Au deuxième forum qui réunit plus d’une quarantaine de pays (avec dix-sept chefs d’Etat) et le président russe, Vladimir Poutine, à Saint-Pétersbourg, l’Union africaine a plaidé, jeudi 27 juillet, en faveur de «partenariats équilibrés et sincères» entre l’Afrique et la Russie. Des rencontres bilatérales ont eu lieu avec le chef du Kremlin. Azali Assoumani n’a pas manqué de revenir sur l’accompagnement de l’ex-Urss dans la formation de cadres africains aux années 1980 et le soutien à de nombreux secteurs de développement.
Azali : «Les populations africaines d’abord»
A Saint-Pétersbourg, les bouleversements du monde, en Afrique en particulier, étaient dans le secret de conscience des dirigeants du continent et de leurs hôtes pendant les deux jours de ce deuxième forum économique et humanitaire. L’ombre de la guerre en Ukraine et le blocage des céréales ukrainiennes par la Russie, et le coup d’Etat perpétré au Niger, ont plané sur la grande séance plénière qui avait mobilisé, des chefs d’Etat, des diplomates, des experts dans des domaines divers et des chefs d’entreprises.
Revenant sur la nature de la coopération entre la fédération de Russie et le continent, le président de l’Union africaine a émis la volonté de poursuivre le partenariat scellé à Sotchi en 2019 à l’occasion du premier forum. «L’Afrique est disposée à raffermir sa coopération avec la Russie dans tous les secteurs, et plus particulièrement pour contribuer à assurer la paix et la stabilité. L’Union africaine, comme vous le savez, a pour mission principale, depuis sa création, de promouvoir la paix et la sécurité sur le continent», a-t-il soutenu. «Le monde multipolaire du 21ème siècle ne peut se renfermer sur soi, raison pour laquelle l’Afrique veut établir des partenariats toujours plus équilibrés et sincères, entre notre continent et le reste du monde», a dit le chef de l’Ua. «L’Afrique où vivront 3,8 milliards d’habitants à la fin de ce siècle, souhaite des partenariats mutuellement bénéfiques, avec des pays, mais aussi avec les grands bailleurs bi et multilatéraux».
Intégrer le G20
Azali Assoumani estime que les atouts naturels et humains de l’Afrique sont une chance pour fonder des relations gagnant-gagnant au profit des populations africaines et des partenaires extérieurs du continent. «Notre continent a les moyens de le faire, compte tenu de l’abondance et de la diversité de ses ressources humaines et naturelles incontestables, et du dynamisme de sa main d’œuvre qui est à la fois qualifiée et compétente… », devait-il renchérir.
«Dans ce schéma, il est évident à nos yeux que la Russie a toute sa place, pour se poser en tant que partenaire majeur, et nous sommes prêts à aborder avec elle toutes les grandes questions de coopération», a-t-il poursuivi, en insistant sur le fait que toutes les relations à construire doivent d’abord profiter aux populations africaines.
Il a défendu les opportunités d’investissement en Afrique dans les secteurs de l’agriculture, l’agro-industrie, la santé, l’éducation, les infrastructures, l’énergie. Il a fait part des défis énormes à relever dans les prochaines années mais aussi les préalables à obtenir pour permettre à l’Afrique de peser véritablement sur les échanges mondiaux : «ce deuxième sommet Russie-Afrique, nous offre une réelle opportunité de développer une meilleure compréhension de ce que nous devons faire ensemble, pour favoriser l’investissement, afin d’exploiter au mieux le potentiel énorme dont regorge l’Afrique, avec tout l’appui que la Russie peut nous apporter». Azali Assoumani a réitéré le besoin du continent d’intégrer le G20 à l’issue de la prochaine réunion de ce dernier prévue en septembre en Inde.
«Partenaire stratégique»
Au sujet de l’accord céréalier bloqué par la Russie dans les principaux ports ukrainiens, le patron de l’Union africaine a exhorté «les parties prenantes à trouver un terrain d’entente, pour permettre la reprise d’un fret sécurisé» des céréales et des engrais d’Ukraine et de Russie, vers l’Afrique, en insistant sur les risques d’un tel blocage et ses répercussions sur la sécurité alimentaire au niveau du continent. «La Russie est un partenaire stratégique pour l’Afrique avec une contribution significative dans la réduction de l’insécurité alimentaire. Elle apporte à notre continent, 30% de ses approvisionnements en céréales et la quasi-totalité de ces importations, 95%, est constituée de 11,9 millions de tonnes de blé, pour une valeur de 3,3 milliards de dollars», a dit Azali Assoumani.
Il a enfin condamné fermement le «coup de force» perpétré par l’armée au Niger contre le président Mohammed Bazoum et appelé à la «libération» du dirigeant séquestré ainsi qu’au retour à l’ordre constitutionnel. «Vous êtes au courant de ce qui s’est passé, nous condamnons fermement les évènements au Niger, et exigeons la libération immédiate du Président de la République du Niger et de sa famille», a déclaré le président de l’Union africaine.