expression des courants de pensée et d’opinion dans le respect du principe d’égalité de traitement”, y compris dans les médias de service public.

Éthique rigoureuse

La question de la transparence se pose ici avec acuité. L’on comprend aisément que le gouvernement juge parfois de la nécessité de préparer ses décisions ou d’agir dans les relations internationales avec une discrétion absolue, mais la démocratie exige, elle aussi, la lumière et la vérité sur toute résolution qui engage le pays ou qui implique la vie de ses citoyens.

Parce qu’avec l’intrusion brutale de l’Internet, la multiplication des radios communautaires, les barrières sont levées ou contournées, les forums de discussion et d’échanges se multiplient, de nouveaux espaces de débat s’ouvrent, y compris dans les places publiques, avec les risques aussi qu’une telle révolution engendre : rumeurs et contenus douteux.

Nous comprenons les critiques. Nous nous interdisons les approximations. Nous corrigeons tous les jours nos fautes. Parce que nous sommes conscients qu’une erreur commise risque de provoquer un enchaînement de faux jugements.

La défense de la liberté de la presse dans le code national, ce ne sont pas des mots alignés, des expressions empruntées, ce code fixe des règles pour permettre la confrontation des idées. Si tous les textes démocratiques universels consacrent une place importante à la liberté de la presse, c’est parce qu’il est admis que les médias peuvent constituer un moyen de contestation positive.

C’est pour cette raison que les médias sont soumis à une éthique rigoureuse, qui se résume à l’exactitude de l’information, le respect des faits et de la vie privée, la vérification et le recoupement des sources.

Le pays s’engage dans un processus de réforme constitutionnelle. Nous avons, contre vents et marées, permis dans ce journal un débat fécond sur le bienfondé du transfert des compétences de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême. Il en sera de même quand la campagne sera ouverte et quand le texte sera soumis à l’examen de l’opinion.

Il n’y a pas que les institutions

Nous refusons par contre d’enfermer ce pays dans un éternel débat sur ses institutions, les sujets sur l’économie, ses secteurs de croissance, le développement du secteur privé et l’accès au crédit mais aussi sur la santé et l’éducation, la retraite, le genre et l’environnement … vont continuer d’occuper une place de choix.

Alors permettre le débat dans ce média de service public ne relève ni d’un affront, ni de la provocation. Cette constance obéit à un principe que nous défendons chaque seconde de notre vie : la liberté de la presse. Transiger, c’est ouvrir la voie à toutes les dérives autoritaires, c’est aussi perdre à jamais notre âme de journaliste.

Ramadhwani Karim !

AAA

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www.cnpa.km; www. conseilconstitutionnel.fr, www.justice.ooreka.fr 
- Code de l’information ;
-Déclaration des droits de l’homme

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