À l’aube des élections législatives et communales prévues pour janvier et février 2025, la Convention pour le renouveau des Comores (Crc), aborde cette échéance dans un contexte politique profondément remanié. Forte de fusions récentes avec plusieurs formations politiques, dont le Rassemblement pour une alternative de développement harmonieux et intégré (Radhi) et la Génération nouvel ensemble comorien rénové (Gnec-R), ainsi que de l’adhésion de mouvements tels que la Génération Aby et le Mouvement des républicains des Comores, la Crc se présente avec une nouvelle réalité officielle et formalisée.
Djaanfar Salim Allaoui, ancien ministre et fondateur du Gnec-Rénové, se dit confiant quant à l’avenir électoral du parti. «Aujourd’hui, le parti est plus que jamais prêt pour ce succès, notamment grâce à sa fusion avec d’autres formations et mouvements politiques importants», déclare-t-il.
Les différentes forces politiques
La récente intégration du Gnec-Rénové, qui a apporté plus de «2 000 nouveaux adhérents en seulement dix jours de mobilisation sur les trois îles de l’archipel, illustre cette dynamique d’union». L’ancien ministre des Sports estime que «comme l’ensemble des militants, ils attendent les directives des instances dirigeantes pour les prochaines échéances». «Nous œuvrons toutes et tous à maintenir la cohésion et la discipline au sein de notre parti», affirme-t-il. Ces adhésions massives «sont le résultat d’une stratégie d’élargissement menée avec succès par la Crc, visant à consolider sa majorité présidentielle », d’après toujours le patron de l’ex-Gnec-Rénové.
Cette fusion, à l’instar de celle opérée avec le Radhi, témoigne de la volonté du parti au pouvoir de rassembler les différentes forces politiques qui partagent sa vision pour le pays. Moussa Abdallah Moumine, cadre de la Crc et ancien responsable du parti Radhi, résume ainsi cette approche : «Peu importe anciens ou nouveaux, nous sommes actuellement tous de la Crc». Pour lui, « ensemble, nous allons choisir et soutenir les mêmes candidats ». «Permettez-moi de vous rappeler qu’on faisait la même chose lors des dernières échéances électorales en tant que partis de la mouvance présidentielle», remémore-t-il.
Un avis également partagé par Oumouri Mmadi Hassani, pour qui «il n’y a pas de fusion, ni d’alliance. Autour du président Azali, il n’y a que la Crc». Cette unité affichée s’appuie sur une coordination entre les anciens partis de la mouvance présidentielle, «permettant une coopération renforcée pour la sélection des candidats aux prochaines élections».
Une coalition «sous contrôle»
Les stratégies de désignation des candidats, au sein d’un parti désormais élargi, font l’objet d’une attention particulière. Selon une source anonyme et bien placée au sein de la Crc, «ce sont les coordinations régionales qui vont proposer trois candidats par région au secrétariat fédéral de l’île ». Ce dernier assurera ensuite la transmission des propositions au niveau national, où «un seul candidat sera finalement désigné par région».
Cette procédure, met également l’accent sur « l’inclusivité, en intégrant des critères tels que l’obligation d’avoir au moins 30% de femmes parmi les candidats » comme l’exige la loi. « Si le titulaire est un homme, sa suppléante devra être une femme, et vice versa », détaille-t-il. Une exigence qui «reflète les efforts du parti pour répondre aux attentes de parité, tout en maintenant une cohésion interne».
«L’assiduité des candidats dans les activités du parti sera également un facteur déterminant, bien que les nouveaux arrivants puissent être sélectionnés en fonction de leur parcours et de leur expérience politique. On ne va contester l’aura d’un M’saidié. Je parle de la personne de Msaidié, pas du parti Radhi », explique notre interlocuteur.
Houmed M’saidie, justement, assure, lui, que les choix qui vont être portés vont être «amalgamés».
Pour l’ancien membre fondateur du Radhi, il y aura un mélange de tous les acteurs qui composent la réalité actuelle du parti. Officiellement, la Crc entend démontrer sa capacité à gérer une coalition élargie tout en maintenant une «discipline de parti». Les instances dirigeantes s’attèlent «déjà à assurer une coordination efficace entre les différentes composantes, en misant sur l’expérience acquise lors des précédentes élections, où des alliances similaires avaient permis de maintenir la majorité présidentielle ».
Une autre source assure, de son côté, que « bien que le Radhi soit le seul parti d’envergure nationale à avoir fusionné avec la Crc, la multiplication des ralliements de mouvements insulaires et d’anciens membres de l’opposition témoigne de la capacité du parti à fédérer ». Le secrétaire général de la Crc, Youssoufa Mohamed Ali, avait initialement convenu d’un rendez-vous mardi dernier, mais celui-ci n’a finalement pas eu lieu malgré plusieurs relances restées lettres mortes.