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Enquête sur la citoyenneté économique : “Un manque de neutralité et d’indépendance sur certains dossiers”

Enquête sur la citoyenneté économique : “Un manque de neutralité et d’indépendance sur certains dossiers”

Politique | -   Mohamed Youssouf

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Après la pétition qui a atterri sur les réseaux sociaux, les parlementaires qui ont, dans le viseur, la commission d’enquête sur la citoyenneté économique, sont revenus à la charge lors d’un face à face avec la presse nationale. Une composition “qui n’a pas tenu compte de toutes les sensibilités parlementaires”, un manque de transparence et de neutralité, un financement qui fait grincer des dents, autant de mots employés pour étayer la volonté de changer les enquêteurs qui ne feraient tout simplement “pas le poids”.

 

Après le Comité de pilotage des assises nationales (Cpan), c’est autour de la commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur le programme dit de la citoyenneté économique d’être dans la tourmente. Elle est dans le viseur de douze députés signataires d’une pétition datée du  10 octobre dernier pour demander sa recomposition et sa restructuration.

Les détracteurs ont tenu une conférence de presse hier matin au Palais du peuple pour préciser davantage les raisons pour lesquelles ils ont déclaré la guerre à cette commission. Le peu qu’on peut affirmer, c’est qu’ils n’ont pas mâché leurs mots et ont tiré à boulets rouges.
Pour les conférenciers, la commission composée de cinq membres n’a jamais travaillé sur un dossier en étant au complet. Pire, le député Abdallah Tocha Djohar membre de la commission accuse ses compères “de dissimuler des informations”.

 

Les autres membres ne partagent aucune information avec moi, au contraire ils me tiennent à l’écart. L’humiliation de trop, c’est lorsque notre technicien par ailleurs député m’annonce que je ne peux détenir des données dans un souci de confidentialité. Pourtant  jusqu’à preuve du contraire, je fais partie comme lui de la commission. J’ai claqué la porte mais le vice-président Dhoihir Dhoulkamal et les députés de mon groupe m’ont convaincu de continuer.


Pour expliquer ce traitement, le député d’Itsandra sud n’hésite pas à affirmer que “certains membres de la commission défendent des dossiers en leur possession” en d’autres termes, “ils cherchent à minimiser l’implication de certains acteurs majeurs de ce programme”.  A l’en croire, la neutralité n’est plus de mise dans cette commission et “contrairement à ce que nous lisons ici et là, nous voulons que l’enquête continue pour faire la lumière sur les détournements de fonds dans le cadre de ce programme. Toutefois, nous demandons la restructuration de la commission parce qu’une fois le doute installé, tout le processus est entaché”.

“Résultats douteux”

Il précisera que pour les postes dans la commission, il n’a jamais pris part à un vote. “A mon arrivée dans la commission d’enquête, il y avait déjà un président et des postes attribués. Toutefois, je ne sais pas quand, où et par qui les votes ont été organisés” a-t-il dit. Pour le député Abdallah Ben Omar, le remplacement des membres de la commission est devenu inéluctable à mesure que l’enquête évolue.

 

On devrait avoir une commission sans parti pris et très indépendante mais à la place, nous avons une commission d’enquête qui envoie régulièrement ses rapports à la présidence. Une commission dont le président n’a pas hésité à annoncer que la présidence allait financer les travaux, remettant en cause, le principe de la séparation des pouvoirs. L’enquête est récupérée au même titre que les assises nationales par le gouvernement. On se rend compte que les enquêteurs ne font pas le poids devait-il argumenter.

 

Obligés de répondre aux rumeurs qui voudraient que les députés pétitionnaires tentent de protéger leurs leaders respectifs, Abdallah Tocha Djohar et Soulaimana Mohamed annoncent en chœur que tous “les coupables seront révélés” (sic)  y compris l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi, l’ancien vice-président Mohamed Ali Soilihi, le député Abou Achirafi si c’est le cas. Pour conclure, “la politique de la chaise vide n’a jamais porté ses fruits à l’Assemblée nationale” affirme Soulaimana Mohamed comme pour tordre le cou à ceux qui parlent de démission.


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