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Entretien avec Djae Ahamada Chanfi : «Azali Assoumani n’a pas engagé des réformes pour se maintenir au pouvoir mais pour le développement du pays»

Entretien avec Djae Ahamada Chanfi : «Azali Assoumani n’a pas engagé des réformes pour se maintenir au pouvoir mais pour le développement du pays»

Politique | -   Nassila Ben Ali

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Le conseiller diplomatique du chef de l’Etat a abordé dans un entretien avec Al-watwan, plusieurs questions d’ordre politique, économique et social, à savoir les réformes engagées par le chef de l’Etat, la conférence des partenaires au développement, le mandat du président qui s’achève en 2024, le cas des jeunes péris au large de la méditerranée. C’est ainsi qu’il appellera la jeunesse à rester travailler dans le pays, à monter leurs projets car le gouvernement travaille pour la mise en place des fonds d’accompagnement pour les jeunes.

 

Après, l’adresse à la Nation du chef de l’Etat prononcé mercredi à Dar Nour, à Ndzuani, le conseiller diplomatique du président s’est entretenu avec Al-watwan hier, pour éclairer certains points. Djae Ahamada Chanfi est revenu sur les réformes engagées par le président Azali Assoumani, depuis 2016, a accepté l’idée de la société civile, laquelle a appelé à faire le bilan de 42 ans d’indépendance, avant de faire quoique ce soit.
«Tout Etat a besoin de réformes, surtout le nôtre. Je rappelle que depuis 2008, le pays s’est engagé dans des réformes, notamment constitutionnelles, en 2010 la constitution a été également révisée et on a ajouté une année au mandat présidentiel, lors du régime du président Ikililou, les élus de la Nation ont également procédé à des amendements constitutionnels. En 2015, la société civile, à l’instar de feu Ali Bazi Salim, a appelé aux discussions, à faire le bilan des 42 ans d’indépendance avant de faire d’autres élections. Le président de l’époque a montré son indisponibilité à tenir ces discussions, pendant que son successeur, Azali Assoumani, s’est dit prêt à organiser ce grand rendez-vous», a souligné Djae Ahamada Chanfi.


Le conseiller diplomatique du chef de l’Etat a tenu à préciser qu’Azali Assoumani n’a pas engagé ces réformes pour prolonger son mandat, car s’il voulait prolonger son mandat, il allait laisser jusqu’à la fin de celui-ci pour entamer les réformes constitutionnelles. «Mais comme son objectif était de répondre à l’appel de la société civile, il a organisé les assises nationales (avec 1.500 participants au lieu de 900 personnes prévues), lesquelles ont abouti au référendum constitutionnel. Il a en outre remis son mandat en jeu. Puis organiser des élections présidentielles et des gouverneurs anticipées, avant les législatives et communales. Maintenant, on peut dire que les institutions sont au complet. C’est ainsi que le président s’est penché sur le développement économique avec sa vision de faire des Comores un pays émergent à l’horizon 2030», devait-il expliquer. Ainsi, l’on a mis en place l’idée d’organiser la conférence des partenaires au développement (Cpad), à Paris, avec le plan Comores émergentes (Pce) qui définit les différents projets (phares, structurants, entre autres) de développement.

Plan Comores émergentes

Djae Ahamada Chanfi a montré que les Comores sont tournées vers un cap de développement, contenu dans le plan Comores émergentes, avec les projets phares et structurantes. Par exemple, «l’agriculture est définie comme un secteur porteur du développement comorien. Notre jeunesse doit prendre conscience de l’importance de l’agriculture», a-t-il indiqué. «L’agriculture renferme plusieurs avantages comme d’autres domaines. Notre pays dispose de terrains fertiles, à l’instar de Mwali, le grenier du pays. Nous avons un potentiel touristique assez élevé, avec l’écotourisme de Ndzuani ou à Ngazidja avec le tourisme proprement dit. Si on n’encourage pas nos enfants, la jeunesse je veux dire, à faire de l’agriculture un outil de développement comme les autres ; si on ne met en place des fonds d’accompagnement ; si on ne maîtrise pas les cultures vivrières (bananes, maniocs, taros, maïs, entre autres), le développement des Comores sera toujours une utopie. Sachant que l’ambition du gouvernement pour les cultures de rente, est d’encourager la mise en place des structure de transformation locales, afin de créer des emplois», a souligné le conseiller diplomatique du président de la République.


