Le sommet annuel des chefs d’état et de gouvernement de l’Union africaine a pris fin, dimanche, à Addis-Abeba. Pendant deux jours, les délégations se sont penchées sur plusieurs sujets notamment l’accélération de la zone de libre-échange continentale africaine, défini comme thématique de l’année. L’assemblée a également examiné les décisions soumises par le Conseil exécutif. Mais cela n’a pas empêché de discuter d’un sujet sensible qui s’est encore invité pendant cette 36ème session ordinaire, notamment le statut d’observateur accordé à Israël, en 2022.
Une enquête interne
Le samedi, alors que la cérémonie d’ouverture a commencé, une scène a retenu un peu l’attention du public. Bien qu’elle disposait une accréditation, la directrice adjointe de la division Afrique du ministère israélien des Affaires étrangères, Sharon Bar- Lee et ses adjoints ont été reconduits en dehors de la salle. Cet incident diplomatique rappelle à quel point le rapprochement entre Israël et l’Ua, favorable à la solution de deux États, divise l’institution panafricaine.
Lors de la conférence de presse ayant suivi la clôture des travaux du sommet, le président de la commission de l’Union africaine a apporté des précisions. Moussa Faki a rappelé que depuis toujours, l’Ua reçoit des partenaires pour échanger des sujets en commun. «Ça peut être les États-Unis, la Chine ou un autre. Mais il n’a jamais été question d’influer sur les décisions du continent. Le cas du statut d’Israël, un comité d’États doit statuer et décider si on le garde ou pas. En tout cas la commission de l’Union africaine n’a invité aucun officiel israélien», a assuré, Moussa Faki, promettant une enquête interne pour déterminer les personnes qui ont délivré les accréditations à la délégation israélienne.
Tel-Aviv a, de son côté, accusé l’Algérie et l’Afrique de Sud d’être derrière cet acte. Des «pays pris motivés par la haine et contrôlés par l’Iran» d’après un communiqué publié quelques heures après l’incident par le ministère des Affaires étrangères de l’Etat hébreu. Selon le nouveau président de l’Union africaine, le sommet s’est également attardé sur les changements anticonstitutionnels opérés en Afrique. Actuellement, le Mali, le Burkina et la Guinée sont sous le coup de sanctions de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédeao).
Conférence en Lybie
L’Ua les a aussi suspendus jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel. Sauf que ces mécanismes s’avèrent moins efficaces a noté, Azali Assoumani. « Il nous revient de voir comment prévenir les coups d’État et en même temps faire en sorte que si malheureusement cela arrive, mais que ces sanctions ne pénalisent pas les populations qui deviennent à cet égard victimes deux fois», estime le dirigeant comorien devenu depuis samedi, le 21ème président de l’organisation continentale qui partage l’idée de sanctionner seulement les responsables des changements anticonstitutionnels et non le pays.
Dans sa déclaration à la presse, résumant le déroulé de la session ordinaire, le président en exercice s’est engagé à prioriser et soutenir tout au long de son mandat la concertation pour régler les conflits car sans la sécurité, la zone de libre échange africaine continentale (Zlecaf) trainera toujours. Toujours sur le volet des conflits armés qui menacent la paix du continent, une conférence de réconciliation sur la Libye a été annoncée. Le président de la commission de l’Union africaine n’a pas donné de date en revanche.
A l’Est de la République démocratique du Congo (Rdc), où des rebelles qui seraient soutenus par le Rwanda sévissent, les chefs d’Etat du continent sont favorables au maintien de la force déployée dans la zone. Moussa Faki Mahamat en a profité pour déplorer l’absence de soutien financier de la part du Conseil de sécurité des Nations Unies dans le financement des missions de maintien de paix. «Pourtant, ailleurs, en Syrie ou en Iraq, ils soutiennent et forment des coalitions. Nous, de notre côté, sommes obligés de lutter contre ces phénomènes par nos propres moyens rudimentaires», a illustré le tchadien.