C’est à guichet fermé, si on veut reprendre l’expression populaire des commentateurs sportifs parlant des stades archipleins, que la Cour suprême a investi Azali Assoumani président de l’Union des Comores, le cinquième de l’histoire politique de l’Union des Comores. La cérémonie d’intronisation devant plus de 20.000 personnes, si on croit aux chiffres de la gendarmerie nationale, vient parachever une longue marche vers une réforme approfondie de l’Etat.
L’organisation des Assises nationales, ce grand débat public qui avait réuni les Comoriens de tous bords et de toutes les îles constituera le point de départ de cette marche qui aboutira à la réforme de la Constitution entérinée par le référendum du 30 juillet 2018.
Pour mettre en œuvre ses réformes, le président Azali Assoumani n’hésitera pas à prendre le risque de mettre en jeu son mandat en l’écourtant. Il cherchera à obtenir, à nouveau, l’onction du peuple comorien. Les Comoriens lui accorderont le 24 mars 2019 face à 12 candidats qui se sont regroupés au tour d’une plateforme politique commune. Ainsi se ferme une page. Une autre s’ouvre. Le président aime répéter que la précédente constitution révisée était taillée pour des circonstances particulières, au moment où le pays était sur le point d’éclatement.
Les Comoriens espèrent bien en finir avec l’atmosphère empoisonnant des «guerres de compétences», les superstructures engloutissant l’essentiel du budget du pays, mais surtout le climat ambiant d’insularité qui menaçait l’existence même de l’Etat. La réforme de la constitution était nécessaire, l’assainissement des institutions était un passage obligé. Elu avec les trois gouverneurs avec qui, il avait formé le ticket gagnant, le président fraîchement intronisé semble disposer de tous les atouts pour réussir. Le ciel est plus que jamais dégagé pour le décollage de l’ «émergence à l’horizon 2030», cette vision chère au président de la République.
Si on voit la croissance repartir à la hausse pour atteindre 4%, si on observe que l’Etat se relance sur la voie de la réhabilitation et de la construction des infrastructures routières, hospitalières, portuaires et aéroportuaires, l’espoir est de mise, l’on commence à renifler les arômes de l’ère nouvelle.
Celle que le président prône à la veille de son investiture. Une nouvelle ère qui s’écrira au pluriel.
C’est ainsi que le chef de l’Etat tend à nouveau la main à tous les Comoriens « pour bâtir ensemble dans la dignité, un pays meilleur où il fait bon vivre et dont chaque comorienne, chaque comorien, de l’intérieur du pays comme de la diaspora sera fier ». Une autre main tendue à cette diaspora qui « mérite notre estime » et que le président reconnait son apport dans le développement du pays.
«Nous sommes capables de ce sursaut si nous croyons en nous-mêmes et si nous mettons en valeur les moyens et les potentialités formidables dont dispose notre pays, pour l’inscrire parmi les pays émergents à l’horizon 2030», martèle-t-il. L’histoire nous enseigne que les comoriens peuvent surpasser leurs différents pour un idéal commun à atteindre. Et qu’ils sont d’un grand esprit réformiste comme en témoigne ce maxime de Mbae Trambwe repris comme devise par l’Université des Comores : «Clamer que le chemin est long ne le raccourcit pas, le raccourci, c’est faire un pas en avant».
Dans une autre citation, Jean Monnet disait : «ce qui est important, ce n’est ni d’être optimiste, ni d’être pessimiste, mais être déterminé ». La détermination, vous l’avez. Bon vent M. le président !
Maoulida Mbaé