Djae Ahamada Chanfi résume que le cap du gouvernement tourne vers l’agriculture, le tourisme, la santé, la protection de l’environnement puisque les Comores restent un tout petit pays vulnérable par son insularité. Pour notre interlocuteur, si ses facteurs ne sont pas pris en considération le pays sera voué à l’échec. «Le souci du chef de l’Etat est de léguer notre pays à des générations futures bien averties. Nous avons les capacités de le faire. C’est ainsi que nous appelons la population à investir les champs, à s’investir pour le tourisme. Le gouvernement travaille dans ce sens, pour la mise en place d’infrastructures de base, d’une desserte adéquate et directe, des hôtels appropriés», a-t-il rappelé.

Pas de 2021

Concernant 2021, le conseiller a, comme le président Azali Assoumani, montré que les détracteurs du pouvoir ne peuvent continuer à rêver. Pour Djae Ahamada Chanfi, l’opposition se perd, car on ne peut pas, selon lui, être candidat et dire après qu’il n’y a pas eu de vote. «Organiser des élections nécessite plusieurs parrainages, notamment celles de la communauté internationale, du gouvernement, des institutions comme la Ceni et de ses démembrements. Comment peut-on rêver à des élections de 2021, or qu’il n’y a aucune institution qui y travaille ? Avec quel budget ? Nos amis de l’opposition qui continuent à rêver qu’ils retournent au pays pour travailler pour le développement du pays contrairement à l’opposition constituée dans des salons à Paris. Qu’ils viennent reformer leurs partis et former une opposition constructive qui s’opposerait contre ce qui ne va pas, qui proposerait des idées et qui accompagnera ce qui serait utile au pays», a éclairé ce collaborateur du président.
L’ancien vice-président de l’Assemblée nationale a rappelé également que les députés ont amendé la constitution, on a ajouté une année, pas pour plaire à quelqu’un mais pour l’intérêt de l’Etat, pour permettre aux autorités de pouvoir procéder aux réformes souhaitées, permettre aux investisseurs d’accepter les projets gouvernementaux et s’installer dans le pays.


«Les Comoriens doivent comprendre, notamment ceux qui veulent briguer la magistrature suprême, qu’il s’agit d’une aubaine, d’une chance accordée aux futurs candidats à la présidentielle. Premièrement, il aura la chance, s’il veut, de souhaiter poursuivre son chantier avec un nouveau mandat. Deuxièment, le président doit être choisi par l’ensemble des Comoriens et non par une île. Il sera ainsi obligé d’avoir des électeurs à Ngazidja, Mwali, Ndzuani, Maore et dans la diaspora. Cela appelle aux formations politiques de s’implanter sur l’ensemble du territoire, il faut cultiver cet esprit d’unité du peuple et du territoire. Une option qui évite toute sorte de séparatisme et de communautarisme. Troisièmement, cette durée permettrait de ficeler des projets et de les concrétiser et d’assurer leur gestion, quel que soit le domaine», a-t-il largement avancé.

La France, une obsession psychologique

Pour la question des Comoriens qui ont récemment péris au large de la méditerranée, le conseiller du chef de l’Etat a tenu à présenter ses condoléances les plus attristées aux familles concernées. «C’est leur destin, ils ne pourraient pas y échapper comme l’on dit», a-t-il souligné. Cependant, Djae Ahamada Chanfi a insisté que cette question n’est pas à prendre à la légère, car il s’agit pour lui d’une question sociétale ou bien sociologique.
«Je sais qu’il y a beaucoup de jeunes qui ont quitté le pays pour la France, à travers les voies légales, ils sont restés là-bas et ne sont revenus au pays. Ils sont moins nombreux, ceux qui acceptent de retourner au pays. Cela veut dire que, psychologiquement parlant, pour le Comorien, surtout le Grand-Comorien, vivre en en France reste une obsession psychologique. Je tiens ainsi à dire que les solutions existent. Tout ce que j’ai cité au début pourrait contribuer à une vie meilleure. On peut dire que le gouvernement est responsable mais non coupable, car ce sont des personnes qui sont à l’étranger, ou des familles qui organisent tous ces voyages, au lieu de mettre en place des projets porteurs aux Comores, comme font les jeunes des autres îles. J’appelle ainsi les jeunes à prendre conscience, à savoir que le salut n’est pas uniquement dans la fonction publique mais qu’on peut réussir en montant sa propre entreprise, l’Etat a créé et va toujours créer les facilités nécessaires à l’auto-emploi», a-t-il insisté.

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