Le président de la République a appelé la fédération de Russie et son président à contribuer encore davantage à l’émergence «d’un monde pluriel» et à aider à un retour du concept du multilatéralisme dans les forums internationaux. Azali Assoumani s’est exprimé hier, jeudi 24 octobre, à Sotchi à l’occasion du premier forum économique Russie-Afrique en présence d’une quarantaine de chefs d’Etat du continent.
Alors que Moscou s’apprête à faire un retour en force en Afrique avec l’éventualité de doubler ses échanges commerciaux estimés aujourd’hui à 20 milliards de dollars, les chefs d’Etat du continent y voient une opportunité pour sensibiliser le dirigeant russe sur le danger de la politique isolationniste des Etats-Unis accentué après l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et le repli de certaines puissances occidentales. De nombreux médias et observateurs y voient la percée de la Russie comme une occasion de casser le nombrilisme de certains dirigeants de la planète imbibé par le nationalisme rampant.
Les pays en développement, confrontés à des défis multiples, prônent un équilibre des rapports de forces internationaux et une prise en compte sérieuse des grands défis qui les tenaillent. Changements climatiques, pauvreté, baisse de l’aide publique au développement, les chefs d’Etat et de gouvernements africains sont plus que jamais convaincus que la Russie peut jouer un rôle majeur dans la réinvention des nouvelles relations internationales pour un monde tourné davantage vers plus de justice et de solidarité.
«Que l’on soit un grand ou petit pays, nous avons tous droit à la vie, une vie de dignité, de tolérance d’entraide et de partage pour nous et les générations futures», a mentionné Azali Assoumani. «L’Afrique, notre continent, pourtant riche en ressources, reste le continent qui paie le plus lourd tribut dans le lot des tragédies humanitaires et planétaires de notre époque», a-t-il rappelé dans son discours. «Sous-développement chronique, dérèglements climatiques qui poussent nos populations à l’exode vers les pays riches ou si elles y parviennent sains et saufs sont de plus en plus considérées comme les boucs émissaires de tous les maux», a-t-il fustigé, déplorant l’inaction et l’indifférence de certains «pour sauver notre maison commune».
Le président Azali Assoumani n’a pas caché sa satisfaction de constater l’engagement manifeste de la Russie et de son président à jouer les équilibres géopolitiques mondiaux, l’encourageant à y tenir bon. «Le rôle de notre pays hôte, la Russie, puissance mondiale incontestable, reste crucial dans le rétablissement du nécessaire équilibre», a-t-il reconnu, réitérant la volonté de l’Union des Comores à s’inscrire dans cette nouvelle dynamique tracée par la Russie. «En initiant le partenariat économique entre la Fédération de Russie et notre continent, à un niveau stratégique, nous relancerons un jour le multilatéralisme insignifiant aux adeptes de l’unilatéralisme que le monde étant pluriel, et les réponses au moins qui les rongent ne peuvent qu’être plurielles», a soutenu Azali Assoumani.
«C’est en additionnant la somme de nos contributions respectives en ressources et savoirs et connaissances, en expériences, en expertises, que nous dégagerons une vision commune de développement qui fera jaillir un nouvel ordre international à la place du désordre international qui caractérise notre monde», a encore souligné le chef de l’Etat, précisant que «c’est le prix à payer pour un monde de paix et de stabilité, épargné de l’intolérance et les extrémismes de tout bord». Il a félicité «le retour remarquable et l’engagement positif de la fédération de Russie dans la recherche des solutions justes et équitables en accompagnant le développement économique».
La Russie et l’Afrique ont scellé hier à Sotchi une alliance d’amour et d’amitié qui pourrait, à terme, «faire bouger les lignes de l’intolérance sanglante pour un monde plus équitable, juste et prospère», comme l’a souligné le chef de l’Etat. «Ce forum économique doit offrir à nos deux espaces l’opportunité de construire une relation de confiance, étape essentielle pour assoir une coopération dynamique et fructueuses entre la Russie et notre continent africain qui partagent des valeurs humaines et de progrès», a conclu Azali Assoumani qui a solennellement rappelé la tenue, du 2 au 3 décembre à Paris, de la Conférence des bailleurs censée permettre au pays de lever des fonds en faveur du développement socio-économique.
A.S.Kemba